Élève au collège jésuite anglais de Saint-Omer, La Place a été obligé, en sortant du collège, de se remettre à l'étude du français, qu'il avait complètement désappris. Ses premiers essais ayant été à peine remarqués, il s'avise d'envoyer la nouvelle de son décès à Paris où elle est insérée dans les Feuilles de l'abbé Desfontaines. Si le stratagème, une fois découvert, prête à rire aux dépens de l'auteur, le succès de scandale le tire aussi de son obscurité. La littérature anglaise étant alors à la mode, La Place s’est empressé d'exploiter ce genre où il a puisé le plus clair de son revenu[1]. Il sera notamment le premier traducteur, en 1750, de Tom Jones, le chef-d'œuvre de Henry Fielding et des œuvres de sa sœur, Sarah Fielding.
Ayant eu l’occasion de rendre un service à Madame de Pompadour, elle lui a fait obtenir le titre de Secrétaire de l’Académie d’Arras et le privilège du Mercure de France, en 1760, mais les souscriptions, sous sa direction, ont tellement diminué qu’il a dû se retirer vers 1767, en conservant, en consolation, une pension de 5 000 livres[1].
Si son travail de traduction est largement apprécié (il a également proposé une paraphrase du premier roman gothique de Clara Reeve, The Champion of virtue), il lui attire également quelques inimitiés, en particulier celle de Voltaire, qui n'apprécie ni Shakespeare (comme en témoignent ses Lettres philosophiques de 1734), ni le fait de perdre sa place d’unique expert shakespearien en France.
La Place a également traduit Oronoko en français en 1745, mais ce fut plus une adaptation qu’une traduction.
Selon La Harpe, qui a écrit sa vie, il était « grand hâbleur, mais obligeant, souple, actif, et de plus homme de plaisir et de bonne chère » ; il dit de lui-même dans son épitaphe que :
Sans fortune, en dépit du sort,
Il a joui jusqu’à la mort[1].
Il a écrit lui-même quelques pièces, qui n’ont cependant guère eu de succès. Il n’a fallu rien de moins que l'ordre formel du duc de Richelieu pour forcer les comédiens à représenter Adèle de Ponthieu. Il a écrit sous divers noms de plume, dont « Skunk » et « Skupk ». Ferdinand Höfer écrit qu’il était d’une famille obscure mais, par conformité de nom sans doute, il avait la prétention de descendre de Pierre de La Place, philosophe et premier président de la Cour des aides de Paris, assassiné à la Saint-Barthélemy[1].
↑ abcd et eFerdinand Höfer, Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, t. XL. Philoponus-Préval, Paris, Firmin-Didot frères, 37 vol. ; in-8° (lire en ligne), p. 394-5.