Pierre-Antoine Demachy (parfois orthographié De Machy[1]) est un artiste peintrefrançais, né le à Paris, où il est mort le .
Actif dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il s’est fait une spécialité des peintures de ruines, des décors architecturaux en trompe-l’œil et surtout des vues de Paris, où il donne libre cours à son audace.
Biographie
Pierre-Antoine Demachy est le fils d’Antoine Demachy, compagnon menuisier, et d’Anne Nau. En 1754, il fut l’élève de Giovanni Niccolo Servandoni, le plus grand scénographe de l’époque en France, d’origine italienne.
En 1755, il est agréé comme peintre d’architecture par l’Académie royale de peinture et de sculpture, et expose au Salon de 1757 à 1802. Il est reçu comme peintre d’architecture à l’Académie le avec Ruines d’architecture (Paris, musée du Louvre, sous le titre Un Temple en Ruine).
Demachy peint le décor en trompe-l’œil grandeur nature imitant l’architecture de la façade de l’église Sainte-Geneviève pour la pose de la première pierre par le roi Louis XV, le [2]. Cela lui vaut d’être nommé peintre d’architecture des décors de théâtre aux Menus-Plaisirs du roi.
En 1768, Catherine II passe commande de tableaux par l’intermédiaire de son ambassadeur à Paris, le prince Galitzine. Au début de l’année, Demachy a demandé qu’on lui paie les tableaux qu’il avait peints pour le Palais-Royal. En 1769, l’atelier du peintre Jean-François Amand, au palais du Louvre, lui étant attribué, il va y former des élèves. En 1777, le comte d’Angiviller se plaint dans une lettre à Jean-Baptiste Marie Pierre, directeur de l’Académie, que « les élèves de Monsieur Demachy, ainsi que ceux d’autres artistes, pollu[èr]ent ces corridors » du Louvre[réf. nécessaire]. À partir de 1776, son fils, Gilles-Pierre, est son élève. En 1775, à la mort de Drouais, il est élu conseiller à l’Académie.
Il peint le Saint Bruno faisant l'oraison[4] sculpté par Gois pour la chartreuse de Bourbon-lez-Gaillon dont l'achèvement est célébré , à l'issue de quatre ans de travaux menés sous la direction de Pierre-Louis Helin[5]. Il est l'auteur de nombreux tableaux sur les monuments de Paris, en particulier du palais du Louvre. En 1762, il a représenté le marché Saint-Germain au moment de son incendie. Ils sont l'occasion de montrer la vie quotidienne dans les rues parisiennes : on aperçoit des lavandières, le linge étendu le long des quais, les hommes et les vaches se rafraîchissent, les bateliers débardent. Il montre l'envol des aérostats des Tuileries en 1784.
À la demande de Jean-Baptiste Marie Pierre, directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, le comte d’Angiviller lui écrit en 1783 qu’il accorde « au sieur Machy, peintre célèbre de ruines et de fabriques, la somme de 500 livres »[réf. nécessaire]. Le premier versement de la pension est effectué en mai. En 1784, il loge au premier étage du palais du Louvre. Il a pour voisin M. Bernières, contrôleur général des ponts et chaussées, membre de plusieurs académies, qui avait mis au point plusieurs inventions. Pierre-François Berruer exécute un buste de Demachy en 1785. Le , Demachy écrit au surintendant des Bâtiments du roi pour solliciter le poste de professeur de perspective laissé vacant à la suite de la mort de Jacques-Sébastien Leclerc. Spécialiste reconnu dans ce domaine, le , Demachy fut nommé professeur de perspective à l’Académie de peinture, succédant à Leclerc. Il est confirmé à ce poste le , son successeur sera Pierre-Charles Dandrillon en 1807[6].
Avec Jean-Jacques Bachelier, le , il adresse un mémoire au comte d’Angiviller sur la conservation des tableaux du roi. Les Tablettes de renommée ou du vrai mérite et d’indications générales des artistes célèbres mentionnent les artistes qui sont logés par privilège royal au palais du Louvre : Brenet, Doyen, Renou, van Loo, Vien, Demachy, Huet, Hubert Robert… Ses tableaux ont laissé le témoignage de plusieurs événements de la Révolution. En 1792, avec d’autres artistes, il reçoit commande de tableaux « d’encouragement » pour lesquels il est payé 200 livres par l’Académie. Il est exposé le . En 1793 et 1794, il est nommé membre de commission ou scrutateur de la Commune générale des arts qui a remplacé l’Académie[7]. En 1794, il expose une esquisse représentant Le Brûlement des titres féodaux et des attributs de la tyrannie.
Son épouse, Louise Quest, meurt au Louvre en 1799. Son fils, Gilles-Pierre Demachy, meurt au Louvre chez son père en 1801. Le , Pierre-Antoine Demachy meurt à son domicile, no 48 quai de la Mégisserie, à 18 heures, suivant la déclaration faite le lendemain. Il est l’arrière-grand-oncle du banquier Charles-Adolphe Demachy (1818-1888), l’arrière arrière-grand-oncle du photographe Robert Demachy (1859-1936)[8] et le beau-père du général-comte Pierre-Augustin Hulin.
"Les ruines du vieux château de Clagny", à Versailles, par Pierre-Antoine Demachy, 1773 (65 x 79 cm). Tableau exposé au Salon du Louvre de 1775, sous le numéro 51. Collection particulière.
Versailles, musée Lambinet, Le témoin méconnu – Pierre-Antoine Demachy, du au . Catalogue sous la direction de François Roussel-Leriche et Marie Petkowska-Leroux.
Notes et références
↑Denis Diderot, Ruines et paysages III Salons de 1767, Paris, Hermann, coll. « Savoir lettres », , 561 p., p. 248-250
↑Aubin-Louis Millin de Grandmaison, Antiquités nationales ou Recueil de monumens pour servir à l'histoire générale et particulière de l'empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues…, M. F. Drouhin, 1790-1798, 507 p. (lire en ligne), p. 3
↑Frédéric Chappey, « Les Professeurs de l’École des Beaux-Arts (1794-1873) », Romantisme, no 93, 1996, p. 95-101.
↑Julien Faure-Conorton, Caractérisation, contextualisation et réception de la production photographique de Robert Demachy (1859-1936), Thèse de doctorat, EHESS, Paris, 2015.
Françoise Roussel-Leriche (dir.) et Marie Pętkowska Le Roux (dir.), Le Témoin méconnu : Pierre-Antoine Demachy, Versailles et Paris, Musée Lambinet et Magellan & Cie, , 216 p. (ISBN978-2-35074-280-9)