Paul Ladmirault est un compositeurfrançais, né à Nantes le et mort dans son ermitage de Kerbili à Camoël dans le Morbihan le . Militant breton, revendiquant l'autonomie culturelle de la Bretagne, il parle breton et prend part à des groupements culturels et artistiques.
Élève de Gabriel Fauré, cet enfant prodige s'est engagé de manière très active dans le mouvement culturel de sa Bretagne natale. Il a pour condisciples Maurice Ravel, Florent Schmitt ou Charles Koechlin. Modeste, peu enclin aux mondanités, il quitte Paris alors que sa notoriété lui promet une belle carrière. C'est donc à Nantes, sa ville natale, qu'il devient professeur au conservatoire en 1920. Ses œuvres sont imprégnées de la Bretagne et des pays celtiques, dont il aime les mélodies.
Biographie
Origine
Paul Ladmirault est le fils d'Émile Ladmirault, négociant et raffineur de sucre, et de Louise Bournichon. Dans son enfance, il apprend le piano, l'orgue et le violon. Dès l’âge de huit ans, il compose ses premières œuvres et à onze ans une sonate pour violon et piano. Élève de seconde au lycée Clemenceau de Nantes, il écrit à seize ans son premier opéra, Gilles de Rais, représenté en trois actes le à la salle des Beaux-Arts de Nantes[1].
En 1903, il donne une Suite bretonne en trois parties, puis Brocéliande au matin : ces deux œuvres sont extraites d'un second opéra, Myrdhin (1902-1909), qui n'a jamais été représenté.
Toute sa musique est empreinte de son attachement à la terre bretonne. On la retrouve dans les six numéros de sa Rhapsodie gaélique, dans la Brière, en Forêt et une Symphonie en quatre mouvements. Il écrit également la Jeunesse de Cervantès pour orchestre réduit, Valse triste et Épousailles pour orchestre et piano.
Le ballet La Prêtresse de Korydwen est créé à l'Opéra de Paris le . Il écrit, aussi, une musique de scène pour le Tristan et Iseut (exaltation de l’âme celte) de Joseph Bédier où il met le meilleur de lui-même.
Paul Ladmirault écrit peu d'œuvres à caractère religieux. On peut toutefois citer une Messe brève pour orgue et chœur, composée pour l'ordination de son propre fils Daniel Ladmirault, ainsi qu'un Tantum ergo pour voix, orgue et orchestre.
L'engagement constant pour la Bretagne
Jeune, il apprend le breton, ce qui lui permet d'être admis comme barde dans la Gorsedd de Bretagne, dans laquelle il prend le nom bardique d'Oriaf.
En 1912, avec Louis Aubert, il fonde l'association des compositeurs bretons, surnommée « Les Huit » ou « La Cohorte bretonne ». Les autres membres sont Guy Ropartz, Paul Le Flem, Charles-Augustin Collin, Maurice Duhamel, Paul Martineau et Louis Vuillemin.
Paul-André Bempéchat, dans son mémoire universitaire[2], montre que cette association est influencée par l'exemple des musiciens russes de la Nouvelle école russe qui souhaitaient une musique plus proche des mélodies et de la langue russe et « Les Huit » répondent, en quelque sorte, au « Groupe des Cinq » emmenés par César Cui[3].
L'association ne survit pas à la Première guerre mondiale.
Revenu en Bretagne - qu'il juge plus propice à la création - après la Première guerre mondiale, il est nommé en 1920 professeur de contrepoint et de fugue au conservatoire de Nantes. Il milite pour une autonomie culturelle de la Bretagne face au centralisme parisien et devient membre du Parti national breton. Il est l'un des premiers compositeurs membres du groupe artistique Seiz Breur, rapidement rejoint par Georges Arnoux puis par Paul Le Flem[1].
Il compose sur des thèmes celtiques, comme le ballet la Prêtresse de Korydwen, ou bretons, comme le poème symphonique qui illustre le film La Brière de Léon Poirier (1925), adapté du roman de son ancien condisciple au lycée Clemenceau, Alphonse de Châteaubriant. D'une atmosphère tout en douceur et en nuances, et ponctuellement plus brutale pour figurer les forges, ce poème décrit la vie âpre de ce pays de marécage. Il travaille aussi à la traduction de textes gallois anciens, comme le livre des Bardes[1]. Enfin il écrit des articles sur la musique dans divers périodiques.
En 1929, il fonde avec le professeur de pharmacie Édouard Guéguen, le Cercle Celtique de Nantes, un des plus anciens cercles de Bretagne. Il en dirige la chorale.
Sa fin aura été aussi discrète qu’aura été sa vie. Florent Schmitt disait de lui : « de tous les musiciens marquants de la génération qui monte, [il] est peut-être le plus doué, le plus original, mais aussi le plus modeste[4] ». II s'éteint en 1944 dans son manoir de Kerbili en Camoël (Pays nantais).
L'œuvre de Ladmirault fait explicitement référence à la Bretagne ou au légendaire celtique : Suite Bretonne (1903), Rapsodie Gaélique (1909), ses poèmes symphoniques Brocéliande au matin et La Brière, Tristan et Iseult (1929). Son second opéra Myrdhin (Merlin) sera représenté pour la première fois en .
Il écrit de la musique religieuse, pour orgue notamment.
Marqué par la Première Guerre mondiale, il fait évoluer son style, qui devient plus intérieur, voire mélancolique, même si sa musique est facilement accessible. Il compose ainsi une pièce enfantine, Mémoires d'un âne, contant l'histoire de l'âne savant Cadichon, inspirée d'une œuvre littéraire de la comtesse de Ségur. Souvent comparée au Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, cette pièce touche le cœur du public par sa simplicité et sa douceur[5].
Opéras et ballet
Gilles de Retz, opéra représenté à Nantes le ,
Myrdhin, la toute première représentation de cet opéra aura lieu à Nantes en .
La Prêtresse de Korydwen, ballet représenté à l'Opéra-Comique le [6],
Glycères, opérette (Paris, 1928).
Musique pour orchestre
une symphonie en ut en quatre mouvements (inédite),
La Brière, poème symphonique créé le au théâtre Mogador à Paris,
Joseph Bédier et Louis Artus, Tristan et Iseut, pièce en trois actes, un prologue et 8 tableaux ; musique de scène de Paul Ladmirault ; La Petite Illustration (no 434 - théâtre no 231), , 26pp (musique non notée) - Tristan et Iseut a été représenté à Paris pour la première fois le 19 mars 1929, sur la scène du théâtre Sarah-Bernhardt, puis à Nice, le , au Palais de la Méditerranée.
musique de scène pour Tristan et Iseult de Joseph Bédier & Louis Artus, Nantes, 1929.
Valse triste pour piano et orchestre, représentée salle Gaveau à Paris le ,
Paul-André Bempéchat, Allons, enfants de quelle patrie? : Breton nationalism and the French Impressionnist Aesthetic. Working papers Series #106. Cambridge (Mass.). Harvard University, Department of Celtic Languages and Literatures
Anne Bénesteau, Paul Ladmirault, l'homme et l'œuvre, mémoire de maîtrise. Université de Paris 4, 1977
René-Yves Creston, Jorj Robin skulter vrezon, e vuhez, e ober. Jorj Robin sculpteur breton, sa vie, son œuvre (préface de Paul Ladmirault) ; Unvaniez ar Seiz Breur, 1931 - plaquette commémorative éditée pour Keltia « Cahiers Interceltiques d'Art et de Littérature ».
Quelques chansons de Bretagne et de Vendée. A. Rouart - Paris. 2e recueil, Rouart, Lerolle et Cie Éditeurs - Paris,
Octave Séré (Jean Poueigh), Musiciens français d'aujourd'hui, Paris, 1922
Paul Landormy, La Musique française après Debussy, Paris, 1943,
Claude Debussy, Paul Emile Ladmirault. In : Gil Blas, 9 mars 1903.
Le lycée Clémenceau de Nantes. 200 ans d'histoire (collectif) ; Nantes, éd. Coiffard, 2008 (notice biographique, p. 415).
Marc Elder, Nantes. Salon d'automne, 5 et 6 novembre 1924 ; Nantes, Imprimerie armoricaine, (1924), [8]pp, ill. - contient une partition de Ladmirault intitulée La Brière
Le livre du Bardisme ou Abrégé du Barddas, Traduit par Paul Ladmirault, Éditions Chacornac, Paris, 1931. Ré-impression : Éditions Lire Canada/Éditions Saint-Jacques, Saint-André d'Acton/Montrouge, 1997. E-book disponible en ligne aux éditions L'arbre d'Or.