Le , Gadenne prononce son Discours de Gap au lycée de Gap où il était enseignant. Après avoir constaté que « la plupart des hommes ne supportent ni l'immobilité ni l'attente », il y déplore l'incapacité de l'homme moderne à échapper au tourbillon d'activité caractéristique selon lui de la société moderne, et qui ôte à l'homme son aptitude à réfléchir sur soi, à recréer le monde qu'il reçoit et à bâtir sa propre vie de manière spontanée ; il critique aussi le rôle nouveau pris par la foule et par la rue dans la vie de l'homme moderne, son discours se concluant par ces mots : « Car la vie, mes chers amis, cela ne se ramasse pas sur le pavé. »
Son premier roman, Siloé (1941), est en partie autobiographique et traite de ses séjours en sanatorium et de la réflexion qu’ils lui inspirent. Puis il tente de saisir, dans La Rue profonde (1948) et L'Avenue (1949), le mystère de la création artistique à travers un personnage de poète. La rencontre, la séparation et la culpabilité, dans le contexte de la guerre et de la collaboration, sont des thèmes également très importants et récurrents dans son œuvre ; La Plage de Scheveningen (1952) en fournit une parfaite illustration. Ce livre est l’un des plus réussis de Gadenne, avec Les Hauts-Quartiers, œuvre posthume publiée seulement en 1973, et qui a grandement contribué à sa reconnaissance. Ce dernier récit est écrit dans un style proche de Siloé, même s’il en constitue une parfaite antithèse. En effet, si Siloé relate l’éveil d’une conscience à la vie, dans Les Hauts-Quartiers est décrit cette fois un lent acheminement, dans l’enfer de la ville, vers les ténèbres, et une perte de soi à laquelle l’on ne peut échapper que par la médiation de l’écriture, qui permet d’atteindre un au-delà de la littérature qui est la vie même. Gadenne a écrit des nouvelles, désormais rassemblées sous le titre de Scènes dans le château (posthume, 1986), un recueil de Poèmes posthumes, et des réflexions sur l’art d’écrire et le métier de romancier : À propos du roman.
La maladie l'emporte après une longue agonie à l'âge de 49 ans.
Sa réclusion le pousse à la réflexion puis à l’écriture. Son œuvre a un remarquable pouvoir de suggestion. Gadenne parvient en effet à créer une atmosphère lourde, tout en utilisant des moyens narratifs très simples, où s’expriment la solitude de l’Homme et la difficulté même de son existence.