Paul Chater (en arménien : Փոլ Չաթեր, en chinois : 遮打, - ) est un homme d'affaires britannique d'origine arménienne ayant vécu à Hong Kong la majeure partie de sa vie. Ses racines familiales sont à Calcutta.
Il fait construire Marble Hall, une grande demeure en marbre européen, et sa collection de porcelaines fines et de peintures et gravures est aujourd'hui le cœur du musée d'art de Hong Kong.
Biographie
Jeunesse
Chater est né sous le nom de Khachik Pogose Astwachatoor[1],[2] (Խաչիկ Պողոս Աստվածատրյան) à Calcutta en Inde britannique. Il est l'un des treize enfants d'un couple d'Arméniens nommés Miriam et Chater Paul Chater. Ce-dernier est membre de l'Indian Civil Service.
Chater devient orphelin à l'âge de sept ans et obtient une bourse pour entrer à l'école La Martinière de Calcutta. En 1864[3], il émigre à Hong Kong où il vit avec la famille de sa sœur Anna et le mari de celle-ci, l'Arménien Jordan Paul Jordan[4].
Carrière
À ses débuts à Hong Kong, il est assistant à la Banque de l'Hindoustan, de Chine et du Japon. Plus tard, avec l'aide de la famille Sassoon, il s'installe comme courtier en bourse, démissionne de la banque et échange des lingots d'or et des terres pour son propre compte[4]. Il effectue des sondages à main la nuit à bord d'un sampan et joue ainsi un rôle déterminant dans la planification de la création de terre-pleins dans Victoria Harbour[4]. Il tient également un rôle central dans le succès du gouvernement colonial dans l'acquisition de terres appartenant jusqu'alors à l'armée, pour un coût de deux millions de livres sterling[3].
En 1868, lui et Hormusjee Naorojee Mody fondent la société de courtage Chater & Mody, un partenariat commercial qui connaît un grand succès à Hong Kong, bien que la Hong Kong Milling Company (plus connue sous le nom de Rennie's Mill(en)) fait faillite en 1908, ce qui entraîne le suicide d'Albert Rennie[4].
En mai 1923, Chater, alors trésorier de l'université de Hong Kong, fait un don de 250 000 HK$ à l'établissement à un moment critique de son histoire et permettant sa survie[14],:69.
En 1924/25, il effectue le plus gros don à une institution ou à une organisation de son vivant, donnant 1,1 million de roupies à son alma mater, l'école La Martinière de Calcutta alors en difficulté, lui permettant ainsi d'éviter une fermeture certaine. Pour honorer sa contribution à l'école, le nom de Paul Chater est inclus dans la prière de l'établissement[15].
Postérité
Chater meurt en 1926 et lègue Marble Hall et tout son contenu, y compris sa collection unique de porcelaine et de peintures, à la ville de Hong Kong. Le reste de sa succession va à l'Église arménienne de Nazareth à Calcutta, qui gère une maison pour personnes âgées arméniennes, appelée Résidence Sir Catchick Paul Chater[4]. Il est inhumé au cimetière de Hong Kong.
La femme de Chater vit à Marble Hall comme locataire à vie jusqu'à sa mort en 1935[12],[16]. La propriété passe ensuite au gouvernement et est renommée « Maison de l'Amirauté ». Elle sert de résidence officielle du commandant en chef de la marine avant d'être réquisitionnée par les Japonais pendant leur occupation. La demeure est victime d'un incendie accidentel en 1946 et des bâtiments gouvernementaux occupent le site après sa démolition en 1953. Les résidences du gouvernement nommées « Chater Hall Flats » sont aujourd'hui situées sur le site de Marble Hall[12].
Chater a amassé une grande collection de peinture et de gravures historiques relatives à la Chine qu'il a offertes à la colonie. La collection Chater fait l'objet d'un travail de son conservateur, James Orange, en 1924, date à laquelle la collection compte 430 pièces. Son épine dorsale est la collection Wyndham Law du Service des douanes maritimes chinois qui comprend des peintures à l'huile, des aquarelles, des croquis, des gravures et des photographies, dont la plupart montrent des scènes de paysage des ports de traités de la Chine méridionale aux XVIIIe et XIXe siècles, et des activités britanniques en Chine[3]. La collection est dispersée et en grande partie détruite pendant l'occupation japonaise, et seules 94 pièces (qui forment maintenant une partie importante de la collection du musée d'art de Hong Kong) sont connues pour avoir survécu[17].
Le neveu de Chater (le fils de son sœur Anna) Gregory Paul Jordan(en) joue un rôle déterminant dans le développement des services médicaux et de l'éducation à Hong Kong et dans la fondation de l'université de Hong Kong dont il est le deuxième vice-chancelier[14],:64.
En 2017, à l'occasion du 171e anniversaire de Paul Chater, un buste de Paul Chater est installé à l'école La Martinière de Calcutta[18].
Plusieurs lieux de Hong Kong portent également son nom :
↑Wiltshire, Trea. [First published 1987] (republished & reduced 2003). Old Hong Kong – Volume Two. Central, Hong Kong: Text Form Asia books Ltd. Page 11. ISBN Volume One 962-7283-60-6
↑Coates, Austin China Races, Oxford University Press (China) (2 February 1984) pp133-140
↑(en) « The Coronation Honours », The Times, Londres, no 36804,
↑D'après sa pierre tombale, Dame Maria Christine Chater est née le 6 mai 1879 et décédée le 11 mars 1935 ; mais selon son acte de naissance, elle est née le 6 mai 1874 à Granberga, Heby en Suède.