Le Panjagān était soit une arme à projectile, soit une technique de tir à l'arc utilisée par l'armée sassanide, par laquelle une volée de cinq flèches était tirée[1]. Aucun exemplaire de ce dispositif n'a survécu, mais il est évoqué par des auteurs islamiques ultérieurs[2], en particulier dans leur description de la conquête perse du Yémen, où l'emploi du panjagān, inconnu des adversaires, aurait été le facteur décisif de la victoire perse.
Nom
Le nom de panjagān (qui signifie « quintuple » en moyen persan[3]) a été reconstruit à partir de ses formes arabisées enregistrées par les auteurs islamiques Al-Tabari (بنجكان : banjakān, فنجقان : fanjaqān), Al-Jahiz et Al-Maqdisi (فنرجان: fanrajān)[1]. Le mot banjakiyya (بنجكية, « une volée de cinq flèches »), mentionnée par Al-Jawaliqi, est de même origine[3].
Histoire
Al-Tabari rapporte l'utilisation du panjagān par l'armée sassanide lors de sa campagne du Yémen(en) contre les Aksoumites d'Éthiopie, notant que ces derniers ne l'avaient jamais rencontré auparavant[4]. L'auteur y fait également allusion dans sa description de l'assaut des asāwira perses (descendants de la cavalerie lourde aswārān sassanide) qui tua Mas'ud ibn Amr, le gouverneur de Bassora, en 684 après JC, lors de la deuxième guerre civile islamique. Alors que l'avancée de la cavalerie asāwira, forte de 400 hommes, était stoppée par des lanciers aux portes de Bassora, le commandant perse Māh-Afrīdūn ordonna à ses hommes de tirer avec des « fanjaqān », ce qui leur permit de décocher « 2 000 flèches d'un coup », forçant les lanciers ennemis à battre en retraite[5],[6],[7].
Analyse
A. Siddiqi avance que le panjagān pouvait désigner une flèche à cinq pointes/cinq barbelés, mais l'historien C. E. Bosworth considère cette interprétation comme étant peu probable[3]. Bosworth suggère que le terme se réfère à une technique militaire de tir rapide de cinq flèches successives. Cependant, l'analyse de la terminologie militaire moyen-perse par Ahmad Tafazzoli suggère qu'il s'agissait en fait d'une arme, probablement un type d'arbalète[1].
Selon l'historien Kaveh Farrokh(en), l'utilisation du panjagān permettait à l'archer de tirer avec plus de vitesse, de volume et de concentration, créant ainsi une « zone mortelle »[2] dans la zone de retombée des flèches. Cette technique a peut-être été développée dans le cadre des guerres contre les Göktürks et les Hephtalites(en), deux peuples connus pour leurs cavaliers agiles[8].
Mad minute, un exercice militaire britannique d'avant la Première Guerre mondiale pour le tir et le rechargement rapides
Références
↑ ab et c(en) Kaveh Farrokh, Katarzyna Maksymiuk et Javier Sanchez Garcia, The Siege of Amida (359 CE), Archeobooks, , 44–45 p. (ISBN978-83-7051-887-5)
↑ ab et c(en) Al-Tabari et C. E. Bosworth, The History of al-Tabari Vol. 5: The Sasanids, the Byzantines, the Lakhmids, and Yemen, SUNY Press, (ISBN978-0-7914-9722-7, lire en ligne), p. 247, footnote 600
↑(fa) Mohammad Mohammadi-Malayeri, تاریخ و فرهنگ ایران در دوران انتقال از عصر ساسانی به عصر اسلامی, vol. 5, Tehrān, Tūs, , 369–370 p. (lire en ligne)
↑(en) Muhammad ibn Yarir al- Tabari, The History of al-Tabari Vol. 20: The Collapse of Sufyanid Authority and the Coming of the Marwanids: The Caliphates of Mu'awiyah II and Marwan I and the Beginning of The Caliphate of 'Abd al-Malik A.D. 683-685/A.H. 64-66, SUNY Press, (ISBN978-0-88706-855-3, lire en ligne), p. 32
↑al-Tabari, G. R. Hawting (1989), The History of al-Tabari, vol. XX, State University of New York Press, Albany, (ISBN0-88706-855-3), p. 32: Ils avancèrent et lorsqu'ils atteignirent les ouvertures des
rues, ils s'arrêtèrent. Mãh Afrīdhũn leur dit en persan :
"Qu'est-ce qui se passe, ô bande de jeunes ?" Ils répondirent : "Ils
nous ont attaqués avec la pointe de leurs lances." Il leur dit
en persan : "Frappez-les avec le fanjaqān" (c'est-à-dire en persan
pour "cinq flèches d'un coup"). Il y avait quatre cents
Asawirah et ils les frappèrent de 2 000 flèches d'un seul coup
de rafale, de sorte qu'ils se retirèrent des portes des ruelles et prirent
position près des portes de la mosquée. Les Tamīmiyyah
avancèrent lentement vers eux, mais lorsqu'ils atteignirent les
portes, ils s'arrêtèrent. Mãh Afrīdhũn leur demanda : "Qu'est-ce qui se passe ?" Ils répondirent : "Ils ont pointé la pointe de leurs
lances vers nous." Il répondit : « Tirez sur eux aussi ! » Ils tirèrent alors
2000 flèches sur eux et les repoussèrent hors des portes
de sorte qu'ils entrèrent dans la mosquée et avancèrent. [traduction ad hoc pour la Wikipédia francophone.]