Oued Athmania est une commune de la wilaya de Mila en Algérie. En 2008, elle comptait 48 688 habitants dont 22 988 d'entre-eux vivant intra-muros. La ville est située à mi-chemin entre Mila et Constantine et est arrosée par l'oued du même nom.
Abritant les bains antiques de Pompeianus, le site thermal était un important point de passage pour les Romains. Petite bourgade fondée à l'époque coloniale, elle était un centre notable de la région, notamment desservie par sa gare reliée à Constantine. Depuis le XXe siècle, Oued Athmania abrite un important barrage hydraulique alimentant en eau les communes aux alentours.
La commune est arrosée par l'oued Rhummel ainsi que deux affluents principaux, l'oued Athmania et l'oued Bouykour. Elle compte deux barrages fluviaux : le barrage de Hammam-Grouz en aval de l'oued Rhummel d'une capacité de 45 millions de m3 et le barrage-réservoir de Bled Youcef d'une capacité de 33 millions de m3 alimenté par le barrage de Beni Haroun grâce à un tunnel de montagne de 6 km[2].
Le territoire de la commune est essentiellement rural. Les deux principales aires urbaines sont celles du chef-lieu, Oued Athmania, et de Djebel Aougeb.
Historiquement, Oued Athmania s'est développée autour de l'ancienne Route Nationale, qui correspond aujourd'hui en partie à la Route nationale 5A (N5A). Depuis la fin du XXe siècle, la ville s'étend essentiellement vers le nord-ouest.
Lieux-dits, quartiers et hameaux
En plus de l'agglomération d'Oued Athmania (22 988 habitants en 2008), la commune compte quatre autres agglomérations secondaires : Djebel Aougueb, qui était une commune autonome avant sa fusion avec Oued Athmania en 1963, Bled Youcef, Ouled Kassah et Boumalek.
Toponymie
Historique des appellations
Les appellations du lieu au cours des siècles précédents sont nombreuses et variées.
Durant la conquête de l'Algérie par la France, concernant les années 1830 à 1850, plusieurs toponymes semblables ou associés au nom de la ville actuelle sont attestés par la cartographie française :
Oued el Eutmania et Oued bou Erkour (ancienne appellation de l'oued Bouykour) en 1853[8].
Antérieurement à l'instauration de la commune, excepté les noms déjà cités ci-dessus, on observe dans les ouvrages l'utilisation de l'Atmânïa[14] ou encore Oued Atmania[15].
Depuis que le village est devenu une commune, celui-ci porte le nom officiel de Oued-Athménia, mais des variantes coexistent telles que Oued Athménia, Oued Athmenia ou, archaïquement, Oued Atménia. Parfois, avant les années 1910, un déterminant précède le nom de la commune (l'Oued Athménia par exemple).
À l'indépendance de l'Algérie, le nom est modifié au profit de Oued Athmania. Toutefois la variante Oued Athmenia est encore utilisée.
Étymologie
Oued Athmania signifie littéralement en arabe « vallée (ou rivière) ottomane ». Cependant, étymologiquement, l'origine du mot proviendrait du nom latin Turres Ameniae, ancienne localité romaine située à proximité de la ville actuelle. Turres signifie « tours », on peut y voir une référence aux bains de Pompeianus, où des tours entouraient une villa romaine. Quant au mot Ameniae, il proviendrait de Aman signifiant « eau » en berbère[16], probablement en lien avec les sources thermales présentes sur le site depuis l'Antiquité.
Histoire
Les bains de Pompeianus
Le site abrite les ruines des bains romains de Pompeianus (Balneum Pompeianum en latin), situé à quelques kilomètres à l'ouest du chef-lieu. Découvert en 1872[17], l'ouvrage est classé monument historique en 1889[18], puis figure en tant que monument classé par le Ministère de la Culture algérien depuis 1968. Les derniers bâtiments ont été érigés sous le Bas-Empire.
Le domaine est celui d'une villa fortifiée, flanquée de plusieurs tours. Elle est composée de bains, jardins et de plusieurs habitations. L'édifice s'apparente ainsi à un château, en plus d'être un lieu de loisirs.
Les bains avaient une architecture unique contenant, entre autres, des mosaïques dessinées[17]. De larges et luxueuses écuries de course et des mangeoires pour les Barbe y sont représentés, les équidés disposent chacun d'un espace individuel. Cela démontre l'importance du cheval pour les populations locales de l'Antiquité[19],[20].
D'un lieu de passage à une ville
Au XIXe siècle, la tribu chaouie des Abd-en-Nour peuple une zone s'étendant d'Oued Athmania à Sétif[21],[22]. D'un point du vue économique et commercial, l'Athmania est à la fin de la période ottomane, concernant la région du Tell, le principal marché de l'est algérien, par le biais de sa foire annuelle[14].
Dans les années 1840, la région est sujette à une politique de colonisation européenne[23]. C'est à cette période que le village est fondé sur l'emplacement d'un ancien caravansérail[21].
Le 18 septembre 1862, un violent orage provoque de fortes inondations. Les dégâts sont importants, de nombreuses tentes et gourbis ainsi que plusieurs ponts sont détruits, le caravansérail est touché et le nombre de morts s'élèverait à une centaine[22].
Oued-Athménia devient une commune de plein exercice le [24]. Le village se dote progressivement d'infrastructures notables. En 1896[25], dans le cadre de politiques de santé, un hôpital communal est construit, il s'agit de l'un des neuf hôpitaux coloniaux dont dispose le département de Constantine au début du XXe siècle ; trois autres hôpitaux coloniaux étant en construction, portant le nombre à douze à la veille de la Seconde Guerre mondiale[26]. Un projet de barrage est même envisagé en 1907[27]. Le 1er septembre 1931, la ligne de chemin de fer Constantine – Oued-Athménia est inaugurée. Une justice de paix dépendante du tribunal civil de Constantine siège également dans la commune[28].
Démographie
Évolution démographique
Évolution démographique (élargissement territorial depuis 1963)
1867
1884
1892
1896
1897
1902
1906
1921
1977
1 314
5 326
6 358
6 343
6 338
5 916
7 533
7 637
21 500
Évolution démographique (élargissement territorial depuis 1963), suite (1)
L'économie de la ville est centrée sur son important barrage hydraulique, le barrage de Hammam-Grouz[39], qui dessert en eau tout le sud de la wilaya[40] et permet une croissance rapide des entreprises des secteurs de l'agro-alimentaire et de l'agriculture. L’agglomération de Bled Youssef détient aussi son propre barrage.
Ainsi, le secteur de l'agro-alimentaire de la commune, connue pour la qualité de ses viandes, dessert le marché national algérien ; la wilaya de Mila est d'ailleurs la première productrice nationale dans le domaine de l'aviculture en 2017[41]. Le bassin laitier de la municipalité (s’étendant jusqu'à Chelghoum Laïd et Tadjenanet), d'où provient plus de la moitié du lait récolté dans la wilaya (21 sur 39 millions de litres durant la saison 2015-2016) est l'un des plus importants du pays ; la laiterie Grouz, acteur majeur du bassin, produit plus d'un million de litre de lait par mois[42] et couvre l'essentiel des besoins de la région en lait en sachet (de l'ordre de 63 % en 2014)[43].
Société et services publics
Hammams
De nombreux hammams sont présents dans la ville. Elle contient d'ailleurs l'une des quatre-vingt-dix sources thermales répertoriées en Algérie[44].
Sports
La ville accueille plusieurs clubs sportifs dans des disciplines diverses : un club de football amateur, l'Union sportive Oued Athmenia (USOA) ; deux clubs de handball : le Chabab Riadhi Oued Athmania (CROA) et le Wifak Oued Athmania (WOA) ; et un club de volley-ball, le NR Oued Athmania (NROA).
Transports
La commune est desservie par l'autoroute Est-Ouest A1 qui passe au sud avec une sortie à 2 km du centre-ville et la RN5 qui passe au nord.
↑ a et bProsper Mauroy, Du commerce des peuples de l'Afrique septentrionale dans l'antiquité, le moyen âge et les temps modernes, comparé au commerce des Arabes de nos jours : ouvrage faisant suite à la "Question d'Alger en 1844", Paris, Comptoir des Imprimeurs-Unis, , 191 p. (lire en ligne), p. 166
↑Académie d'Hippone, Bulletin de l'Académie d'Hippone, essai d'un catalogue minéralogique algérien, Bône (ex-Annaba), Imprimerie Dagand, , 228 p. (lire en ligne), p. 26
↑ a et bÉric Morvillez, Les mosaïques des bains d'Oued Athmenia (Algérie) : les calques conservés à la médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, Société nationale des Antiquaires de France, (lire en ligne), p. 304-322
↑Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts, direction des Beaux-arts., Monuments historiques. Loi et décrets relatifs à la conservation des monuments historiques. Liste des monuments classés., Paris, Imprimerie nationale, , 90 p. (lire en ligne), p. 88
↑Édouard-Frédéric Beaudouin, Les grands domaines dans l'Empire romain d'après des travaux récents, Paris, Larose et Forcel, , 358 p. (lire en ligne), p. 28
↑Lucien Guillot, Le Cheval dans l'art, Paris, Le Goupy, , 220 p. (lire en ligne), p. 97
↑ a et bSociété archéologique, historique et géographique du département de Constantine, Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine, Constantine, L. Arnolet, , 298 p. (lire en ligne), p. 137 et 144
↑Azéma de Montgravier, Projets de colonisation pour les provinces d'Oran et de Constantine., Paris, Imprimerie royale, , 242 p. (lire en ligne), p. 231
↑Office central des œuvres charitables, La France charitable et prévoyante : tableaux des oeuvres et institutions des départements, Paris, Plon, , 11 p. (lire en ligne), p. 9
↑Société archéologique de Constantine, Constantine, son passé, son centenaire (1837-1937), Constantine, Éditions Braham, , 490 p. (lire en ligne), p. 420 et 422
↑Gouvernement général de l'Algérie, Projet d'un nouvel emprunt, Alger, Imprimerie de V. Heintz, , 367 p. (lire en ligne), p. 71
↑Ali Hacène, Précis de procédure musulmane : manuel contenant les attributions des tribunaux français d'Algérie en matière musulmane (territoire civil et Kabylie), Alger, La Maison des livres, , 119 p. (lire en ligne), p. 117
↑ Indicateur général de l'Algérie : description géographique, statistique et historique de chacune des localités des trois provinces (3e édition), Victor Bérard, 1867, p.365
↑ Tableau général ... des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces (territoire civil et territoire militaire) : avec indication du chiffre de la population et de la superficie / Gouvernement général de l'Algérie, Direction générale des affaires civiles et financières - 1884, p.63
↑ Tableau général ... des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces (territoire civil et territoire militaire) : avec indication du chiffre de la population et de la superficie / Gouvernement général de l'Algérie, Direction générale des affaires civiles et financières - 1892, p.169
↑ Tableau général ... des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces (territoire civil et territoire militaire) : avec indication du chiffre de la population et de la superficie / Gouvernement général de l'Algérie, Direction générale des affaires civiles et financières - 1897, p.132
↑ Tableau général ... des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces (territoire civil et territoire militaire) : avec indication du chiffre de la population et de la superficie / Gouvernement général de l'Algérie, Direction générale des affaires civiles et financières - 1902, p.143
↑La Situation financière des communes en ... / présentée par M..., Directeur de l'administration départementale et communale à M..., Ministre de l'intérieur -Nancy (Paris)-1878-1939, p.234