Le , à l'occasion du 25e anniversaire du règne de l'empereur Guillaume II, Liman est élevé à la noblesse prussienne héréditaire[2]. Comme titre de noblesse, il choisit le nom de jeune fille de sa défunte première épouse Amelie von Sanders (1858-1906), qu'il épouse à Darmstadt en 1877. De ce mariage, il a trois filles[3].
Mission militaire dans l'Empire ottoman
Comme d'autres généraux prussiens avant lui (le comte von Moltke, le baron von der Goltz) il est nommé, en 1913, à la tête d'une mission militaire allemande pour l'Empire ottoman. Pendant près de quatre-vingts ans, l'Empire ottoman a tenté de moderniser son armée en suivant les modèles européens. Liman von Sanders est le dernier Allemand à avoir contribué à cette tâche.
Conseiller militaire
Initialement, Liman se forge une mauvaise opinion sur l'armée ottomane et ses dirigeants politiques. En (alors que la guerre est imminente), Enver Pacha propose une alliance à l'Allemagne. L'ambassadeur allemand à Constantinople, Hans von Wangenheim, après avoir consulté Liman, refuse l'offre d'Enver. L'analyse à l'époque est que l'armée ottomane est faible, le gouvernement n'a que peu de marge de manœuvre financière et les dirigeants sont incompétents. Toutefois, le , les deux gouvernements signent en secret un traité d'alliance. Ce traité stipule, entre autres, que la mission militaire allemande aura une « influence effective » sur les opérations des armées ottomanes[4]. Au début, cette influence est faible, mais lorsqu'Enver Pacha et Djemal Pacha connaissent leurs premières défaites, la mission allemande prend de plus en plus l'ascendant.
Lorsque les forces ottomanes entrent finalement en guerre (après deux mois à tenter d'éviter un conflit ouvert avec les Alliés), Enver Pacha montre à Liman von Sanders son plan pour détruire l'armée russe qui défend Kars. Liman tente de l'en dissuader, mais son conseil est ignoré. Enver Pacha mène personnellement l'armée ottomane à sa pire défaite de la Première Guerre mondiale, à la bataille de Sarikamis. Djemal Pacha eut la tâche d'attaquer le canal de Suez, conseillé par l'Allemand Kress von Kressenstein. L'attaque sur Suez échoua, avec de faibles pertes.
Liman a peu de temps pour organiser les défenses, mais deux éléments jouent en sa faveur. Tout d'abord, la 5e armée ottomane(en) est la meilleure de l'Empire. Elle est constituée de 84 000 soldats bien équipés, répartis en six divisions. Ensuite, il est aidé par une mauvaise stratégie des Alliés. En effet, après avoir tenté en vain de faire franchir le détroit par leur flotte, ceux-ci tentent un débarquement pour s'emparer de la péninsule de Gallipoli et détruire par la terre les forts défendant le détroit. Liman a un mois pour se préparer, profitant de la perte de tout effet de surprise après l'échec de l'assaut maritime. Le , les Britanniques débarquent une force importante au cap Helles. Liman prend alors une de ses meilleures décisions de cette période : il nomme Mustafa Kemal (le futur Atatürk) au commandement de la 19e division. La division de Kemal sauve littéralement ce jour les Ottomans. Le jour du débarquement, ses troupes marchent jusqu'aux coteaux surplombant les plages. Kemal voit le danger et s'assure personnellement que ses troupes tiennent le coteau. Ils ne seront jamais délogés, malgré des attaques constantes pendant cinq mois.
D'avril à , lorsque la décision d'évacuer est prise, Liman subit de nombreuses attaques contre ses positions défensives. Les Britanniques tentent un autre débarquement dans la baie de Suvla(en), qui est également stoppé. Le seul point positif du côté des Alliés est la réussite de l'opération d'évacuation avec des pertes mineures. Cette bataille reste toutefois une victoire significative pour l'armée ottomane et qui doit être en partie attribuée à von Sanders.
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En 1918, dernière année de la guerre, Liman reprend le commandement de l'armée ottomane en Palestine. Il remplace le général allemand Erich von Falkenhayn battu par le général britannique Edmund Allenby fin 1917.
Liman est paralysé par le déclin de la puissance ottomane. Ses forces ne peuvent plus faire autre chose qu'occuper des positions défensives et attendre l'attaque britannique. Celle-ci met du temps à venir, mais lorsque Allenby la déclenche, l'armée ottomane est détruite en une semaine de combat lors de la bataille de Megiddo. Liman échappe de peu à la capture sur place, et se réfugie à Constantinople.
Liman publie en 1920 un livre écrit en captivité dans lequel il relate ses expériences avant et après la guerre. Il meurt neuf ans plus tard à Munich, à l'âge de 74 ans.
↑Gothaisches Genealogisches Taschenbuch der Briefadeligen Häuser. 1915. Justus Perthes, Gotha 1914, S. 578.
↑(en) David Fromkin, A peace to end all peace : the fall of the Ottoman Empire and the creation of the modern Middle East, New York, Avon Books, , 635 p. (ISBN978-0-380-71300-4, OCLC256385868), p. 49-59
Wolfgang Gust (Hrsg.): Der Völkermord an den Armeniern 1915/16. (Dokumente aus dem Politischen Archiv des deutschen Auswärtigen Amtes) Zu Klampen, Lüneburg 2005, (ISBN3-934920-59-4).
Taner Akçam: A Shameful Act. The Armenian Genocide and the Question of Turkish Responsibility. Metropolitan Books, 2006.
Eckhard Lisec(de): General der Kavallerie Otto Liman von Sanders. In: Lukas Grawe (Hrsg.): Die militärische Elite des Kaiserreichs. 24. Lebensläufe. wbg Theiss, Darmstadt 2020, (ISBN978-3-8062-4018-4), Seite 189–202.