Créée par Pierre Bonnaud et son association Cercle Terre d'Auvergne, elle a été conçue pour s'adapter précisément au dialecte auvergnat et ses différentes variétés locales afin de faire ressortir leurs particularités. Elle a été partiellement utilisée dans l'enseignement dès sa création dans les années 1970 et jusqu'au début des années 2000.
Malgré ses qualités propres, cette norme n'a pas réussi à s'imposer face à la norme classique. Elle a été adaptée par son inventeur au poitevin-saintongeais[1] et aux parlers septentrionaux du languedocien mais n'a jamais vraiment été utilisée pour ceux-ci[2].
Elle est critiquée dans le monde universitaire et de la linguistique[3],[4],[5],[6]
Origine
Cette orthographe a été créée au milieu des années 1970 en suivant la graphie écrite du français. Codification avant tout contemporaine, l'écriture auvergnate unifiée est mise au point en 1973 par Pierre Bonnaud. Cette écriture se veut la plus phonétique possible et omet volontairement les aspects étymologiques[7].
Dénominations
Les promoteurs de cette norme ont choisi le terme d'« écriture auvergnate unifiée » (« eicritürà euvarnhatà vunefiadà »). Cette graphie se définit elle-même comme « auvergnat littéraire et pédagogique ». Les défenseurs de la norme classique la nomment généralement « norme bonnaudienne »[8],[9].
Utilisations
Elle a en partie été utilisée dans les milieux scolaires pour l'apprentissage de l'auvergnat jusqu'au début des années 2000. Elle faisait jusqu'alors concurrence à la norme classique de l'occitan qui était déjà et est toujours majoritaire.
Dans les années 1970/1980 elle était défendue en Auvergne par Pierre Bonnaud[10], Karl-Heinz Reichel[11] et leur association Cercle Terre d'Auvergne. Elle est préférée par ceux qui pensent que l'auvergnat est une langue romane à part entière[12] en la séparant de l'occitan.
Caractéristiques
Cette norme est volontairement proche du système graphique du français. Elle possède aussi quelques similitudes avec la norme classique : les digrammes nh/lh ; terminaison de la conjugaison de la première personne du pluriel en m (Nous chantons : chantem prononcé [ʧãtɛ̃], [ʃãtɛ̃] ou [tsãtɛ̃]). La terminaison des mots féminins est en -à [ɔ] et le pluriel se fait en -a [a] (ou -ä [ɛ] pour les parlers en è), les articles correspondants sont là et la/lä ou li. Le pluriel de la plupart des mots masculins se fait en -ei [ɛj] ou [i] avec comme articles correspondants le/lou au singulier et leù, lau, loû, lu, lei, li au pluriel selon les régions.
Elle ne présente pas les terminaisons étymologiques pour retenir les graphèmes issus du français à l'époque moderne (infinitif : parlâ et non parlar, forme occitane d'origine présente dès les écrits médiévaux et conservés au sein de la norme classique), et développe un système d'accents pour les palatalisations (exemples : lïbre, lünà), on trouve aussi des accents pour représenter les diphtongues ow (où), euw (eù), etc. Le phonème [u] est écrit ou comme en français[13].
↑Pierre Bonnaud, Pour une graphie adaptée aux caractéristiques de notre langue, dans Aguiaine, Bulletin de la SEFCO, tome XVI, 1er livre, p2, n°108, 1982.
↑Éric Nowak, Poitou-Charentes en Aquitaine !...Et la Vendée aussi !, Cressé, Éditions des régionalismes, (ISBN978-2-8240-0433-4)
« Cette tendance au repli localiste identitaire peut être le fait d’anciens occitanistes convaincus. C’est par exemple la conception que défend Pierre Bonnaud qui propose une eicritürà euvarnhatà vunefiadà pour mieux souligner le caractère distinct de l’auvergnat »
↑Domergue Sumien, « Les langues romanes centrales. Vers une nouvelle convergence catalan, occitan, aragonais, aguianais (Poitevin-Saintongeais) », Hápax, Université de Salamanque, no 6, , p. 135-163 (ISSN1988-9127, lire en ligne) :
« La norme bonnaudienne (nòrma bonaudiana), qui se nomme elle-même écriture auvergnate unifiée (EAU). Elle est apparue au début des années 1970 en auvergnat, sous l’égide de Pierre Bonnaud. Elle est liée au sécessionnisme linguistique auvergnat. Elle mêle des solutions orthographiques et lexicales francisées
avec des solutions extrêmement originales, mais peu ancrées dans la tradition historique de la langue. »
↑Domergue Sumien, La standardisation pluricentrique de l’occitan : Nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie, Turnhout, Brepols, coll. « Publications de l'Association Internationale d'Etudes Occitanes », , 514 p. (ISBN978-2-503-51989-0, lire en ligne)
« Quinas dificultats, diugudas en bona partida a la fonetisacion maximala de lhor sistèma grafique [...] »
↑(oc) Domergue Sumien, « Los secessionismes lingüistics: la diferéncia auvernhata », Jornalet, Barcelone, Associacion entara Difusion d’Occitània en Catalonha, (ISSN2385-4510, lire en ligne)
↑(ca) Agusti Cavaller, L'aranès i el gardiol. Estudi de dues comunitats perifèriques de l'occità, Barcelone, , 105 p. (lire en ligne)
↑(ca) Jaume Corbera Pou, Europa, mosaic lingüístic, Université des îles Baléares, Revista de la càtedra sobre diversitat social de la universitat pompeu fabra, (lire en ligne)
↑(ca) Carles Castellanos i Llorenç, Manel Zabala, « La traducció de Lo garrèl, de Loís Delluc, de Joan Sales », Quaderns: revista de traducció, Barcelone, Université autonome de Barcelone, no 18, , p. 81-89 (ISSN1138-5790)
↑Karl-Heinz Reichel, Grand dictionnaire général auvergnat-français, Nonette, Créer, , 878 p. (ISBN2-84819-021-3, lire en ligne), Introduction, 1 - L'écriture utilisée dans le dictionnaire : l'écriture auvergnate
↑Pierre Bonnaud, Nouveau Dictionnaire Général Français : Auvergnat, Nonette, Créer, , 776 p. (ISBN2-909797-32-5, lire en ligne), Introduction au Nouveau dictionnaire général français-auvergnat ; pages 5 à 14..