Les monts d'Or (ou « le mont d'Or ») sont un petit massif situé au nord-ouest de Lyon. Il s'étend du nord au sud sur une dizaine de kilomètres, limité à l'est par la Saône et à l'ouest par une légère dépression qui le sépare de la partie nord des monts du Lyonnais.
Toponymie
L'usage actuel privilégie l'utilisation du pluriel dans la dénomination du massif (« les monts d'Or »). Cependant, l'utilisation du singulier (« le mont d'Or ») est attestée dans un usage plus ancien[1] et se retrouve, par exemple, dans les toponymes des communes du massif ou dans le nom de la rue du Mont d'Or dans le 9e arrondissement de Lyon. Les deux sont attestés dans la littérature scientifique, Paul Berthet évoquant en 2005 « Les Monts d'Or pour les promeneurs et les géographes, le Mont d'Or pour les géologues... »[2]. L'Institut national de l'information géographique et forestière utilise le nom au singulier[3].
Attestations anciennes
Le nom du massif est attesté sous diverses formes : Manduo Dorum, Manlo Dorum[4], manto dorum[5], Mons duranus ou duronius entre 500 et 600[6], Mons Aureus au Xe siècle[4], Montour[Quand ?], Montor[Quand ?], Montur en patois[4], Mondor[Quand ?], Mont d'or[7].
Étymologie
Plusieurs hypothèses ont été soulevées sur l’origine de cette dénomination de monts d’Or. L'étymologie du nom mont d'Or pourrait reposer sur la signification apparente de « mont doré », qualificatif renvoyant à la couleur des pierres[8] ; selon une autre hypothèse, le nom devrait s’orthographier « Dore », qui vient d'une racine celtique qui signifie « eau » (en breton dour, en cornique dowr, en gallois dŵr)[9],[10].
Géographie
Il s'agit d'un massif calcaire d'origine secondaire à socle cristallin (gneiss et granite). À l'est, il présente un flanc abrupt, séparé de la Saône par une « plage » de quelques centaines de mètres. À l'ouest et au nord-ouest, ses pentes sont douces, quoiqu'entaillées de profonds ravins. Son relief est marqué par deux grandes failles d'orientation NE/SW :
la faille de Limonest/Poleymieux, la plus importante, sépare 2 lignes de crêtes de même orientation : à l'ouest la Croix Rampaux, le mont Py et le mont Verdun, à l'est le crêt d'Albigny, le mont Thou, le mont Narcel et le mont La Roche.
la faille de Saint-Cyr/Saint-Romain, qui isole le mont Cindre du reste du massif.
Sommets
Le massif culmine au mont Verdun à une altitude de 626 mètres.
Les monts d'Or possèdent de très nombreuses sources. Des captages ont été effectués depuis l'Antiquité par les populations locales[12].. Les Romains les utilisèrent pour bâtir l'aqueduc des monts d'Or, premier aqueduc antique de Lyon.
Il existe sur le massif trois ruisseaux, tous affluents de la Saône : le Thoux au cœur du massif, les ruisseaux d'Arche et de Rochecardon au Sud.
Faune et flore
Les monts d'Or présentent un paysage de bocage en cours de fermeture, du fait du recul des activités agricoles traditionnelles. La flore et la faune sont cependant relativement préservées[13]. Elles présentent de nombreuses espèces d'intérêt national ou régional[14], comme Genista horrida, l'un des genêts dits hérisson, ou le tichodrome échelette (Tichodroma muraria).
Sur le massif, une trentaine d’espèces d’orchidées sont recensées (sur une cinquantaine inventoriées dans le département du Rhône)[15].
Les populations du crapaud alyte accoucheur ont fait l'objet d'une étude réalisée par la LPO en 2023 et 2024 sur les communes de Couzon-au-Mont-d'Or, d'Albigny-sur-Saône, de Saint-Germain-au-Mont-d'Or et de Poleymieux-au-Mont-d'Or[16].
Patrimoine
Les monts d'Or sont occupés depuis une période très ancienne. Les vestiges archéologiques comportent des silex[17] taillés du néolithique, ainsi que des poteries et tegulae (tuiles plates) de l'époque romaine.
Les Romains construisirent dans les monts d'Or un aqueduc destiné à l'alimentation de Lyon. Daté entre -30 et + 150 de notre ère, long de 26 kilomètres, il prenait sa source dans le vallon de Poleymieux, au lieu dit hameau des Gambins, et contournait le massif par l'est (son tracé est visible par endroits à Curis, Albigny, Couzon et Saint-Romain[18],[19]).
Construit à flanc de colline aux alentours de 300 m, il avait une pente de 1 à 1,5 mm par m. Son volume intérieur était d'environ 50 × 60 cm, pour une emprise extérieure d'environ 1,50 × 1,90 m, ce qui assurait un débit théorique maximum de 12 000 m3 par 24 heures[20].
Il comportait deux ouvrages d'art : le pont-siphon du vallon des Rivières, qui franchissait le ruisseau de Rochecardon entre Saint-Didier et Champagne-au-Mont-d'Or au lieu-dit Le Bidon, et celui d'Écully, qui franchissait le ruisseau des Planches au lieu-dit Les Massues. Ils ont commencé à être démantelés dès les grandes invasions, pour récupérer les pierres et le plomb des conduites. Les derniers vestiges du siphon d'Écully ont disparu au début du XIXe siècle.
Les carrières
De nombreuses carrières de pierres ont été exploitées depuis l'époque romaine jusqu'à la fin du XXe siècle. On a surtout extrait :
Même si la plupart des carrières ont été plus ou moins remblayées, cette exploitation a laissé des traces un peu partout dans le paysage, à commencer par les grands fronts de taille de Curis et Couzon. L'exploitation fut particulièrement intense au XIXe siècle, d'abord à Curis, puis à Couzon à partir de 1830. 115 000 m3 de pierre furent extraits sur le territoire de cette commune, pour la seule année 1842. Pour poursuivre cette exploitation dans certains vallons étroits, les carriers construisirent des structures en pierre sèche appelées « tunnels de carrière ». Il s'agit d'un ensemble de murs de soutènement massifs et de tunnels permettant le transport des pierres vers la Saône, tout en limitant la nécessité d'évacuer les « mauvais bancs ». Certains de ces tunnels atteignaient des longueurs considérables (700 m pour l'un d'eux à Albigny-sur-Saône). Quelques-uns sont encore visibles au lieu-dit Vinouve, dans les bois au-dessus de Couzon[21].
Les autres activités traditionnelles étaient l'agriculture, la viticulture et l'élevage des chèvres en stabulation. Il y eut plus de 20 000 chèvres à certaines périodes. Elles étaient nourries avec du chou et des feuilles de vigne fermentées, produisant un fromage de goût particulier.
Les cabornes
Les cabornes sont des constructions en pierre sèche parsemant toute la région. Il en resterait entre 400 et 500, dont une partie ont été restaurées par des associations. Beaucoup sont de construction récente (XIXe siècle). Elles servaient d'abri à tout le petit peuple d'ouvriers agricoles et de carriers des monts d'Or.
De forme carrée, circulaire ou diverse, elles possèdent une voûte en pierre qui peut être en encorbellement ou en claveaux.
Il existe trois circuits piétonniers permettant de découvrir des cabornes : le « sentier des cabornes » à Poleymieux, le « sentier de la pierre » à Saint-Didier et le « sentier de l'Homme et du paysage » inauguré en à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or.
Le fort du Mont Verdun abrite la base 942 de contrôle aérien de l'armée de l'air (base aérienne 942 Lyon-Mont Verdun). Une partie de la base est souterraine. De Lyon, on peut apercevoir certaines installations, en particulier les volumineux radômes qui se trouvent au sommet du mont Thou (démantelé en ) et du mont Verdun.
Jouissant d'un cadre exceptionnel et d'une proximité directe avec la ville de Lyon, les communes des monts d'Or accueillent principalement une population aisée, Saint-Didier-au-Mont-d'Or et Saint-Cyr-au-Mont-d'Or comptant parmi les cent communes les plus riches de France.
Michel Garnier, Carriers et carrières du Mont d'Or lyonnais, Éditions Connaissance du Mont d'Or, (3 tomes), Saint-Didier-au-Mont-d'Or, 2001.
Laurent Michel, Le Mont d'Or lyonnais et son Val de Saône, JPM éditions, 2005 (ISBN2-84786-033-9).
Louis Rulleau et Bruno Rousselle, Le Mont d'Or ...une longue histoire inscrite dans la pierre, édité par l'Espace Pierres Folles et la Société linnéenne de Lyon, (ISBN2-9517463-4-2).
Nicole et Christian Segaud, Faune et flore du Mont d'Or lyonnais, Éditions du Poutan, (ISBN9782918607953)
Luc Bolevy, Le Mont d'Or lyonnais, petit et grand patrimoine, Éditions du Poutan, (ISBN9782918607786)
↑Paul Berthet, préface à : Louis Rulleau, Bruno Rousselle, Le Mont d'Or... une longue histoire inscrite dans la pierre, Espace Pierres Folles et Société Linnéenne de Lyon, avril 2005 (ISBN2-9517463-4-2), p. 4.
↑Louis Rulleau, Bruno Rousselle, Le Mont d'Or... une longue histoire inscrite dans la pierre, Espace Pierres Folles et Société Linnéenne de Lyon, avril 2005 (ISBN2-9517463-4-2), p. 5.
↑EricF, « Histoire », sur Poleymieux-au-Mont-d'Or (consulté le )
↑Docteur Gabour, Saint Cyr et les Monts d'or, Éditions Egé, mai 1968, p 8 et 9.
↑Stéphane Weiss, Regards sur les milieux naturels et urbains de l'agglomération lyonnaise, Lyon, Grand Lyon, , 276 p. (ISBN978-2-746-64776-3, lire en ligne), p. 102, 124, 148
↑Nicole Segaud et Christian Segaud, Flore et faune du Mont d'Or lyonnais, Éditions du Poutan, (ISBN978-2-918607-95-3)
↑Jean-Luc Poirier, « L'orchidée sauvage », sur Curis-au-Mont-d'Or, (consulté le )
↑Souterrains et captages traditionnels dans le Mont d'Or lyonnais, Michel Garnier et Philippe Renault, juin 1993 (ISBN2-9507706-0-6), pp. 115 à 117.
↑Louis Rulleau, Bruno Rousselle, Le Mont d'Or... une longue histoire inscrite dans la pierre, Espace Pierres Folles et Société Linnéenne de Lyon, avril 2005 (ISBN2-9517463-4-2), p. 154-155.