À la fin des années cinquante, Michel Imbert démontre, avec Pierre Buser, l’existence d’une convergence de signaux visuels, auditifs et somesthésiques au niveau du cortex précentral chez le chat[12]. Il établit également que des signaux visuels peuvent court-circuiter le cortex visuel primaire pour atteindre directement des zones extra striées[13].
Il réalise ses premiers travaux sur le développement post-natal du système visuel au Collège de France dans la Chaire de Neurophysiologie dont il est le sous-directeur. Il établit que des neurones sélectifs à l’orientation d’un stimulus visuel sont présents dans le cortex visuel primaire avant toute expérience visuelle[14],[15]. Il démontre que les afférencesproprioceptives extra-oculaires jouent un rôle déterminant dans le développement de propriétés considérées jusqu’alors comme exclusivement visuelles[16], et, chez le primate, il établit que le codage de la vision tridimensionnelle est sous la dépendance de signaux oculomoteurs de vergence[17].
Contrairement à ce qui était alors généralement admis, les afférences rétiniennes ne se distribuent pas dans le corps genouillé et le colliculus supérieur latéral dans des couches distinctes selon des mécanismes compétitifs assignant leur place aux axones des cellules ganglionnaires issues de chaque œil. Chez la souris énuclééin utero, les zones des structures cibles des fibres optiques, laissées vacantes par l’énucléation, ne sont pas totalement ré-occupées par celles issues de l’œil restant. Ainsi, en dépit de l’absence de compétition, les fibres afférentes occupent les zones destinées à les recevoir sans ré-innerver complètement les zones préalablement déafférentées[18]. Il montre que chez la souris anophtalmique (C57-An) les relations entre le corps genouillé et le cortex visuel suivent, en dépit d’une absence totale de fibres rétiniennes, un ordre topographique qui ne diffère pas fondamentalement de l’ordre « rétinotopique » de la souris normale, en dépit de l’absence des deux rétines[19].
Chez un singe du Nouveau-Monde (Callithrix jacchus)), il analyse le développement post-natal des colonnes de dominance oculaire qu’accompagne des variations dans la distribution des récepteurs NMDAR1 des couches granulaires ainsi qu’une inhomogénéité dans la microvascularisation corticale[20],[21].
↑M. Imbert et P. Buser, Sensory Projections to the Motor Cortex in Cats : a Microelectrode Study. in Sensory Communication, Endicott House, W. Rosenblith, The MIT Press, p. 607-628
↑M. Imbert, K .Bignal et P. Buser, « Neocortical interconnections in the cat », J. of Neurophysiol., , p. 382-95
↑M. Imbert, P. Buisseret, « Receptive field characteristics and plastic properties of visual cortical cells in kittens reared with or without visual experience. », Exp Brain Res., 1975, 22, p. 25-36
↑M.Imbert, Y. Frégnac, « Early development of visual cortical cells in normal and dark reared kittes : relationship between orientation selectivity and ocular dominance », J. Physiol. (London), 1979, 278, p. 27-44
↑M. Imbert, P. Buisseret et E. Gary-Bobo, « Ocular motility may be involved in recovery of orientational properties of visual cortical neurones in dark-reared kittens », Nature, 1978, 272, p. 816-817
↑M.Imbert, Y. Trotter, S. Celebrini et S. Thorpe, « Modulation of Neural Stereoscopic Processing in Primate Area V1 by the Viewing Distance », Science, 1992, 1002, p. 1279-1281
↑M.Imbert, P. Godement et P. Saillour, « The ipsilateral optic pathway to the dorsal lateral geniculate nucleus and superior colliculus in mice with prenatal or postnatal loss of one eye », J. Comp. Neurol., 1980, 190, p. 611-626
↑M. Imbert, P. Godement et P. Saillour, « Thalamic afferents to the visual cortex in congenitally anophtalmic mice », Neurosci Lett., 1978, 3, p. 271-278
↑M. Imbert, C. Fonta et C. Chappert, « N-methyl-D-aspartate subunit R1 involvement in the postnatal organization of the primary visual cortex of Callitrix jacchus », J. Comp. Neurol., 1997, 386, p. 260-276
↑M. Imbert, C. Fonta, « Vascularisation in the primate visual cortex during development », Cerebral Cortex, 2002, 12, p. 199-211