Tenant d'une ligne de droite radicale au sein de son parti, il adhère à des thèses controversées, dont celle du grand remplacement. Ses liens avec les régimes autoritaires russe et chinois font également l'objet de polémiques et donnent lieu à des enquêtes. En mai 2024, il est critiqué et écarté au sein de son parti pour des propos ambigus sur les SS.
Devenu avocat d'affaires, il cofonde à Dresde un cabinet avec deux associés. Il participe, comme administrateur, à plusieurs entreprises en Suisse, en Russie, en Autriche[1].
Fervent catholique, Maximilien Krah prône le retour de la messe en latin et est père de huit enfants, issus de trois unions[1].
Carrière politique
Maximilian Krah rejoint dès l'âge de 14 ans, en 1991, la branche jeunesse de la CDU, parti dont son père est membre[1].
L'ère Merkel le déçoit progressivement, conduisant à sa rupture avec les conservateurs en 2016. Il leur reproche en particulier la sortie du nucléaire décidée en 2011 après l'accident nucléaire de Fukushima, les concessions faites au SPD lors de l'accord de coalition signé en 2013, les prêts accordés à la Grèce lors de la crise grecque et l'ouverture des frontières aux réfugiés en 2015[1].
Il rejoint l'AfD où il obtient le poste de vice-président en Saxe, puis est élu sur la liste du parti au Parlement européen en juin 2019. Il tente de briguer la municipalité de Dresde en juin 2022 mais échoue à la troisième place avec 12,2 %[1].
Il bénéficie d'une forte popularité sur les réseaux sociaux, notamment grâce à ses vidéos expliquant aux adolescents comment draguer, avec le slogan : « Ne laisse pas les gens te dire que tu dois être gentil, doux, faible et de gauche. Les vrais hommes sont à droite ». Il popularise d'ailleurs le mot « droite » (Rechts), longtemps tabou à cause du passé nazi de l'Allemagne, et remplacé par « conservateur »[3].
Il est élu tête de liste de l'AfD pour les élections européennes de 2024 en juillet 2023 lors d'une conférence des partis européens à Magdebourg avec 65,7 % des voix des délégués. Lors du congrès, remporté par l'aile droite du parti, un de ses colistiers dénonce les « gangs musulmans » qui contribuent à la « décadence de l’Europe », un autre qualifie les homosexuels et les personnes transgenres de « baiseurs d’enfants tolérés par l’État », et une troisième prône la « remigration » des étrangers, affirmant que les « changements de population sont plus importants que le changement climatique »[4].
Lors de la campagne pour les élections européennes, il est mêlé à plusieurs affaires de corruption et d'ingérences russe et chinoise, qui forcent le parti à décider de sa mise en retrait — en même temps que Petr Bystron, son second, lui aussi impliqué dans un scandale — jusqu'à l'élection, « pour ne pas nuire à la campagne et à la réputation du parti ». La campagne électorale se poursuit donc sans la participation des têtes de liste[5].
L'AfD obtient finalement 15,9 % des voix (4,9 points de plus par rapport à 2019) et se classe au second rang aux élections européennes en Allemagne[6] et Maximilian Krah est élu. Néanmoins, aussitôt après l’élection, le parti lui interdit de siéger dans le nouvel hémicycle avec les eurodéputés AfD en raison des scandales ayant émaillé sa campagne[7]. Il siège donc parmi les non-inscrits.
Positionnement politique
Maximilian Krah appartient à l'aile radicale de l'AfD. Il s'oppose à l'avortement et aux revendications LGBT, se montre climatodénialiste et dénonce avec virulence l'immigration et l'islam. Bien qu'étant de confession catholique, il rejette l'universalisme chrétien qu'il perçoit comme une déformation des « mondialistes ». Souverainiste, il critique l'UE et l'OTAN[1]. Il est adepte de la théorie raciste et complotiste du grand remplacement[8],[9],[10].
En 2019, Krah est invité par la Chine à participer à un voyage à Shanghai. Huawei lui finance également, en novembre 2019, un séjour de six nuits dans un hôtel de luxe, alors qu'il est un défenseur de l'entreprise[11]. Il défend également les points de vue politiques chinois en reprenant leurs éléments de langage : il remet en cause les exactions chinoises contre les Ouïghours et défend l'intégration de Taïwan et du Tibet à la Chine[2]. Une enquête journalistique de t-online révèle ses liens avec le régime chinois et l'influence qu'il exerce sur la ligne politique de son parti au sujet de la Chine[12].
Entre 2023 et 2024, il participe à deux entretiens avec Voice of Europe, canal de diffusion de la propagande du Kremlin basé en République tchèque. Il affirme ne pas avoir été payé pour s'y rendre[13]. Il y croise d'autres parlementaires européens d'extrême droite, comme Hervé Juvin et Thierry Mariani[14],[11]. En décembre 2023, lors d'un voyage aux États-Unis, Maximilian Krah est interpellé et interrogé par le FBI au sujet de financements importants, remis par un militant pro-Kremlin[15], qui pourraient provenir directement de l'entourage du président russe Vladimir Poutine[16],[2]. Il nie toutefois avoir touché des pots-de-vin[11].
Le , Jian Guo[15], un des assistants parlementaires de Maximilian Krah, est arrêté et placé en détention en Allemagne en raison de soupçons d’espionnage en faveur de la Chine[17]. Il aurait transmis au gouvernement chinois des informations sur les négociations en cours au Parlement européen et aurait participé à la surveillance de dissidents chinois réfugiés en Allemagne[18]. Maximilian Krah est auditionné par la direction de l'AfD et affirme ne pas être au courant des activités de son assistant[11]. Il déclare qu'il licenciera son assistant, mais qu'il souhaite cependant rester tête de liste en vue des élections européennes[19]. Il est visé par des appels à la démission[2].
Propos sur les SS
Le , dans un entretien au journal italien La Repubblica, Krah affirme qu'un « SS n'était pas automatiquement un criminel » et qu'il « ne [dira] jamais que quiconque portait un uniforme SS était automatiquement un criminel »[20].
Trois jours plus tard, le Rassemblement national annonce sa volonté de ne plus siéger avec l'AfD au Parlement européen dès l'investiture de la dixième législature, notamment à cause de ces propos[21],[22]. À partir du , l'AfD interdit à Krah de se présenter aux meetings du parti pour la campagne en cours[23],[24]. Le même jour, Krah affirme que bien qu'il considère ses déclarations comme « objectives et nuancées », l'AfD « doit préserver son unité », et il annonce quitter le bureau fédéral du parti[25]. Le , les neuf députés européens de l'AfD, parmi lesquels Maximilian Krah, sont exclus du groupe Identité et démocratie, à la suite de ces déclarations[24],[26].
Affaires judiciaires
Le , la justice allemande ouvre deux enquêtes contre lui, afin de « vérifier s’il existe un soupçon de corruption du député ». Il est soupçonné d'avoir obtenu des financements auprès des gouvernements chinois et russe[13].
Le , son bureau au Parlement européen est perquisitionné dans le cadre d'une enquête pour des soupçons d'espionnage pour le compte de la Chine, faisant suite à l'arrestation de son assistant parlementaire. Il n'est cependant « pas visé » par cette perquisition, qui s'inscrit dans une procédure « concernant les témoins », selon le parquet[27].
Le , un autre bureau, qui appartiendrait à son ancien assistant parlementaire français, Guillaume Pradoura, est perquisitionné, en lien avec une affaire de corruption et d'ingérence russe présumée[28].
↑ a et b« La justice allemande ouvre deux enquêtes contre un eurodéputé d’extrême droite pour des soupçons de financements russes et chinois », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-GB) « ‘I hope Ukraine will lose’: What MEPs told Russian propaganda channel », Politico, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Espionnage en faveur de la Chine : l’assistant d’un député européen allemand arrêté et suspendu », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )