En 111, il est consul avec Publius Cornelius Scipio Nasica Serapio. Alors que son collègue reste à Rome, Bestia prend le commandement d'une opération punitive contre Jugurtha en Numidie[a 2],[6],[7]. En effet, à la mort du roi numide, Micipsa, en 118, le royaume de Numidie est divisé entre le neveu Jugurtha et les deux fils du roi. En 116, Jugurtha tue le plus jeune fils du roi, Hiempsal et une commission part de Rome afin de diviser le royaume entre Jugurtha et Adherbal. Jugurtha connaissant bien les Romains réussit par des cadeaux à corrompre le chef de la délégation romaine Lucius Opimius et ses compagnons[a 3],[a 4],[a 5],[8]. Jugurtha reçoit ainsi la partie la plus peuplée et la plus riche de la Numidie. Adherbal reçoit celle qui était la plus équipée en ports et en édifices[a 3],[8]. En 113-112, Jugurtha attaque Adherbal qu’il tue, agissant contre les ordres de Rome. Des marchands italiens de Cirta sont tués et cela déclenche une guerre entre Rome et Jugurtha[8]. Pendant que le consul Bestia lève des troupes en Italie, Jugurtha tente d'ouvrir des pourparlers, mais le Sénat rejette catégoriquement la possibilité d'une négociation, et insiste pour recevoir une reddition complète du prince numide[6].
Salluste rapporte ainsi son caractère : « Calpurnius [...] se donne pour lieutenants des patriciens factieux dont il espère que le crédit mettrait à couvert ses prévarications. De ce nombre est Marcus Aemilius Scaurus [...]. Quant à Calpurnius, il joint aux avantages extérieurs d'excellentes qualités morales, mais elles sont ternies par sa cupidité. Du reste, patient dans les travaux, doué d'un caractère énergique, prévoyant, il connaît la guerre, et ne craint ni les dangers ni les surprises[a 6] ». Cicéron le décrit comme « étant un homme ardent et qui n'ignore pas l'art de manier la parole[a 1] ».
Il mène d'abord les opérations de façon énergique, mais bientôt, après avoir été fortement suborné par le prince numide Jugurtha, conclut une paix honteuse[6]. Salluste décrit ainsi la scène : « mais sitôt que Jugurtha, par ses émissaires, a fait briller l'or aux yeux [de Calpurnius Bestia], et ressortir les difficultés de la guerre dont le consul [de 111] est chargé, son cœur, gâté par l'avarice, se laisse facilement séduire. Au reste, il prend pour complice et pour agent de toutes ses menées ce même Scaurus, qui, dans le principe, tandis que tous ceux de sa faction sont déjà vendus, s'est prononcé avec le plus de chaleur contre le prince numide. Mais cette fois la somme est si forte qu'oubliant l'honneur et le devoir il se laisse entraîner dans le crime[a 7] ». Même Scaurus, alors princeps senatus et qui s'était montré très hostile au prince numide jusque-là, semble se laisser acheter. Jugurtha s'en sort avec un simulacre de reddition[6]. « Dès qu'à Rome la renommée a divulgué le dénouement des affaires d'Afrique et quels moyens l'ont amené, il n'est question en tous lieux et dans toutes les réunions que de l'étrange conduite du consul. Le peuple est dans l'indignation, les sénateurs dans la perplexité, incertains s'ils doivent sanctionner une telle prévarication ou annuler le décret du consul[a 8] ».
Un tribun de la plèbe, Caius Memmius, accuse le consul Calpurnius Bestia, Scaurus et d'autres aristocrates d'accepter des pots-de-vin du roi Jugurtha. Il convoque ce dernier à comparaître à Rome[a 8],[6].
Il conclut un traité d'amitié et d'alliance avec Leptis Magna[a 9],[7]. À la suite du décès de son collègue, il retourne à Rome pour organiser les élections pour l'année à venir[a 7],[7].
Procès pour corruption par Jugurtha (109)
Un autre tribun en 109, Caius Mamilius Limetanus, obtient qu'une commission soit mise en place pour juger ceux qui, dans leurs ambassades ou leurs commandements, ont reçu de l'argent de Jugurtha. Scaurus, malgré le fait qu'il soit membre du tribunal, assure aussi la défense de Bestia, qui est malgré tout condamné à l'exil par la commission[9],[a 1].
Il est accusé d'avoir encouragé les Italiens dans leur révolte et part en exil en 90[10] pour éviter la punition en vertu de la loi de Quintus Varius condamnant ceux qui secrètement avaient facilité aux alliés italiens l'accession à la citoyenneté[a 10],[a 11],.
Descendance probable
Deux autres personnages portent le nom de Lucius Calpurnius Bestia, et il peut donc s'agir de descendants du consul :
Un édile et candidat à la préture de l'an 57, qui est accusé de corruption et condamné, malgré le fait que Cicéron assure sa défense[a 15],[12]. En 43, il rejoint le parti de Marc Antoine apparemment dans l'espoir d'obtenir le consulat.
(en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume I, 509 B.C. - 100 B.C., New York, The American Philological Association, coll. « Philological Monographs, number XV, volume I », , 578 p.
(en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume II,