Originaire de La Ferrière, dans le même canton, elle est la fille de Berthold Alcide Vuille, un artisan horloger, boulanger[3], militant socialiste et syndicaliste, et de Marie Emma née Kneuss, qui a d'abord été femme au foyer avant de devenir vendeuse[1].
De 1907 à 1916, elle étudie à l'école primaire et l'école de commerce[1].
En 1916, Louisa Vuille travaille avec son père et entre la même année à l’école d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Là-bas, elle suit une formation de régleuse, un domaine alors réservé aux filles. Cependant, elle trouve inacceptable l'inégalité de durée d'apprentissage : tandis que les garçons bénéficient d'un cursus de quatre ans, le sien ne dure que deux ans[1]. Elle obtient son diplôme de régleuse en 1918[3].
Parcours professionnel
En 1918, Louisa Vuille s'installe à Genève avec sa famille, et elle commence à travailler comme ouvrière horlogère, d'abord aux côtés de son père, puis, jusqu'en 1968, pour diverses manufactures genevoises[1].
En 1929, elle est embauchée chez Rolex, dans la fabrique du passage du Terraillet. À partir de 1934, elle demande à travailler à mi-temps en raison des mauvaises conditions de travail et du salaire dérisoire attribué aux femmes par rapport aux hommes. Convaincue que cela ne vaut pas la peine de travailler davantage dans de telles conditions, elle sollicite l'intervention d'un inspecteur du travail. Cependant, cette démarche entraîne un retour à plein temps, considéré comme une mesure punitive. Face à cette situation, elle démissionne et trouve un emploi à mi-temps à la fabrique Niton[3].
De 1941 à 1943, séparée de son mari, elle réside à Annemasse, où elle transmet des lettres pour la Résistance française[1]. En 1944, à son retour à Genève, elle participe à la fondation du Parti suisse du travail (PdT)[1].
Après l'acceptation en 1961 du droit de vote et d'éligibilité des femmes à Genève, Louisa Vuille devient députée PdT au Grand Conseil genevois, où elle siège jusqu'en 1968. Elle se distingue notamment par son attention portée aux conditions de travail des apprentis et des jeunes ainsi qu'aux bas salaires[1].
De 1971 à 1978, elle est membre du Conseil municipal (législatif) de Vernier, où elle occupe le poste de présidente en 1975[1].
Fonctions syndicales ou associatives
Louisa Vuille rejoint en 1918 la Fédération suisse des ouvriers sur métaux et horlogers (FOMH), présidée par Konrad Ilg jusqu'en 1945. De 1947 à 1952, elle est la première présidente du groupe horloger de la FOMH, où elle affronte la discrimination de certains syndicalistes masculins[1].
De 1974 à 1977 et en 1980, Louisa Vuille préside la Fédération des clubs d’aînés du canton de Genève[1].
Vie privée
En 1932, Louisa Vuille se marie à Alfred Lamouille, commis, mais ils divorcent en 1944. Le couple n'a pas eu d'enfants[1].
↑ ab et cLaure Piguet, « Louisa Vuille » , sur 100 Elles* (consulté le )
↑Brigitte Studer, Un parti sous influence: le Parti communiste suisse, une section du Komintern, L'âge d'homme, , 818 p. (ISBN978-2-8251-0565-8, lire en ligne), p. 730
Jean-Marc Ducrot, Danielle Pousaz et Jacky Renier, Destin et volonté : Louisa Vuille,
Erica Deuber Ziegler et Nathalia Tikhonov, Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, S.Hurter, , 306 p., p. 265
100 elles, pour une féminisation de la mémoire collective genevoise, Genève, Association L'Escouade, , 200 p. (ISBN9782825711606), p. 96-97
Fonds d'archives
Archives d'État de Genève, Genève, Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie – FTMH (SMUV, FLMO) – Fédération des travailleurs sur métaux et horlogers.