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La dynastie Song (960-1279) est une dynastie impériale de Chine qui a succédé à la Période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes (907-960) et précédé la dynastie Yuan (1271-1368), qui renverse les Song en 1279. Cette dynastie est divisée deux époques, les Song du Nord (960-1127) et les Song du Sud (1127-1279), qui sont séparées par la conquête du Nord de la Chine par la dynastie Jin (1115-1234) en 1127. Entre ces deux périodes, la capitale impériale des Song passe de Bianjing (actuel Kaifeng) vers Li'an (actuel Hangzhou).
Cet article liste de façon complète les empereurs de la dynastie Song, avec leurs noms de temple, noms posthumes, noms de naissance et noms d'ères, ainsi qu'une courte description de leur règne. La dynastie est fondée par l'Empereur Song Taizu (r. 960-976) et prend fin avec le décès de Zhao Bing, connu après sa mort sous le nom de Weiwang (r.1278-1279). Le dernier Empereur des Song du Nord est Song Qinzong (r. 1126-1127), alors que le premier Empereur des Song du Sud est Song Gaozong (r. 1127-1162).
L'Empereur, également appelé huangdi, est le chef d'État suprême de l'ère impériale en Chine (-221 à 1912), dont fait partie la dynastie Song. Il est le dirigeant héréditaire qui partage le pouvoir avec des fonctionnaires civils nommés à divers niveaux de responsabilités, en fonction de leurs résultats aux examens impériaux. L'importance grandissante de la bureaucratie civile et de la bourgeoisie nationale durant les Song conduit l'Empereur à un rôle plus limité dans le choix de la politique intérieure, même s'il continue de maintenir son autorité aristocratique. Il possède le droit exclusif de promulguer de nouvelles lois, mais il doit toutefois respecter d'héritage juridique laissé par les empereurs des dynasties antérieures[1].
La dynastie Song est fondée par l'Empereur Song Taizu en 960, avant la réunification de la Chine historique, à l'exception des Seize préfectures. Les Song mènent un certain nombre de guerres avec la dynastie Liao (1125-1279), dirigée par l'ethnie des Khitans, pour la possession des Seize préfectures du Nord de la Chine[2]. Le régime Liao est renversé en 1125 par une alliance entre les forces Song et les Jurchens menés par l'Empereur Jin Taizong (r. 1123-1134). Cependant, les Jin brisent rapidement l'alliance et envahissent les territoires septentrionaux des Song[2]. Au cours de l'incident de Jingkang[3], les forces Jin capturent la capitale des Song, Kaifeng, en 1127, ainsi que l'Empereur Song Huizong (r. 1100–1126), alors Empereur retiré, son fils dirigeant en activité, l'Empereur Song Qinzong (r. 1126–1127)[4] et plusieurs membres de la cour impériale.
L'Empereur Song Gaozong (r. 1127-1162), fils de Huizong, parvient quant à lui à fuir vers le Sud et établit la dynastie Song dans la ville actuelle de Nankin[5]. Il proclame Hangzhou comme capitale temporaire en 1129, avant que la cité ne devienne capitale officielle de l'Empire en 1132[6]. Les Jin tentent en vain à plusieurs reprises de conquérir les Song du Sud. En 1165, l'Empereur Song Xiaozong (r. 1162-1189) et l'Empereur Jin Shizong (r. 1161-1189) signent un traité de paix entre les deux pays[7]. Les Song continuent de diriger la Chine du Sud jusqu'en 1279, date à laquelle la dynastie Yuan, menée par Kublai Khan, le Khagan des Mongols[8], envahit et renverse définitivement les Song. Le dernier dirigeant des Song est Zhao Bing, connu sous le nom posthume de Weiwang (r. 1278-1279). Il est tué lors de la bataille navale de Yamen, près de l'actuelle ville de Jiangmen, district de Xinhui, province de Guangdong[9].
Depuis la dynastie Qin (221-206 av. J-C) jusqu'à la dynastie Qing (1644-1912), le chef d'État est connu sous le nom de huangdi ou Empereur[10]. Dans les textes historiques chinois, les empereurs de la dynastie Song, tout comme ceux des dynasties Tang et Yuan, sont référencés par leurs noms de temple[11]. Avant la dynastie Tang (618–907), les empereurs sont généralement référencés dans les textes historiques par leurs noms posthumes[11]. Durant les dynasties Ming (1368–1644) et Qing, les empereurs sont exclusivement référencés dans les textes historiques par un unique nom de période, alors que les empereurs des dynasties précédentes, dont les Song, utilisent généralement plusieurs noms de périodes[12]. Le nombre de caractères écrits utilisées dans les noms posthumes croît sans interruption depuis la dynastie Han jusqu'à cette date. Ils deviennent donc ennuyeux pour le référencement des souverains[11]. Par exemple, le nom posthume de Nurhachi (r. 1616–1626), fondateur des Jin postérieurs (1616-1636) qui deviendra plus tard la dynastie Qing, contient pas moins de 29 caractères écrits[11]. Depuis la dynastie Tang, les noms de temple plus courts sont préférés pour le référencement des empereurs, une préférence qui est en application au cours de la dynastie Song[11]. Chaque empereur possède également un nom de tombe (Ling hao 陵號) et divers autres titres honorifiques[13].
En théorie, le pouvoir politique de l'empereur est absolu. Mais durant l'ancienne dynastie Han, celui-ci partage de nombreux pouvoirs exécutifs avec des fonctionnaires civils et base habituellement ses décisions sur le conseil et le consensus formel de ses ministres[15]. Au cours de la dynastie Song, un système national d'examens organisé par les bureaucrates érudits est utilisé pour recruter les fonctionnaires. Les candidats qui réussissent l'Examen de niveau Palais (le plus haut niveau d'examen dans le pays) sont nommés directement par l'empereur aux plus hautes fonctions du gouvernement central[16]. Comme les roturiers, ces fonctionnaires aguerris doivent obéir à ses décrets sous peine d'être punis[1]. Cependant, les fonctionnaires aguerris ne défient pas seulement l'empereur sur des différends politiques, mais ils influencent son comportement en le convaincant de suivre les coutumes et valeurs confucianistes, confirmés par les lettrés de la bourgeoisie qui supportent les fonctionnaires[17].
Durant la précédente dynastie Tang, l'empereur encourage généralement une petite opposition à sa politique. À cette époque, les concours des examens impériaux ne produisaient pas une forte majorité de fonctionnaires en service comme on le voit sous les Song[18]. Une aristocratie héréditaire est alors en place et reste dans la cour pour les privilèges accordées à leur rang et à leur fonction[19]. Désormais, les dirigeants Song, en particulier l'empereur Song Huizong, encouragent encore plus l'opposition politique, malgré les tentatives de conformer toute la société comme à l'époque des rois sages de la Chine ancienne. L'incapacité des dirigeants Song à monopoliser l'autorité politique et à empêcher l'opposition civile est liée à l'expansion du pouvoir du gouvernement civil et à la montée de l'influence de la bourgeoisie et des fonctionnaires érudits[20].
Lorsque la dynastie Song est fondée, les élites politiques sont constituées de fonctionnaires (et de leur descendance) qui ont précédemment servi dans les précédentes administrations de la période des Cinq Dynasties, mais également de fonctionnaires de familles importantes qui possèdent un ancêtre aristocrate et qui fournissent des fonctionnaires depuis plusieurs générations[21]. Alors que les premiers empereurs Song souhaitent éviter la domination du gouvernement par les importants hommes militaires comme les jiedushi de la précédente époque, ils limitent le pouvoir des officiers militaires et se concentrent sur la construction d'un puissant ordre civil[22]. Au cours du XIe siècle, l'expansion massive du système éducatif dirigé par le gouvernement et le nombre de fonctionnaires nommés par les examens impériaux assurent l'influence croissante d'une plus grande classe de bourgeoisie nationale qui fournit la plupart des fonctionnaires[23]. À la fin du XIe siècle, la stratégie du mariage des élites de la part de plusieurs familles puissantes tombe en désuétude à cause des réformes de la Nouvelle Politique (Xin fa 新法) du Premier Ministre Wang Anshi (1021–1086). Ces grandes familles ne constituent plus un groupe sociopolitique important et sont remplacées à travers tout le pays par des fonctionnaires représentant la bourgeoisie locale[24].
Peter K. Bol, Professeur de Langues et Civilisations d'Asie Orientale à l'Université d'Harvard, affirme que les partisans de Wang, un activiste pour un gouvernement central exposé dans sa Nouvelle Politique, sont convaincus de sa connaissance des idéaux politiques de l'époque des Zhou occidentaux (1050 av. J.-C. – 771 av. J.-C.) et de l'Antiquité et sont déterminés à ajuster la société chinoise à sa vision. L'empereur marginalisé —le dernier aristocrate possédant un vrai pouvoir politique— embrasse le rêve de la société harmonieuse construite par les rois sages des temps anciens grâce à des cérémonies rituelles et des réformes politiques[20]. Pourtant, après le règne de Huizong, les dirigeants et fonctionnaires Song méprisent la Nouvelle Politique et se focalisent plutôt sur la réforme de la société via une approche plus locale[20]. Par exemple, Huizong tente entre 1007 et 1120 d'empêcher quiconque qui n'a pas suivi une école gouvernementale d'occuper un poste public. Il rejette donc quiconque ne possédant pas de connaissances sur son idéologie confucianiste[25]. Cependant, les écoles gouvernementales des Song du Sud perdent finalement leur importance au profit des académies privées[26]. Avant même le règne de Huizong, Sima Guang (1019-1086), un important Premier Ministre et rival politique de Wang Anshi, minimise le rôle de l'empereur dans la conduite des réformes majeures et de la politique publique. Selon lui, l'empereur se contente de proclamer des nominations quand cela est nécessaire[27].
Les empereurs ont la possibilité d'être actifs ou totalement absents des affaires militaires et politiques et sont toujours libres de se consacrer aux études, aux cultes, aux passe-temps ou aux femmes à la place. Cependant, Frederick W. Mote affirme dans son livre Imperial China: 900-1800 que la plupart des empereurs Song — qui ont passé la plupart de leurs enfances confinés et isolés dans un luxueux palais — sont des conformistes distants détachés de la réalité et dépendent donc de la bureaucratie pour administrer le gouvernement[28]. Bien que la conception générale veut que la cour des Song exerce le plus haut degré de retenue et de courtoisie à l'égard des fonctionnaires civils, le nouveau protocole de traitement des déférents instauré par les fonctionnaires pour l'empereur lors des conférences et autres réunions rompt le contact étroit entre l'empereur et ses ministres[29].