L'essentiel de la vie et de la carrière de Ligier Richier s’est déroulé dans les duchés de Lorraine et de Bar, alors indépendants. La première mention de l'artiste date de 1530[1], lorsque le duc Antoine de Lorraine s’attacha ses talents. En 1543, il devint syndic de la ville de Saint-Mihiel.
Converti au protestantisme, il adressa au jeune duc Charles III de Lorraine une pétition réclamant le libre exercice de la religion réformée, puis quitta la Lorraine vers 1563 et s’exila à Genève, où il mourut en 1567.
Les liens, souvent évoqués, entre Ligier Richier et Michel-Ange, ainsi que ses possibles voyages en Italie, ne semblent pas étayés par les documents historiques et appartiennent probablement à la légende.
La statue de Saint-Mihiel est dédiée à Ligier Richier, à Gérard Richier, son fils, également sculpteur, et à ses petits-enfants Jean-Joseph et Jacob ; ainsi qu'à l'école de Saint-Mihiel.
Œuvres
L’œuvre de Ligier Richier est essentiellement d’inspiration religieuse. En l’absence de signature, ce sont des comparaisons stylistiques qui ont permis d’attribuer à ce sculpteur la plupart des œuvres actuellement reconnues. La particularité du sculpteur est cette précision de la taille des visages et la finesse du drapé sur la pierre.
C’est en partie grâce au récit, aujourd’hui disparu, du marchand champenois, Nicolas Chatourup (ou Chatonrupt)[2], que l’on peut dater et identifier certaines œuvres. Ce dernier s’était rendu en 1532 en pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port et, passant par Bar-le-Duc et Saint-Mihiel, raconte avoir vu dans chaque ville un groupe de statues du sculpteur Ligier Richier.
Ligier Richier a travaillé la pierre, le bois et la terre cuite, et a mis au point un procédé de traitement à la cire (« encaustiquage ») pour donner au calcaire de Lorraine l’apparence du marbre, comme celui qu’il a utilisé pour le gisant de Philippe de Gueldre.
Le Retable de la Passion, œuvre polychrome de l’église de Hattonchâtel (1523). L’attribution à Ligier Richier n’est pas certaine. Il peut s’agir d’une œuvre de jeunesse ou encore d’une commande à laquelle participe le jeune Ligier ou simplement d’un modèle qui l’aura inspiré[3].
La Dame de Génicourt en l’église de Génicourt-sur-Meuse
Le département de la Meuse a créé la « route Ligier Richier » sous forme d’un circuit touristique de découverte de l’artiste, de Bar-le-Duc à Étain, passant par Saint-Mihiel.
↑Pierre Simonin, Un imagier lorrain contemporain de Ligier Richier, 1re partie, Pays lorrain, 1971, p. 160.
↑ a et bPierre Simonin, Un imagier lorrain contemporain de Ligier Richier, Seconde partie, Pays lorrain, 1972, p. 26.
Bibliographie
Auguste Lepage, Ligier Richier, librairie de l'Académie des Bibliophiles, 1868, 27 p.
Paul Denis, Le Maître de Saint-Mihiel : recherches sur la vie et l’œuvre de Ligier Richier, Thèse : Lettres : Nancy, 1905-1906, 325 p.
Paul Denis, Ligier Richier : l’artiste et son œuvre, Berger-Levrault, Paris-Nancy, 1911
Ligier Richier et la sculpture en Lorraine au XVIe siècle : catalogue d’exposition, Musée de Bar-le-Duc, -, 104 p.
Michèle Beaulieu, Ligier Richier (vers 1500-1567) : Chronologies et attributions, Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1986, p. 7-23
Bernard Noël, Paulette Choné, Ligier Richier : La Mise au tombeau de Saint-Mihiel, photographie Jean-Luc Tartarin, Metz, S. Domini Éd., 1999, 63 p., (ISBN9782912645173)
Bernard Prud'homme, Ligier Richier, photographies François Janvier, Gérard Coing, Olivier Dancy, éditeur Serge Domini, 2016, 64, p., (ISBN9782354751104)
Le « Sépulcre », en l’église Saint-Martin de Pont-à-Mousson, mise au tombeau à treize personnages datant du tout début du XVe siècle et ayant probablement influencé le sculpteur dans sa mise en scène.