Cet article est une ébauche concernant l’Europe et les relations internationales.
Les Conséquences politiques de la paix est un ouvrage écrit en 1920 par Jacques Bainville, dans lequel est dénoncé le traité de Versailles de 1919 en ces termes célèbres :
Il y estimait que ce traité laissait l'Allemagne beaucoup trop puissante, tout en lui laissant trop de motifs pour le rompre :
Visionnaire, Bainville y décrit le processus de déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, à savoir l'annexion de l'Autriche par le Reich, la crise des Sudètes avec la Tchécoslovaquie, et un pacte germano-russe contre la Pologne[3],[4],[5]. Profondément anticommuniste et anti-allemand, il eut une prémonition de l'avenir du XXe siècle qui a été dans une large mesure vérifiée avec la Seconde Guerre mondiale : « il s'agit d'une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur, et trop dure pour ce qu'elle a de doux ».
Selon le professeur Seamus Dunn, quiconque relit aujourd'hui Les Conséquences politiques de la Paix sera « profondément impressionné par la clarté de la vision de Bainville et l'exactitude des prédictions qu'il fit[6] ». L'historien Édouard Husson, tout en soulignant certains postulats erronés, qualifie cet ouvrage de Bainville de « chef-d’œuvre de l’analyse géopolitique[7] ». En 1995, Les Conséquences politiques de la Paix est réédité aux éditions de l'Arsenal, avec une préface de Jacques Laurent et une postface de Jacques Rupnik. Dans sa critique pour Politique étrangère, Bernard Cazes salue la réédition de cet ouvrage, « depuis longtemps introuvable », et le décrit comme « stupéfiant de lucidité ». D'après lui, la mise en garde de Bainville, qui n'était pas un homme politique membre du gouvernement est « supérieurement argumentée » mais manquait malheureusement de recommandations pratiques pour lutter contre cette menace allemande. Il s'accorde avec Jacques Rupnik pour rappeler, avec la disparité du poids de l'Allemagne dans l'Union européenne, l'actualité de la problématique bainvillienne[8]. Selon François Furet, Bainville fut, avec John Maynard Keynes, « l'un des critiques les plus lucides » du traité de Versailles[9].
Cependant, Margaret MacMillan, l'auteur d'un ouvrage « de référence » sur la naissance du monde contemporain mentionnant le traité de Versailles et la refonte de l'ordre politique mondial opérée autour de 1919, Les Artisans de la paix, paru dans son édition française en 2006, ne juge pas utile de mentionner Bainville dans son texte ou même dans une copieuse bibliographie de quatorze pages[10][source secondaire nécessaire].