Quinze chercheurs occidentaux et tibétains présentent dans cet ouvrage des informations qu'ils considèrent aussi précises et objectives que possible. Les enjeux des affrontements entre les intervenants donnent le titre de ces études : Le Tibet est-il chinois ?[2].
Origine
La genèse de l'ouvrage est liée à une réaction de spécialistes occidentaux à la publication en 1988 d'un pamphlet chinois intitulé Le Tibet, cent questions et réponses[3]. Ce document affirmait présenter le résultat des recherches des tibétologues chinois sur les points controversés de l'histoire tibétaine et de la politique chinoise au Tibet. Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, les éditrices, ont conservé le plan du pamphlet et ont placé en regard des réponses des savants chinois celles des savants occidentaux pour chacun des thèmes traités[4],[5].
Présentation et synthèse
Les sujets traités sont vastes, des croyances religieuses à l'éducation, du développement économique à la politique envers le dalaï-lama, de la folklorisation de la culture tibétaine aux émeutes de Lhassa.
A - Faits historiques ;
B - Questions des droits de l’homme ;
C - La politique envers le dalaï lama ;
D - Problème démographique ;
E - Les droits autonomes ;
F - Culture et éducation ;
G - Développement économique ;
H - Les émeutes de Lhassa.
L'ouvrage s'articule autour de deux axes; d'une part l’histoire du Tibet et d'autre part sa situation actuelle[6].
Histoire du Tibet
La partie historique est construite autour de la puissance militaire de l'empire tibétain du VIIe au IXe siècle, d’une réflexion sur la date avancée par les Chinois du début de l’appartenance du Tibet à la Chine et de la définition tibétaine des relations internationales, y compris celles avec la Chine. Cette partie se termine par une réfutation des arguments utilisés par les autorités chinoises pour justifier l'« invasion du Tibet » et le rappel du soulèvement tibétain de 1959[6].
Situation actuelle
La deuxième partie de l’ouvrage traite la situation actuelle du Tibet. À l’argumentation chinoise qui veut que la société tibétaine se soit développée vers plus de justice et d’équité, les chercheurs occidentaux répondent par diverses observations. Pour la Chine, il est impératif de montrer pour les autorités chinoises que le Tibet était féodal et répressif. Si les Tibétains s’accordent à dire que la société traditionnelle était inéquitable, il existe peu de preuves d’une oppression. Mais aussi, selon les Chinois, la religion bouddhiste serait florissante au Tibet ; or certains témoignages et textes politiques chinois semblent démontrer le contraire[6].
Katia Buffetrille est une ethnologue et tibétologue française, spécialiste de la culture tibétaine. Elle travaille à l’École pratique des hautes études (EPHE 5e section). Sa thèse de doctorat a porté sur les Montagnes sacrées, lacs et grottes : lieux de pèlerinage dans le monde tibétain. Traditions écrites. Réalités vivantes (Num. national de thèse : 1996PA100065).
Robert Barnett est un tibétologue anglais. Il est actuellement chercheur à la School of International and Public Affairs à l'université Columbia et dirige la Modern Tibetan Studies Program[8]. En 1987, il a cofondé à Londres le Tibet Information Network (TIN), un organisme de recherche et d'information qu'il a dirigé jusqu'en 1998. De 2000 à 2006, il dirige le programme estival annuel pour les étudiants étrangers à l'université du Tibet à Lhassa.
Terry Cannon, sociologue du développement lecteur à l'université de Greenwich à Londres, est un spécialiste des questions de développement régional et des minorités nationales en Chine[9].
Amy Heller est une tibétologue et historienne de l'art suisse. Elle est notamment l'auteur du livre Art et Sagesse du Tibet qui explicite l'art et l'histoire culturelle du Tibet des années 700 à 2000 de notre ère.
Janet Gyatso, de nationalité américaine, est professeur au département des religions de l'université Harvard, spécialiste de la religion tibétaine. Elle a travaillé plus particulièrement sur la littérature visionnaire, l'histoire culturelle et l'écriture des autobiographies religieuses[10].
Samten G. Karmay est directeur de recherche au CNRS et il a fait ses études monastiques au Tibet. Il est spécialiste du bön (religiontibétaine préexistant au bouddhisme) et des manifestations religieuses populaires.
Fernand Meyer est directeur d'études à l'École pratique des hautes études et responsable de l'équipe du CNRS « milieux, société et culture en Himalaya ». Cet anthropologue et tibétologue s'est spécialisé dans la médecine tibétaine traditionnelle.
Helga Uebach de l'université de Munich est docteur en philosophie. Elle participe au projet du Dictionnaire de tibétain écrit du Comité d'études centre-asiatiques de l'Académie bavaroise des sciences.
Lectures critiques
L'universitaire Fabienne Jagou considère que « tout lecteur désireux d’approcher l’histoire du Tibet sera comblé de trouver une analyse et une réflexion historiques sur un aussi grand nombre de thèmes, en contrepoint des rhétoriques de la propagande chinoise sur le Tibet »[6].
Françoise Aubin, chercheuse du CNRS, précise que 15 spécialistes du Tibet se sont réunis pour analyser et décortiquer les argumentations des autorités chinoises. « Les démonstrations sont savoureuses comme les épisodes d’un roman policier ». Les conclusions pour chaque sujet sont « irréfutables »[12].
Isabelle Charleux, chargée de recherche au CNRS et rattachée à l’École doctorale de l’EPHE[13], indique que l'ouvrage est d'une lecture simple, offrant des « réponses honnêtes et solidement argumentées » et facilement accessible à un large public[14].
Publiée six ans après la version française, cette édition en anglais tient compte de la réédition en 2001 du livre blanc chinois, remis à jour et largement modifié par rapport à l'édition de 1989[15].