Un lamprophyre (du grec λαμπρός/lamprós, « brillant », et φύρω/phýro, « mélanger ») est une roche magmatiquefilonienne, ferromagnésienne (mafique) et potassique, à texture microgrenue. Le terme a été proposé pour la première fois par K.W. Gümbel en 1874 [1] pour "des roches filoniennes sombres riches en mica noir (biotite et/ou phlogopite) et en feldspath". En 1896, H. Rosenbusch (Mikroskopiche physiographie der mineralien und gesteine; Vol. II: Massige gesteine; Schweizbart, Stuttgart; 3rd ed.) a étoffé cette famille en y ajoutant les lamprophyres à amphibole. A cette époque, le groupe des lamprophyres est constitué des quatre types de roches suivants : les kersantites, les spessartites, les minettes et les vogesites, en fonction du type de feldspath (principalement du plagioclase pour les deux premiers types ; du feldspath alcalin pour les deux autres), qui accompagne soit le mica noir (kersantites et minettes), soit l'amphibole (spessartites et vogesites). À ces quatre types historiques, s'est ajoutée une variété plus alcaline et titanifère : les camptonites.
Outre les minéraux listés ci-dessus, cette famille de roche peut également contenir du clinopyroxène, de l'olivine, généralement altérée, de l'apatite et des carbonates.
Les filons de lamprophyre se mettent généralement en place lors des derniers épisodes magmatiques des orogenèses (phases distensives tardi-orogéniques ou post-orogéniques, correspondant aux derniers stades de la formation d'une chaîne de montagne)[2],[3],[4]. Mais on en rencontre parfois, plus rarement, en contexte collisionnel franc (par exemple à l'ouest du Massif Armoricain[5] ou dans le Massif de Bohème[6]).
Variétés
Selon la nature des cristaux présents, on distingue :
la spessartite (terme dérivé de Spessart, massif montagneux allemand), à plagioclase et amphibole ;
la camptonite, variété alcaline.
On trouve ces roches en filon de quelques centimètres à quelques mètres d'épaisseur dont le cœur contient parfois des enclaves. Ces filons sont associés à des microsyénites[4], des microgranites[5] ou à des microgranodiorites[5].
Étymologiquement, la racine grecque λαμπρός, lampros (clair, éclatant) dans lamprophyre est la même que l'on retrouve dans une autre roche appelée lamproïte.
Notes et références
↑K.W. Gümbel, Die palāolithischen eruptivgesteine des Fichtelgebirges; Franz, Munich, 1874
↑Christian G Soder et Rolf L Romer, « Post-collisional Potassic–Ultrapotassic Magmatism of the Variscan Orogen: Implications for Mantle Metasomatism during Continental Subduction », Journal of Petrology, vol. 59, no 6, , p. 1007–1034 (ISSN0022-3530, DOI10.1093/petrology/egy053, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Jennifer Paige Owen, « Geochemistry of lamprophyres from the Western Alps, Italy: implications for the origin of an enriched isotopic component in the Italian mantle », Contributions to Mineralogy and Petrology, vol. 155, no 3, , p. 341–362 (ISSN1432-0967, DOI10.1007/s00410-007-0246-0, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en) « Petrogenesis of late-Variscan high-K alkali-calcic granitoids and calc-alkalic lamprophyres: The Aber-Ildut/North-Ouessant complex, Armorican Massif, France », Lithos, vol. 238, , p. 140–155 (ISSN0024-4937, DOI10.1016/j.lithos.2015.09.025, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et c(en) « Kersantites and associated intrusives from the type locality (Kersanton), Variscan Belt of Western Armorica (France) », Gondwana Research, (ISSN1342-937X, DOI10.1016/j.gr.2021.06.004, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Lukáš Krmíček, Rolf L Romer, Martin J Timmerman et Jaromír Ulrych, « Long-Lasting (65 Ma) Regionally Contrasting Late- to Post-Orogenic Variscan Mantle-derived Potassic Magmatism in the Bohemian Massif », Journal of Petrology, vol. 61, no 7, , egaa072 (ISSN0022-3530 et 1460-2415, DOI10.1093/petrology/egaa072, lire en ligne, consulté le )