La Voyante – ou La Somnambule – est un tableau réalisé par le peintre français Gustave Courbet signé et daté 1855 (ou 1865).
Description
Cette huile sur toile représente un portrait en buste d'une jeune femme, dont l'identité est débattue : le modèle est peut-être Juliette Courbet, la plus jeune sœur de l'artiste.
La tête de la femme y figure de face, légèrement inclinée vers le bas, mais le visage surgissant en clair-obscur d'un fond sombre. Son regard semble de prime abord relevé et fixé le spectateur, mais il apparaît finalement comme vide, observant vers une sorte d'au-delà. Ce regard dans le vide, voulu par le peintre questionne et raisonne avec le double titre de l'œuvre : figure-t-il une vision, ou une crise de somnambulisme ?
Le tableau a été exécuté sur une toile de récupération, selon une habitude courante chez Courbet.
Les titres donnés au tableau indiquent bien qu'il n'est pas dans l'intention de l'artiste de se contenter ici d'un innocent portrait mais plutôt de livrer une jeune femme en communication avec l'au-delà, douée de quelque pouvoir magnétique, abîmée dans d'impénétrables pensées[1].
Robert Fernier (1977) et Pierre Courthion (1986), y voient la date de « 65 » inscrite en rouge au pinceau. Le premier estimait que le tableau aurait pu avoir été inspiré par l'opéra La sonnambula de Vincenzo Bellini (et non Gaetano Donizetti) donné au Théâtre italien de Paris en 1862, avec dans le rôle d'Amina, Adelina Patti. Une analyse à la loupe tendrait à montrer qu'il faut y lire « 55 ». Cependant, Courbet a pris l'habitude d'antidater certains de ses tableaux[2]. Cette question de la datation est d'autant moins certaine, que dans une lettre à Alfred Bruyas, datée du 18 février 1867, Courbet explique à son mécène qu'il compte envoyer, non pas au Salon, mais à l'exposition universelle, à Paris, quatre tableaux dont... La Voyante qui fasse pendant à un autre, plus ancien, ce qui laisse place au doute[3], doute accentué par une confusion possible avec une esquisse de ce même tableau (aujourd'hui perdue). Dans sa correspondance, Courbet mentionne La Voyante ou La Somnambule à plusieurs reprises : en 1866 — à Amsterdam, le tableau reçoit une médaille d'or —, et encore deux fois en 1873, quand il écrit de Suisse, à son marchand parisien Alphonse Legrand[4].
Le tableau est vendu par Juliette Courbet lors de la grande vente de l'atelier de son père en 1881 au père d'Élisée Cusenier (1851-1928)[5] ; ce dernier, mécène bisontin, le lègue par testament au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, en 1934.
Notes et références
- ↑ Selon Matthieu Pinette et Françoise Soulier-François, in: De Bellini à Bonnard. Chefs d'œuvre de la peinture du musée de Besançon, Paris, Pierre Zech Editeur, 1992, p. 180.
- ↑ « Numéro 438 », in: Robert Fernier, La Vie et l'œuvre de Gustave Courbet. Catalogue raisonné, Lausanne/Paris, Fondation Wildenstein - La Bibliothèque des arts, tome I, 1977, p. 240 — en ligne.
- ↑ Petra ten-Doesschate Chu, Correspondance de Courbet, Paris, Flammarion, 1996, p. 270.
- ↑ Petra ten-Doesschate Chu, 1996, p. 601.
- ↑ Tableau exposé à Besançon en 1897, base salon du musée d'Orsay.
Liens externes
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- Juliette Courbet âgée de dix ans (vers 1841)
- Autoportrait au chien noir (1842)
- Portrait de Juliette (1842)
- Portrait de Zélie Courbet (vers 1842)
- Portrait présumé d'une jeune fille d'Ornans (1842)
- Le Désespéré (1843-1845)
- Portrait de Juliette Courbet (1844)
- La Bacchante (1844-1847)
- Les Amants heureux (1844)
- Les Falaises de l'Essart-Cendrin (1847)
- Portrait de Charles Baudelaire (1848)
- L'Après-dînée à Ornans (1849)
- Les Casseurs de pierres (1849)
- L'Homme à la pipe (vers 1849)
- Un enterrement à Ornans (1850)
- Autoportrait (vers 1850)
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- Madame Auguste Cuoq (1852)
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- Les Baigneuses (1853)
- La Fileuse endormie (1853)
- Lutteurs (1853)
- Autoportrait dit au col rayé (1854)
- Bonjour Monsieur Courbet (1854)
- Le Bord de mer à Palavas (1854)
- L'Homme blessé (1844-1854)
- Les Cribleuses de blé (1854)
- L'Atelier du peintre (1855)
- La Voyante (vers 1855)
- Portrait de Louis Gueymard (1857)
- Les Demoiselles des bords de la Seine (été) (1857)
- La Curée (1857)
- Baigneuses (1858)
- Le Repas de chasse (1858)
- Le Chasseur allemand (1859)
- La Forêt, l'hiver (1860)
- Le Renard dans la neige (1860)
- Le Renard pris au piège (vers 1860)
- Le Cerf à l'eau (1861)
- Femme nue au chien (1861-1862)
- Bouquet de fleurs dans un vase (1862)
- Femme nue couchée (1862)
- La Source (1862)
- Le Treillis (1862)
- La Source de Léri (1863)
- La Source de la Loue (série, 1863-1864)
- La Femme au chat (1864)
- La Femme aux bas blancs (1864)
- Le Chêne de Flagey (1864)
- Le Gour de Conche (1864)
- La Réflexion (1864)
- Le Bateau de pêche (1865)
- Le Coup de vent (vers 1865)
- Femme couchée (1865)
- Proudhon et ses enfants (1865)
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- Le Ruisseau du Puits noir (vers 1865)
- Une papeterie à Ornans (vers 1865)
- La Vallée de la Loue (1865)
- Jo, la belle Irlandaise (série, 1865-1866)
- L'Origine du monde (1866)
- Remise de chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine (1866)
- Le Sommeil (1866)
- La Femme au perroquet (1866)
- Paysage de neige dans le Jura, avec chevreuil (1866)
- La Remise des chevreuils en hiver (1866)
- Le Cerf dans la forêt (1867)
- Chasseurs dans la neige (1867)
- Le Chevreuil chassé aux écoutes, printemps (1867)
- La Dame aux bijoux (1867)
- L'Hallali du cerf (1867)
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- Portrait de Paul Chenavard (1869)
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