Il peut s'agir d'intégrer ces personnages comme acteurs principaux ou secondaires du récit, ou d'aborder des thématiques, telles que l'exploration de la sexualité ou du genre, s'écartant de l’hétéronormativité.
L'autrice Émilie Notéris note que la place des personnages LGBT dans les littératures de l'imaginaire varie grandement en fonction des auteurs : dans une grande partie de la science-fiction, ceux-ci sont relégués à être des personnages négatifs et répoussoirs, tels que le baron Harkonnen dans Dune[5]. Les auteurs eux-mêmes queers, tels que les français Francis Berthelot ou Lizzie Crowdagger, écrivent des personnages homosexuels ou trans triomphant en réaction à ces clichés narratifs[3],[6].
Vampires
Les littératures de l'imaginaire intègrent dès leurs origines des relations entre femmes ; au XIXe siècle, le modèle suivi correspond au couple monstre séductrice / innocente victime, en particulier vampire/humaine, tels que Christabel de Samuel Coleridge ou Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu[6]. Dans ce genre où le lesbianisme est prétexte soit à l'expression d'angoisses masculines quant à la puissance des femmes, forcément monstrueuses, soit comme élément d'un refus de la féminité douce et soumis, des autrices lesbiennes parviennent à subvertir ces récits : ainsi, Lizzie Crowdagger, dans Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), refuse de tuer ses personnages lesbiens et trans, et utilise plutôt le vampirisme comme métaphore du lesbianisme comme vie surnaturelle et collective, en opposition à la vie normale et hétérosexuelle[6].
Fonctions
Si la science-fiction et la Fantasy sont traditionnellement des genres destinés à un lectorat masculin[7], ce sont aussi des vecteurs d'imagination et de liberté pour les lecteurs. Par exemple cette liberté peut constituer un support pour examiner les préjugés sexuels, en invitant le lecteur à reconsidérer ses hypothèses culturelles hétéronormatives[6]. Notamment, la science-fiction féministe présente des exemples d'utopies féministes et lesbiennes[8].
Notes et références
↑Donna R. White, Dancing with Dragons: Ursula K. Le Guin and the Critics, Columbia, South Carolina, USA, Camden house, (ISBN978-1-57113-034-1)
↑ abcd et eManon Berthier, « Mauvais genres ; 1924 ? - 2022, écrire le lesbianisme dans les littératures de l'imaginaire », dans Ecrire à l'encre violette (ISBN979-10-318-0516-0)
HJALTESTED, Helga Rún. Queer Magicians: An Analysis of The Magicians through Queer and Fantasy Literature Theory. Thèse de doctorat, 2021
SHARP, Sabine R. Monsters, Time-Travel, and Aliens: Tracing the Genealogies of 'Trans' through Feminist Science Fiction Writing and Film. The University of Manchester (United Kingdom), 2021.
KENNEALLY, STEPHEN CHRISTOPHER. Queer be dragons: Mapping LGBT fantasy novels 1987-2000. 2016. Thèse de doctorat. Trinity College Dublin.
PEARSON, WENDY GAY, VERONICA HOLLINGR, and JOAN GORDON, eds. Queer Universes: Sexualities in Science Fiction. 1st ed. Vol. 37. Liverpool University Press, 2008. http://www.jstor.org/stable/j.ctt5vjcss.
Manon Berthier, Ecrire à l'encre violette, Paris, Le Cavalier bleu, (ISBN979-10-318-0516-0) : partie "Mauvais genres 1924 ?-2022, écrire le lesbianisme dans les littératures de l'imaginaire".
Ketty Steward, Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction, Rennes, Les Éditions de l'Inframonde, (ISBN9782958768201), pages 50-63, chapitre "Des genres troubles".
Deshane, Evelyn. "Crossing the (trans) gender bridge: Exploring intersex and trans bodies in Canadian speculative fiction." Canadian Science Fiction, Fantasy, and Horror: Bridging the Solitudes (2019): 203-218.
GOMEZ, Jewelle. Speculative fiction and black lesbians. Signs: Journal of Women in Culture and Society, 1993, vol. 18, no 4, p. 948-955.