Armand Salacrou écrit cette pièce en s'inspirant d'un fait divers réel[1] : accusé d'agression sexuelle, un industriel âgé, qui produit la liqueur Lenoir, est poussé au suicide par sa famille, afin d'échapper au scandale. Mais l'aïeul n'est pas de cet avis...
Le texte de la pièce est publié par Gallimard en 1948[2], réédité en livre de poche en 1970[3].
Création au Théâtre Montparnasse en 1947
Charles Dullin met en scène et interprète le rôle principal de la pièce.
La pièce est très bien accueillie tant par la critique que par le public. Ainsi Jean Gandrey-Rety écrit dans Franc-Tireur[4] : « Du pur vaudeville, d'une bouffonnerie irrésistible, d'un mouvement qui ne faiblit pas. Personne n'est mort dans la sainte famille... Un dénouement à la Molière. avec intervention d'un Scapin de grande maison, couronne cette farce qu'Armand Salacrou, de toute sa verve, de toutes ses griffes, truffe d'aphorismes, de maximes sur la mort et sur la vie, sur l'heur et le malheur des hommes. Voir Charles Dullin, Marguerite Jamois, Pierre Bertin, la noble Loleh Bellon, Camille Fournier, Jacques Dufilho, enchaîner sur cette farce qui avait débuté en comédie de caractères, cela vaut la peine, je vous assure. »
La pièce est donnée jusqu'au 18 avril 1948 puis, à partir de novembre, part pour une longue tournée avec les Galas Kersenty. De retour à Paris la pièce est donnée au théâtre de Paris à partir du . Le 30 avril c'est la dernière apparition de Charles Dullin sur scène[5].
La pièce est reprise, dans la mise en sccène de Charles Dullin au Théâtre Montparnasse. La critique est moins enthousiaste que lors de la création. Bertrand Poirot-Delpech écrit dans Le Monde[6] : « en quinze ans le penseur a moins bien vieilli que le boulevardier. Cette histoire de gros bourgeois de province prêts à tuer un grand-père lubrique pour sauver leur réputation et celle de l'usine familiale d'un procès scandaleux a gardé ses ressources de comique mécanique et de satire mordante. L'hypocrisie des deuils bien pensants chère à Regnard et à Becque est exploitée ici avec une fantaisie macabre du meilleur style britannique, et la caricature haineuse de toutes les maffias Lenoir porte au rire franc, fût-ce au prix d'une catharsis plutôt suspecte. »