Josiane Boutet est une linguiste française. Elle figure parmi les fondateurs de la sociolinguistique en France à la fin des années 1970. Elle est connue notamment pour ses travaux en éducation et sur la part langagière du travail, mais aussi sur l'histoire et l'épistémologie de la sociolinguistique.
Biographie
Josiane Boutet est née le 16 mars 1947 à Paris. Elle est la fille du syndicaliste ouvrier Georges Boutet[1], dont elle poursuit l'engagement militant toute sa vie, au Mouvement de Libération des Femmes en 1971 puis au Planning Familial à partir de 1973. Étudiante à la Sorbonne dans les années 1960, elle est une des cadres de l'UNEF de 1964 à 1968. Elle rejoint la CFDT en 1972, organisation dont elle rejoint les instances dirigeantes en 1975. Elle est également membre du Parti Communiste Français de 1966 à 1968.
Intellectuellement, dans le cadre de ses études elle suit une formation à l'Institut de Phonétique de Paris en 1966-1967. Elle soutient en 1977 une thèse en linguistique sous la direction d'Antoine Culioli, puis un doctorat d'État également sous la direction d'Antoine Culioli. Elle est ensuite Maître Assistante à l'Université Paris VII, puis Professeure à l'IUFM de Paris, institution rattachée à l'Université Paris IV[2].
Travaux
Josiane Boutet est l'une des fondatrices de la sociolinguistique en France dans les années 1970. Elle figure notamment parmi les fondateurs de la revue Langage & Société en 1976[3],[4], qui reste la principale revue francophone de sociolinguistique et d'analyse du discours[5],[6] et qu'elle a dirigée de 2005 à 2021. Créatrice avec Pierre Fiala et Jenny Simonin-Grumbach en 1976 de la notion de pratique langagière[7],[8] en réaction aux approches du langage comme simple reflet du monde social, elle a développé une approche résolument matérialiste du langage en société[9].
Outre ses nombreux travaux sur l'épistémologie et l'histoire de la discipline en France, elle est principalement connue pour ses travaux sur la part langagière du travail d'une part, et d'autre part pour son travail sur les questions langagières à l'école.
Le travail de Josiane Boutet sur la part langagière du travail est largement pluridisciplinaire, regroupant des chercheurs en sociologie, psychologie, ergonomie, sciences du langage, de gestion, et de l’information et de la communication[10]. Le groupe de travail "Langage & Travail" est fondé en 1987 à l'École Polytechnique par Josiane Boutet, la sociologue Annie Borzeix, le sociolinguiste Bernard Gardin, la chercheuse en communication Michèle Lacoste, et le chercheur en management Jacques Girin.
Bibliographie non exhaustive
Ouvrages
Avec Genevière Vermes (1987). France, pays multilingue. 2 tomes. Paris: L'Harmattan.
(1994, 1997). Construire le sens. Bern, Berlin: Peter Lang.
(1995). Paroles au travail. Paris: L’Harmattan.
Avec Jacques Kergoat, Danièle Linhart & Henri Jacot (1998, 1999). Le monde du travail. Paris: La Découverte.
(2008). La Vie Verbale Au Travail. Des Manufactures aux Centres d’appels. Toulouse: Octares.
(2010, 2016). Le pouvoir des mots. Paris: La Dispute.
Avec James Costa. (2021). Dictionnaire de la Sociolinguistique. Paris: FMSH.
(2010). Histoire de la sociolinguistique en France : Quelques jalons et filiations. In Médéric Gasquet-Cyrus, Alain Giacomi, Yvonne Touchard, & Daniel Véronique (eds.), Pour la (socio)linguistique, 59–75. Paris: L’Harmattan.
(2015). Le langage et les langues en sciences sociales: Une question toujours vive. In Cécile Canut & Patricia von Münchow (eds.). Le langage en Sciences Humaines et Sociales. 13–19. Limoges: Lambert Lucas.
(2001). Les mots du travail. In A. Borzeix & B. Fraenkel (eds). Langage et travail, communication, cognition et action. Paris, Éditions du CNRS: 189-202.
Avec Bernard Gardin (2001) Une linguistique du travail. In A. Borzeix & B. Fraenkel (eds). Langage et travail, communication, cognition et action. Paris. Éditions du CNRS: 89-112.
(2011). Language Workers: Emblematic Figures of Late Capitalism. In Alexandre Duchêne & Monica Heller (eds.), Language in Late Capitalism: Pride and Profit, 207–29. London and New York: Routledge.
(2021). Des vocabulaires de métiers à la part langagière du travail. Langues, cultures et sociétés. Volume 7(1). Revue en ligne.
(2023). La narration est-elle un genre de l’activité verbale au travail? Pratiques. Revue en ligne.
Éducation
(2002). « I parlent pas comme nous ». Pratiques langagières des élèves et pratiques langagières scolaires. Ville École Intégration Enjeux 130(1): 63–77.
(2003). De l’inégalité dans l’accès au français scolaire. Le français aujourd’hui 41: 12-20.
Avec Denis Chauvet et Olivier Tertre (2012). Étincelles CE1. Paris: Hatier.
Avec Denis Chauvet et Olivier Tertre (2016). Étincelles CP. Paris: Hatier.
sous presse. La sociolinguistique face aux inégalités sociales et scolaires.
Références
↑Éric Nadaud, « BOUTET Georges », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
↑Gudrun Ledegen, « Ressources vidéo », sur Réseau francophone de sociolinguistique, (consulté le )
↑(en) « Langage & Société », sur Éditions de la Maison des sciences de l'homme (consulté le )
↑Josiane Boutet, Pierre Fiala et Jeny Simonin-Grumbach, « Sociolinguistique ou sociologie du langage », Critique : revue générale des publications françaises et étrangères, vol. Janvier 1976, no 344, , p. 66–85 (lire en ligne, consulté le )
↑Emmanuelle Cambon et Isabelle Léglise, « Pratiques langagières et registres discursifs », Langage et société, vol. 124, no 2, , p. 15–38 (ISSN0181-4095, DOI10.3917/ls.124.0015, lire en ligne, consulté le )
↑Claude Dubar, « Anni Borzeix, Béatrice Fraenkel (Eds.), Langage et travail. Communication, cognition, action | Sophie Pène, Anni Borzeix, Béatrice Fraenkel (Eds.), Le langage dans les communications. Une nouvelle donne », Sociologie du travail, vol. 45, no 1, , p. 137–139 (ISSN0038-0296, DOI10.4000/sdt.31246, lire en ligne, consulté le )
