Né à Québec dans un milieu modeste, il est un autodidacte ayant abandonné ses études au Séminaire de Québec vers 1811. Il commence son apprentissage en 1812 et devient maître en 1817. Il étudie notamment avec le peintre et vitrier Moses Pierce, ce qui le prépare à diverses tâches comme peindre des voitures, des enseignes ou des décors d'appartement[2], à effectuer des travaux de dorure et de restauration de tableaux.
Il acquiert des tableaux de la « Collection Desjardins », qui furent sauvés de la destruction durant la Révolution française, entre 1793 et 1795, et dont il restaure un certain nombre. Jusqu'en 1828, il se perfectionne en faisant des copies ou en s'inspirant de ces tableaux[3]. Ces copies constituent pour Légaré non seulement une source de revenus mais également une possibilité de se perfectionner. En 1829, il fait une copie d'un portrait du roi Georges IV alors exposé à Québec, copie acquise par le gouvernement.
Il enseigne la peinture à Antoine Plamondon qu'il prend comme apprenti en 1819. Il épouse Geneviève Damien en 1818. Parallèlement à sa carrière de peintre, Joseph Légaré occupe divers postes au niveau municipal. Il siège au conseil de ville de 1833 à 1836. Il s'implique notamment à des collectes de fonds à la suite des incendies des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste en 1845. Il est également juge de paix et marguillier.
Son admiration pour Louis-Joseph Papineau l'incite à participer aux activités des Patriotes en 1837. Il est arrêté le , mais est relâché 5 jours plus tard sans procès. Membre fondateur de la société Saint-Jean-Baptiste, il codirige le journal Le Libéral. Il est nommé au Conseil législatif le , quelques mois avant son décès[4].
Joseph Légaré joue également un rôle sur le plan culturel. Collectionneur[5], dès 1833, il va administrer pendant deux ans, la première galerie d'art du Canada. Il va tenter à nouveau l'expérience de galerie-musée à deux reprises: de 1838 à 1840 en collaboration avec Joseph-Thomas Amiot[6] et de 1852 à 1855[1]. Il publie en 1852 un catalogue de sa collection et donne au grand public un accès gratuit à celle-ci. À ce titre, il est régulièrement appelé en tant qu'expert, notamment lors d'inventaires après décès. À sa mort, sa collection devient la propriété de sa veuve avant d'être acquise en 1874 par le Séminaire de Québec.
Joseph Légaré est l'auteur de plus de 250 œuvres[7]. Considéré comme le premier paysagiste canadien, il montre un goût prononcé pour les chutes, les rivières, les forêts et les maisons de campagne. Il s'intéresse également aux Nord-Amérindiens dont il peint les mœurs et quelques portraits. Il fut longtemps sous-estimé, à cause de son usage de nouvelles techniques[3], notamment la chambre claire. Beaucoup de ses peintures sont conservées au musée du Séminaire de Québec et au Musée national des beaux-arts du Québec.
↑Guide : Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal, éd. Musée des beaux-arts de Montréal, , 2e éd. (1re éd. 2003), 342 p. (ISBN978-2-89192-312-5), p. 194
↑ a et b(fr) Eudore Dugas, La revue d'histoire de la société historique Nicolas-Denys, vol. XXX, numéro 1 jan.-avril 2002. p.43-44
↑Didier Prioul et John Porter, « Beaux-Arts, prestige et politique : La galerie de peintures de Joseph Légaré », Cap-aux-Diamants : La revue d'histoire du Québec, no 25, , p. 14–16 (ISSN0829-7983 et 1923-0923, lire en ligne, consulté le )
Suzanne Simoneau, « Joseph Légaré et la satire graphique à Québec vers 1850 : Une lecture comparée de la Ménagerie annexioniste et du Journal de Québec », dans L’Image railleuse : La satire visuelle du XVIIIe siècle à nos jours, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, coll. « Actes de colloques », (ISBN978-2-917902-70-7, lire en ligne).