John Pringle ( – ), est un médecinécossais[3]. On lui doit un travail de pionnier en médecine militaire, en particulier en ce qui a trait à la salubrité et à l'asepsie ; il a aussi une place dans l'histoire de l'humanisation des lois de la guerre.
En , il est élu président de la Royal Society. Durant sa présidence il fait six allocutions éditées plus tard en un seul volume. Il s'établit à Édimbourg en 1780, mais retourne à Londres en septembre de l'année suivante ; c'est là qu'il meurt, d'apoplexie[8], en 1782, âgé de 74 ans[9].
Le premier livre de Pringle, sur la nature et le traitement des « fièvres » qui se produisent dans les hôpitaux et les prisons, est publié (à la hâte, nous dit-on[12]) en 1750 ; la fièvre est alors une maladie, non un symptôme. Une « fièvre », un « mal des prisons[13] » (aujourd'hui identifié au typhus), emporte presque simultanément plusieurs personnages importants, dont des juges de la cour d'assises, et met Londres en émoi. Pringle, qui a vu de tels évènements se produire dans l'armée, et qui sait aussi qu'ils se produisent sur les bateaux (particulièrement si les marins sont confinés pendant qu'on attend le vent), pointe du doigt l'air corrompu des baraquements, des navires, des prisons surpeuplés.
Toujours en 1750, il commence à lire devant la Royal Society des articles sur les substances accélérant ou retardant la corruption : Experiments on septic and antiseptic substances. Ces articles lui valent la médaille Copley ; il y avait alors, « dans la Royal Society, un vent qui poussait vers des recherches sur la putréfaction et les substances favorisant une infection[14] ». Ils sont publiés en français dans la traduction de l'ouvrage qui suivra, Observations sur les maladies des armées, dans les camps et dans les garnisons[15].
Son plus important travail, paru en 1752, sur les maladies qui se propagent dans l'armée, le fait regarder de nos jours comme un des pionniers de la médecine militaire moderne.
Lois de la guerre
Vers le temps de la bataille de Dettingen en Bavière () (l'armée britannique est alors campée à Aschaffenburg), Pringle, par l'entremise de son supérieur, le comte de Stair, est à l'origine d'un accord original avec le maréchal de Noailles, commandant français.
À cette époque, les blessés devaient être évacués à la hâte — ou laissés à la merci de l'ennemi, quand un mouvement de troupes mettait les hôpitaux militaires à la portée de celui-ci. « M. Pringle engagea milord Stairs [sic] et le maréchal de Noailles à convenir que ces asiles du malheur seraient réciproquement respectés ; son zèle obtint la récompense qui pouvait le plus le toucher, puisque ses compatriotes furent les premiers qui profitèrent de cette convention. Après la bataille d'Étingue [sic][16], un hôpital anglais se trouva dans le terrain occupé par l'armée française, et le premier soin du maréchal de Noailles fut de rassurer les soldats qui y étaient déposés, en leur annonçant que les troupes françaises avaient ordre de ne pas les inquiéter[17] ». Pringle a donné aussi son récit[18], paru en français dix ans plus tard, et qui est très proche. « Cet accord, écrit Pringle en 1752, s'observa strictement deux côtés durant cette campagne ; et quoiqu'il ait été négligé depuis, on espère cependant que dans la suite les généraux le regarderont comme un exemple, qu'ils empresseront de faire revivre[19],[20]. »
On peut voir dans cet évènement une étape[21] vers le premier article de la première convention de Genève du : « Les ambulances et les hôpitaux militaires seront reconnus neutres, et, comme tels, protégés et respectés par les belligérants[22] ».
Œuvres (liste partielle)
Sauf mention contraire, les écrits de Pringle sont en anglais.
(la) Dissertatio medica inauguralis De marcore senili quam, annuente Deo ter opt. max. ex auctoritate magnifici rectoris, D. Hermanni Boerhaave… eruditorum examini submittit Joannes Pringle Scoto-Britannus ad diem 20. Julii 1730. hora locoque solitis, Leyde, Jon. Arnold. Langerak, 1730, 31 p.
Le titre (« De marcore senili ») est traduit « Sur le dessèchement des vieillards » par le Journal des sçavans d'avril 1731, qui en donne une recension[23].
I-1 « Expériences qui démontrent qu'on ne doit point appeler les substances putrides alcalines ; que ni les sels alcalis volatils, ni les fixes, ne tendent naturellement à produire la putréfaction dans le corps humain, étant d'eux-mêmes antiseptiques… », p. 313 — Lu le
II-1 « Suite des expériences et des remarques sur les substances antiseptiques… », p. 323 — Lu le
III-1 « Expériences sur les substances qui résistent à la putréfaction des liqueurs animales… », p. 334 — Lu le
IV-2 [sic] « Suite des expériences sur les substances septiques… », p. 346 — Lu le
V-1 « Expériences et remarques sur la fermentation des végétaux par le moyen des substances animales putrides… », p. 357 — Lu le
VI-1 « Expériences sur les substances qui hâtent, qui retardent, qui augmentent et qui diminuent la fermentation des aliments, avec des remarques sur leur usage pour expliquer l'action de la digestion… », p. 368 — Lu le
VII-1 « Expériences et remarques sur la putréfaction du sang et d'autres substances animales… », p. 377 — Lu le
Pringle fait remarquer[31] qu'on lui a attribué par erreur un ouvrage, paru en 1722, dont le titre est traduit : « Recherches raisonnables sur la nature de la peste, faites d'après des remarques historiques, par Jean Pringle, docteur en médecine ».
Hommages
Honneurs
Le titre de baronnet Pringle de Pall Mall, créé pour lui, s'est éteint avec lui[4].
Le clan Pringle, dont il était membre, honore sa mémoire.
↑ a et bPortrait original. Le portrait était un cadeau du modèle lui-même à la Royal Society ; Pringle ne consentit pas à ce que la Société, qui voulait son portrait, ait à payer pour : site de la Royal Society.
↑Pringle fut enterré à l'église St James, rue Piccadilly, à Londres (« Sir John Pringle ») ; sa tombe a été détruite par les bombardements de la Deuxième Guerre.
↑« Ces lettres furent publiées à la hâte à l'occasion de la maladie contagieuse qui enleva quelques-uns des magistrats de Londres qui avaient tenu les assises du mois de mai 1750. Cette maladie tirait son origine de Newgate, prison qui a le désavantage de recevoir, de toutes les autres, les criminels qu'on y conduit dans le temps des assises. L'air renfermé, l'humidité et la malpropreté du lieu et de ceux qui l'occupent, rendent comme impossible d'y éviter un mal qui se communique si aisément. Cette fièvre des prisons a tant de rapport avec la fièvre pestilentielle des hôpitaux, qui cause de si grands ravages dans les armées, que M. Pringle n'a pas voulu priver ses lecteurs des observations qu'il avait publiées dans sa lettre sur ce sujet. Il les a donc refondues, et après y avoir fait les changements et les corrections qu'il a crues nécessaires pour les perfectionner, il en a fait un chapitre à part qu'il a inséré dans un ouvrage intitulé : Observations on the disease of the army in camp and garnison [sic], Londres, 1752 » : Bayle.
↑Éloge, p. 58. Nous avons introduit les caractères gras. L'orthographe, comme en général dans cet article, en français et en anglais, a été modernisée.
↑« This agreement was strictly observed on both sides all that campaign ; and tho' it has been since neglected, yet we may hope, that on future occasions, the contending parties will make it a precedent. » Cité d'après la deuxième édition, 1753, p. ix.
↑« The cause seems plainly to arise from a corruption of the air, pent up and deprived of its elastic parts by the respiration of a multitude ; or more particularly vitiated with the perspirable matter, which, as it is the most volatile part of the humours, is also the most putrescent.
As soon as I became acquainted with this fever in the hospitals abroad, I suspected it to be the same with what is called here the jayl-distemper, which I had never seen. »Observations on the nature and cure of hospital and jayl fevers, p. 4.
Nicolas de Condorcet, Éloge de M. Pringle, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1782, Imprimerie royale, Paris, 1785, p. 57-68(lire en ligne)
A. L. J. Bayle et Auguste Thillaye, « Pringle (Jean) », dans Biographie médicale par ordre chronologique : d'après Daniel Leclerc, Éloy, etc…, t. 2, Paris, Adolphe Delahays, 1855, p. 342
(en) Joseph Frank Payne, « Pringle, John », dans Dictionary of national biography, 1885-1900, vol. 46
(en) Isaac Kimber et Edward Kimber, « The life of Sir John Pringle, Bart. », dans The London magazine, or, Gentleman's monthly intelligencer, vol. 2–3, 1784, p. 281–293
(en) Morrice McCrae, Saving the army — The life of Sir John Pringle, 2014 (ISBN9781906566753)
(en) M. S., « The life of Sir John Pringle », dans Six discourses delivered by Sir John Pringle, Bart. before the Royal Society ; on occasion of six annual assignments of Sir Godfrey Copley's Medal, 1783, 97 p. — Biographie.