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Compagnon de l'ordre du Service distingué
John Frederick Charles Fuller dit J. F. C. Fuller, né le 1er septembre 1878 à Chichester et mort le 10 février 1966, est un officier de l'armée de terre britannique, historien militaire et stratège britannique.
Il est notable en tant que théoricien pionnier de l'utilisation de véhicules militaires blindés et comme l’un des grands personnages de l’histoire du char de combat.
Son père est un clergyman de l'église anglicane du Sussex et sa mère, Thelma de la Chevallerie, est une Française élevée près de Leipzig dans le royaume de Saxe.
Il est élève à l'Académie royale militaire de Sandhurst de 1897 à 1898. Il intègre ensuite le 1er bataillon du Oxfordshire and Buckinghamshire Light Infantry en 1899 et sert en Afrique du Sud de 1899 à 1902 durant la guerre des Boers où à partir de novembre 1901 il devient l'officier de renseignement de son régiment et commande deux sections de reconnaissance. Il sera ensuite affecté aux Indes britanniques jusqu’en 1907. Il épouse en décembre 1906 Margarethe Auguste Karnatz, une Polonaise allemande élevée à Hambourg et qui immigra en Australie. Ils n'ont pas eu d'enfant.
Lors de la Première Guerre mondiale, il arrive en France en 1915 et se demande comment retrouver la mobilité opérative dans le contexte de la guerre de tranchées. Il est le chef des opérations du Tank Corps entre décembre 1916 et mai 1918. Il propose un raid blindé sur Cambrai qui se transforme en offensive de 381 chars dans ce qui est la première attaque massive de chars de combat de l'Histoire[1].
Il conçoit le plan 1919 (en) prévoyant une vaste offensive blindée en 1919 préfigurant la guerre blindée moderne. Ses travaux ont inspiré, entre autres, Heinz Guderian et la conception de la Blitzkrieg ainsi que George Patton. En 1919, il a le grade de colonel[2].
Il quitte l'armée au grade de major-général en 1933 après avoir tenté en vain de réorganiser l'armée britannique selon ses vues d'une armée mécanisée avec le char de combat en élément principal théorisé en 1924-1925 lors de ses conférences sur « Les fondations de la science de la guerre ». Il influence alors des officiers britanniques comme Eric Dorman-Smith dont la carrière est elle aussi mouvementée.
Sa notoriété est telle qu’il est le seul étranger invité aux premières manœuvres d’une Panzerdivision allemande en 1935. Il sera reporter durant la seconde guerre italo-éthiopienne et la guerre civile espagnole[1].
Il est aussi l'inventeur du « clair de lune artificiel », un éclairage intense du champ de bataille permettant de localiser l'ennemi lors des attaques nocturnes et mis en pratique grâce à des projecteurs lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
Anticommuniste, dans les années 1930, il se rallie à l'Union britannique des fascistes après avoir quitté l'armée, devient l'un des membres de son bureau politique et l'un des plus proches alliés de Oswald Mosley. Il est aussi un grand admirateur de l'écrivain et occultiste Aleister Crowley et membre de l’ordre magique Astrum Argentum.
Le 20 avril 1939, Fuller est invité d'honneur au défilé du cinquantième anniversaire d'Adolf Hitler. Il y voit pendant trois heures une armée complètement motorisée et partiellement mécanisée. Au cours de la réception qui suit, Hitler lui demande : « J'espère que vous êtes content de vos enfants ? », Fuller répond : « Votre Excellence, depuis que vous les avez fait grandir, je ne les reconnais plus[3]. »
Son œuvre compte quarante-huit livres et près de cent-vingt articles majeurs, outre quatre-vingts conférences entre 1923 et 1924 alors qu’il est directeur de l'instruction au Staff College, Camberley (en) et ses notes tactiques pendant la Première Guerre mondiale[4].
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Fuller fut considéré comme suspect du fait de ses sympathies nazies. Il continua à s’exprimer en faveur d’un règlement pacifique avec l’Allemagne. Alan Brooke dans son journal note que « le directeur de la sécurité l’avait invité à discuter de Fuller et de ses activités nazies ». Brooke estimait qu’il ne pensait pas que Fuller « avait des intentions non patriotiques ». Bien qu’il ne fût pas interné ou arrêté, il fut le seul officier de haut rang à ne pas être rappelé sous les drapeaux durant la guerre. On pense qu’il ne fut pas incarcéré en mai 1940 comme d’autres membres de la BUF du fait de ses liens avec le général Edmund Ironside et d’autres officiers supérieurs. Mosley reconnut lui-même avoir été étonné que Fuller ne fût pas emprisonné.
Fuller passa ses dernières années en homme aigri avec le sentiment que le mauvais camp avait gagné la guerre. En 1961 parut une nouvelle édition de The Reformation of War. Il y exprima la croyance qu’Hitler était le sauveur de l’Occident contre l’Union soviétique et que Churchill et Roosevelt étaient trop stupides pour le comprendre. Fuller mourut à Falmouth en 1966.