Ivan Maïski est né dans une famille polonaise juive dans la Russie impériale. Ses premières activités révolutionnaires ont mené à son expulsion de l'université de Saint-Petersbourg en 1902. Après un exil interne en Sibérie, il est banni du pays et part en Suisse puis en Allemagne à Munich en 1906 où il obtint une maitrise d'économie en 1912 et commence une thèse qui est interrompue par la guerre en 1914. Il doit fuir alors à Londres de 1914 à 1917, où il se lie d'amitié avec Alexandra Kollontai, Gueorgui Tchitcherine et Maxime Litvinov. Son anglais s'améliorant, son cercle d'amitié s'élargit à George Bernard Shaw, H. G. Wells et Beatrice Webb dont il avait adoré son livre sur l'Histoire du syndicalisme. Durant la guerre, il devient Menchevik par opposition à son ami Litvinov qui se rallie aux bolchéviks et aux thèses de Lénine[1].
Après la révolution de février 1917, Maïski retourne en Russie et travaille pour le gouvernement Kerenski. Il s'installe à Samara où il rejoint le Comité des membres de l'Assemblée constituante (Komoutch), c'est-à-dire le gouvernement local anti-bolchevik. Il est chassé par l'amiral Koltchak en 1919. Il erre alors en Mongolie pendant un an. En 1920 il se rallie aux bolchéviks, sa lettre d'expiation est publiée dans la Pravda. Diplômé d'économie il est envoyé à Omsk pour y organiser le secteur industriel. Mais, ça ne l'intéresse pas. Il a gardé le contact avec Litvinov qui le pistonne pour divers emplois comme journaliste ou rédacteur dans diverses revues officielles. De 1920 à 1925, il ne reste jamais longtemps au même endroit, s'embrouillant toujours avec ses supérieurs. En 1925, toujours grâce à Litvinov il obtient un poste de conseiller d'ambassade à Londres. Il y reste jusqu'en 1927 malgré de nouvelles brouilles avec son supérieur (l'ambassadeur Krassine). De 1927 à 1930 il est conseiller d'ambassade à Tokyo. Puis de 1930 à 1932 il est ambassadeur à Helsinki où il signe le Pacte de non-agression soviéto-finlandais (1932)[1].
Ce succès contribue certainement à sa promotion surprise en 1932 à l'ambassade de Londres[3],[4], toujours grâce à l'appui de Litvinov. Maïski est un membre actif et le représentant soviétique au Comité de non-intervention durant la guerre d'Espagne. Durant ces années 1930, il est un fervent partisan d'une triple alliance britannique, française et soviétique contre l'Allemagne nazie et rejoint donc la politique menée par son ministre des affaires étrangères, connue sous le nom de "sécurité collective".
Il organise, au cours des années 1930, la première visite d'un membre du gouvernement britannique sur le sol soviétique, en convainquant Anthony Eden de se rendre à Moscou pour rencontrer Staline.
Toutefois, le projet de sécurité collective échouera définitivement à la signature du pacte germano-soviétique de 1939. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il doit faire face à l'hostilité britannique croissante envers la Guerre d'Hiver menée par l'URSS contre la Finlande.
Il tient un journal, qui rend compte des positions politiques britanniques, notamment en ce qui concerne le début de la Seconde Guerre mondiale[5].
Les Grandes purges des années 1930 ayant particulièrement renouvelé l'appareil diplomatique soviétique, il est pourtant épargné, comme l'ambassadrice en Norvège, au Mexique et en Suède Alexandra Kollontaï[6].
À Londres, il presse les Alliés d'ouvrir un second front contre les Allemands en Europe occidentale. Il maintient des liens étroits avec Winston Churchill et Anthony Eden et visite lui-même quotidiennement le ministère des affaires étrangères pour obtenir les nouvelles les plus récentes.
Rappelé à Moscou en 1943, il devient l'adjoint du ministre des Affaires étrangères Viatcheslav Molotov. Il dirige plusieurs commissions planifiant les suites de la guerre : il se concentre particulièrement sur le démantèlement de l'Allemagne, les réparations de guerre, la punition des criminels de guerre ainsi que l'occupation soviétique. Il recommande également la création d'une « Pologne viable », quoiqu'avec des frontières considérablement modifiées. Son inquiétude face à ce qu'il perçoit comme une hostilité idéologique américaine envers l'URSS le mène à voir dans le Royaume-Uni le seul partenaire occidental de long terme pour l'Union soviétique. Il participe aux délégations soviétiques aux conférences de Yalta et Potsdam.
Il prend sa retraite en 1945. Il devient alors historien à l'Académie des sciences de l'URSS[5]. Il a animé des séminaires sur l'histoire des relations internationales et celle de la politique extérieure soviétique à l'Institut de préparation des travailleurs diplomatiques et consulaires, créé par Maxime Litvinov en [6].
Il est arrêté en , victime des dernières purges de l'ère stalinienne. Interrogé par le ministre de l'Intérieur Lavrenti Beria, on l'accuse en effet d'être un espion britannique et il est condamné à six ans d'emprisonnement. Staline meurt la même année et Maïski est finalement relâché en 1955 et réhabilité.
En 1966, Maïski signe la Lettre des 25 avec des écrivains, scientifiques et figures culturelles soviétiques, lettre adressée à Brejnev pour s'opposer à une éventuelle réhabilitation de Staline.
Publication
Qui aidait Hitler ?, Éditions Delga, 2014 et traduit par Dora Sanadzé aux Éditions du Progrès en 1966.
Gabriel Gorodetsky (dir), Les Révélations inédites de l'ambassadeur russe à Londres, traduction partielle de l'édition anglaise par Christophe Jacquet, Paris, Les Belles Lettres, 2017.
Références
↑ a et bGarbiel Gorodetski, "Genèse et formation d'un diplomate soviétique", p.50-57, dans Ivan Maiski Journal. 2017, Paris, Les Belles Lettres.
↑(fi) Martti Turtola, Talvisodan pikkujättiläinen, Werner Söderström Osakeyhtiö, , 1re éd. (ISBN951-0-23536-9), « Kansainvälinen kehitys Euroopassa ja Suomessa 1930-luvulla », p. 13–46
↑(en) Michael Hope, Polish Deportees in the Soviet Union : Origins of Post-war Settlement in Great Britain, Londres, Veritas Foundation Publication Centre, , 62 p. (ISBN978-0-948202-76-6), p. 39.
↑(en) Stanislaw Mikolajczyk, The Pattern of Soviet Domination, Sampson Low, Marston & Co, , p. 17.