L’Institut Émilie-du-Châtelet (IEC) est une institution dont les objets sont le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre. Il est présidé en 2021 par la sociologue Catherine Louveau.
Présentation
L'Institut Émilie-du-Châtelet (IEC) est fondé en , sous l'impulsion du conseil régional d'Île-de-France[1],[2],[3],[4], avec un premier financement pour une période de quatre ans[5]. Son nom fait référence à Émilie du Châtelet, mathématicienne et femme de lettres du XVIIIe siècle[5].
L'IEC pilote depuis 2012, en collaboration avec l'Alliance de Recherche sur les Discriminations (ARDIS), le pôle Genre du domaine d'intérêt majeur (DIM) « Genre, Inégalités, Discriminations » (GID)[3]. Il est structuré en fédération de recherche[3].
En 2016, sa présidente de l'époque, Florence Rochefort (historienne et chercheuse au CNRS), est auditionnée par la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes de l'Assemblée nationale française ; durant cette audition, elle a présenté l'IEC, ses travaux et la place qu'il prend dans la recherche scientifique française[7].
Selon un rapport du Conseil régional d'Île-de-France en 2010, l'Institut Émilie du Châtelet « vise la valorisation du potentiel francilien des recherches consacrées à ces domaines, à travers la constitution d’un réseau entre ses acteurs et actrices, la mise en valeur des recherches existantes, l’appui au développement des recherches et enseignements, l’établissement de contacts et de collaborations entre le monde de la recherche et les acteurs sociaux, économiques, politiques, associatifs et institutionnels. Ses activités visent aussi bien le développement de la recherche que la diffusion des connaissances produites et la légitimation de son champ de recherche, tant auprès du grand public que des acteurs institutionnels »[9].
L'IEC catégorise ses activités selon 4 grandes dimensions : l'information et la communication ; le soutien, la valorisation et le développement des recherches scientifiques ; le développement et la diversification des formations ; la construction d'une synergie sur un terme assez long entre le monde de la recherche et celui du « terrain »[9].
Recherches institutionnelles
Le conseil régional d'Île-de-France ayant labellisé les problématiques du genre comme « Domaine d'Intérêt Majeur » (DIM)[2], il a chargé l'institut de lancer un « appel à manifestations scientifiques » sur ces problématiques. De 2011 à 2014, le financement par la région Île-de-France du pôle « Genre-inégalités-discriminations » (GID) passe de 0,9 à presque 7,984 millions d’euros soit presque 20 % du total des crédits de recherche votés par la région. L'Institut Émilie-du-Châtelet (IEC) pilote le pôle Genre du Domaine d’intérêt majeur (DIM), au côté de l’Alliance de recherche sur les discriminations (ARDIS)[2],[11].
L'Institut promeut la recherche de façon transversale, dans des disciplines relevant aussi bien des sciences humaines que des sciences du vivant ou de l’art et de la littérature[12]. En 2016, il enregistrait des incitations sous forme d'allocations de recherche sur le genre décernées à 87 jeunes chercheuses et chercheurs dans 25 disciplines différentes[7], via les financements attribués par la région Île-de-France. En décembre de cette année, Valérie Pécresse, annonce son intention de mettre fin à ces bourses ; la presse rappelle à cette occasion le discours « pour l’égalité homme-femme », mais contre « l’indifférenciation des sexes » de l'élue de l’Île-de-France[13].
Gouvernance
L'Institut Émilie du Châtelet comprend un Comité de direction, un Comité scientifique et un Conseil d'orientation[9]. Ce dernier permet notamment des échanges entre des membres issus du monde de la recherche et d'autres issus des mondes politiques et civil ; il consiste en une instance consultative[9].
Activités scientifiques et de diffusion des savoirs
L'IEC organise des cycles de conférences et des colloques scientifiques sur un thème renouvelé tous les ans, ainsi que des assises annuelles[14].
Assises
L'IEC organise chaque année des Assises[4]. Celles-ci rassemblent des chercheurs, des élus, des personnalités du monde associatif, et des professionnels qui mènent une réflexion sur leurs pratiques[7],[9]. Cela fait partie d'une des missions de l'IEC, qui comprend plus largement le fait « d’instaurer un dialogue permanent entre le monde de la recherche, les acteurs politiques, institutionnels, associatifs ou professionnels œuvrant à l’égalité des sexes »[7].
Colloques scientifiques
2010 : L’engagement des hommes pour l’égalité des sexes (XIVe – XXIe siècle)[15],[16],[17]
2011 : Mon corps a-t-il un sexe? Détermination du sexe et contraintes du genre (22-23 juin 2011)[18],[19],[20].
2013 : colloque inaugural Genre, inégalités, discriminations, co-organisation avec l'Alliance de recherche sur les discriminations dans le cadre du DIM « Genre, inégalités, discriminations » (27 et 28 juin 2013)[22]
2014 : co-organisation avec la Fédération de recherche sur le Genre (RING) Penser avec Françoise Collin, philosophe et féministe (5 et 6 mai 2014)[23]. Actes publiés sous le même intitulé en 2015[24].
2015 : co-organisation avec l'INSERM du colloque Genre et santé à l'université Paris-Diderot[25].
2016 : co-organisation du colloque Agir pour l'égalité (27-28 juin 2016)[26].
2017 : co-organisation avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah du colloque Histoire des femmes juives en France pendant la Seconde guerre mondiale et dans le long après-guerre 23 janvier 2017[27].
Cycles de conférences grand public
Des cycles annuels de conférences filmées par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, intitulées « Quarante ans de recherche sur les femmes, le sexe et le genre », se déroulent à partir de l'automne 2011[28],[9].
« Quarante ans de recherche sur les femmes, le sexe et le genre »
2017-2018 : avec Teboho Edkins, Mara Viveros Vigoya, etc.[35]
Séminaire de recherche
Un séminaire de recherche mensuel, intitulé Sexe et genre et sous-titré « pour un dialogue interdisciplinaire, au carrefour des sciences de la vie et des sciences humaines », est organisé en partenariat avec l’UMR CNRS 7206 Éco-anthropologie et ethnobiologie du Muséum national d'histoire naturelle[9], de 2014 à 2021[36].
Plusieurs recueils d'actes de colloques de l'IEC sont parus :
Évelyne Peyre et Joëlle Wiels (dir.), Mon corps a-t-il un sexe ? : Sur le genre, dialogues entre biologies et sciences sociales, La Découverte, , 360 p. (ISBN9782707173584)[41].
Dominique Fougeyrollas Schwebel et Florence Rochefort (dir.), Penser avec Françoise Collin : Le féminisme et l’exercice de la liberté, Éditions iXe, , 192 p. (ISBN979-1090062061)[42].
Rebecca Rogers (dir.) et Pascale Molinier (dir.), Les femmes dans le monde académique. Perspectives comparatives, Presses universitaires de Rennes, 228 p. (ISBN978-2-7535-5052-0)[44].
Soutien à l'édition et à la traduction d'ouvrages de référence
L'IEC soutient la publication d'ouvrages par l'intermédiaire de sa collection Genre & sexualité. Série Bibliothèque de l'IEC :
Carole Pateman (préf. Geneviève Fraisse, postface Éric Fassin), Le contrat sexuel, Paris, La Découverte, coll. « Bibliothèque de l’Institut Émilie du Châtelet », , 332 p.[45],[46].
Anne Fausto-Sterling (trad. de l'anglais par Oristelle Bonis & Françoise Bouillot), Corps en tous genres : la dualité des sexes à l'épreuve de la science [« Sexing the Body »], La Découverte, coll. « Genre & sexualité. Bibliothèque de l'IEC », , 390 p. (ISBN9782707169105)[9].
Ann Laura Stoler (trad. Sébastien Roux), La chair de l’empire : Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial, La Découverte, coll. « Genre & sexualité. Bibliothèque de l'IEC », [47],[48].
Mara Viveros Vigoya, Les couleurs de la masculinité : expériences intersectionnelles et pratiques de pouvoir en Amérique latine, La Découverte, coll. « Genre & sexualité. Bibliothèque de l'IEC », , 231 p. (ISBN2-7071-8601-5).
Allocations et bourses
L'IEC a permis de soutenir les recherches de doctorants, post-doctorants et jeunes chercheurs en leur attribuant des allocations ; les recherches de ces scientifiques étaient liées entre 2006 et 2016 à vingt-cinq disciplines différentes, le point commun étant le genre[7]. L'IEC explique avoir choisi cette manière de faire pour « essaimer le genre dans toutes les disciplines », l'un des buts de l'IEC étant de diffuser les problématiques liées au genre dans les sciences en général[7].
Journée Jeune Recherche
L'IEC organise chaque année une Journée Jeune Recherche ; certains allocataires doctorants et post-doctorants peuvent y présenter les recherches qu'ils ont effectuées et leurs résultats, ainsi qu'échanger avec le public ; ont aussi lieu des tables rondes, conférences, etc.[9].
Soutien à des manifestations scientifiques régionales
Chaque année, l'IEC soutien des manifestations scientifiques dans la région Île-de-France[9],[49].
Notes et références
↑« Présentation de l'IEC », sur institutemilieduchatelet.org, Institut Émilie du Châtelet (consulté le ).
↑ ab et cPhilippe Jacqué, « En Ile-de-France, une politique originale de soutien à la recherche », Le Monde, (lire en ligne).
↑ ab et cGroupe Genre, Centre de recherches historiques, « Institut Emilie du Châtelet », sur Groupe Genre, Centre de recherches historiques/EHESS (consulté le )
↑ ab et cJean-Louis Lavallard, « L'Institut Émilie du Châtelet », Raison présente, vol. 161, no 1, , p. 139–139 (lire en ligne, consulté le ).
↑Céline Dumas, « Inauguration de l’Institut Emilie du Châtelet (IEC) pour le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre en Ile-de-France », Bulletin Amades, no 70, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abcdefghij et kConseil régional d'ïle-de-France, Rapport pour la commission permanente du Conseil régional : DIM Problématiques du genre - Soutien à l'Institut Émilie du Châtelet - Programme 2010, , 77 p. (lire en ligne)
↑[compte-rendu] Martine Chaponnière, « Florence Rochefort et Éliane Viennot (éds) : L’engagement des hommes pour l’égalité des sexes (XIVe – XXIe siècle) », Nouvelles Questions Féministes, vol. 34, no 1, , p. 131 (ISSN0248-4951 et 2297-3850, DOI10.3917/nqf.341.0131, lire en ligne, consulté le ).
↑[compte-rendu] Karen Offen, « Florence Rochefort & Eliane Viennot (dir.), L’Engagement des hommes pour l’égalité des sexes (Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne), coll. « l’École du genre », 2013, 272 p. », Clio, no 44, (ISSN1252-7017 et 1777-5299, DOI10.4000/clio.13438, lire en ligne, consulté le ).
↑« Remerciements », dans Évelyne Peyre et Joëlle Wiels, Mon corps a-t-il un sexe ?, La Découverte, (ISBN9782707173584, lire en ligne).
↑« Notes de lectures Évelyne Peyre et Joëlle Wiels (eds) – Mon corps a-t-il un sexe ? Sur le genre, dialogues entre biologies et sciences sociales (2015). Paris, La Découverte « Recherches », 360 p. », Cahiers du Genre, vol. 62, no 1, , p. 223 (ISSN1298-6046 et 1968-3928, DOI10.3917/cdge.062.0223, lire en ligne, consulté le ).
↑Dominique Fougeyrollas Schwebel et Florence Rochefort (dir.), Penser avec Françoise Collin : Le féminisme et l’exercice de la liberté, Éditions iXe, , 192 p. (ISBN979-1090062061).
↑Dominique Tanguay, « Laurie Laufer et Florence Rochefort (dir.), Qu’est-ce que le genre?, Paris, Éditions Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2014, 313 p. », Recherches féministes, vol. 29, no 2, , p. 296–300 (ISSN0838-4479 et 1705-9240, DOI10.7202/1038739ar, lire en ligne, consulté le ).
↑[compte rendu] Caroline Trémeaud, « Mon corps a-t-il un sexe ? Sur le genre, dialogues entre biologies et sciences sociales Évelyne Peyre & Joëlle Wiels », Les Nouvelles de l’archéologie, no 140, , p. 56-58 (lire en ligne, consulté le ).
↑[compte rendu] Naïma Hamrouni, « Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Florence Rochefort (dir.), Penser avec Françoise Collin. Le féminisme et l’exercice de la liberté », Recherches féministes, vol. 31, no 1, , p. 305-309 (lire en ligne, consulté le ).
↑[compte rendu] Stéphanie Mayer, « Mireille Eberhard, Jacqueline Laufer, Dominique Meurs, Frédérique Pigeyre et Patrick Simon (dir.) Genre et discriminations », Recherches féministes, vol. 31, no 1, , p. 310-313 (lire en ligne, consulté le ).
↑Mathieu Arbogast, « Rogers Rebecca, Molinier Pascale (dir.), 2016, Les femmes dans le monde académique. Perspectives comparatives, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 228 p. », Population, vol. 72, no 3, , p. 561 (ISSN0032-4663 et 1957-7966, DOI10.3917/popu.1703.0561, lire en ligne, consulté le ).
↑Maria Eleonora Sanna, « Carole Pateman, Le contrat sexuel. préface de Geneviève Fraisse, postface d’Éric Fassin, Paris, Éditions La Découverte, coll. Bibliothèque de l’Institut Émilie du Châtelet, 2010, 332 pages. », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 34, (ISSN1252-7017, lire en ligne, consulté le )
↑[compte-rendu] Odile Goerg, « Ann Laura Stoler, La Chair de l’empire. Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial. Paris, La Découverte, 2013 », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 38, (ISSN1252-7017, DOI10.4000/clio.11792, lire en ligne, consulté le ).