Le , elle épouse par procuration Antoine Farnèse, duc de Parme et Plaisance. Le marié est représenté par le prince héritier de Modène, François-Marie, frère d'Henriette. En raison des nombreux liens de sang entre les deux familles, une dispense papale est nécessaire pour autoriser le mariage.
La nouvelle duchesse fait son entrée solennelle à Parme le 6 juillet, par la porte San Michele, au milieu des acclamations des Parmesans. Le mariage est suivi de fêtes somptueuses, et des représentations théâtrales[2] auront lieu jusqu’en 1730.
Cependant, le 20 janvier 1731, au terme de trois jours de souffrances, Antoine Farnèse meurt à 51 ans. La veille de sa mort, le duc avait eu le temps de proclamer comme héritier universel, le « ventre enceint » de son épouse.
Le « ventre enceint »
Devenue veuve, Henriette représente, par son « ventre enceint », l'avenir politique du duché de Parme : un conseil de régence, établi par le testament du duc, comprend la duchesse, l'évêque de Parme, le premier secrétaire d'État, le majordome du palais et deux gentilshommes de la cour.
Le petit territoire est en effet convoité par l'Espagne mais aussi par l'Autriche et par le Saint-Siège. Dans le cas où un garçon ne verrait pas le jour, il est prévu que les territoires des Farnèse reviennent aux fils de la nièce d'Antoine, la reine d'EspagneÉlisabeth Farnèse. Dès le 22 janvier, le comte Carlo Stampa de Soncino, plénipotentiaire de l’empereur en Italie, occupe Parme avec vingt compagnies d’infanterie et quatre de cavalerie. De son côté, le pape Clément XII, par deux brefs apostoliques datés du 25 et du 31 janvier, fait valoir ses droits sur la souveraineté du duché. L’occupation irrite le pape qui se limite à une protestation formelle. Le 22 juillet, en raison du traité de Séville, 6 000 soldats espagnols entrent en Toscane et à Parme. Les forces armées sont de nouveau équilibrées mais au détriment du Saint-Siège.
Au cours de ces mois d’attente, la duchesse, incertaine quant à son état, est soumise à de régulières visites gynécologiques. Le 31 mai, sur l’insistance de la reine d'Espagne, on impose à Henriette une « inspection corporelle solennelle ». Outre les membres du conseil de régence, trois médecins et quatre sages-femmes, sont présents don Bernardo Espelletta, le marquis de Monteleone et Neri Lapi pour l’Espagne, ainsi que Dorothée-Sophie de Neubourg, duchesse douairière de Parme, belle-sœur d'Henriette et mère de la reine d'Espagne. Les sages-femmes entrent dans la chambre de la duchesse et en sortent en certifiant qu’elle est enceinte de six mois. Un acte public est immédiatement rédigé et envoyé à toutes les cours européennes. La reine d'Espagne n’est cependant pas convaincue et après un nouvel examen le 14 septembre, on annonce que le « ventre enceint ne donnerait pas de fruit ». L’espoir de la poursuite de la lignée masculine Farnèse s’éteint.
Duchesse douairière et remariage
Henriette, ne pouvant revenir à Modène en raison du refus de son père, se retire à Colorno escortée par les gardes suisses, les gardes irlandais et un détachement de cavalerie impériale offert par le comte Stampa. En décembre, elle retourne au palais ducal pour rendre à Élisabeth les joyaux de famille qu’elle a en sa possession, et le , le conseil de régence remet son mandat aux mains de Dorothée-Sophie de Neubourg, régente au nom de Charles d'Espagne, son petit-fils.
↑Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN2-84459-006-3), p. 457 et 603