En , Déodat de Séverac écrit à Fernand de Castelbon de Beauxhostes l'initiateur des représentations lyriques aux arènes de Béziers qui ont lieu chaque été depuis 1898 et lui propose de composer une œuvre « absolument méridionale pour l'admirable cadre de Béziers ». Il lui est répondu favorablement. Le compositeur s'installe à Céret dans les Pyrénées afin d'écrire la musique de sa tragédie lyrique en trois actes ainsi qu'un prologue et un ballet mimodrame. Le livret en vers et adapté du livre de Jean Lombard, L'agonie, par Emile Sicard.
Séverac déclare à propos d'Héliogabale : « J'ai conçu cette musique comme des séries de panneaux décoratifs. je suis très satisfait de mes chœurs. Il me semble qu'il sonne bien. Nous verrons ! Quant à l'orchestration, je considère l'énorme masse sonore dont je dispose comme un grand orgue et je fais surtout des oppositions de claviers »[1].
Après dix jours de répétitions menées parfois au piano par Séverac lui-même, la première eut lieu le dimanche à 15 h 30 devant plus de quinze mille spectateurs. Malgré les deux représentations, le et le , l'entreprise s'avéra un gouffre financier. Les dépenses (102 627 francs) dépassaient largement les recettes (51 192 francs). Joseph Charry, directeur artistique du théâtre, avait en effet considérablement baissé le prix de places et distribué de nombreux billets gratuits pour s'assurer de l'affluence de cette semaine festive a Béziers. Séverac, Charles Guéret, Emile Sicard et Gabriel Boissy déposent plainte contre lui auprès de la Société des auteurs afin de sauvegarder leurs droits. Cherry confisqua le matériel orchestral et vocal d'Héliogabale. À la suite d'une médiation d'Henri Auriol un avocat et député de Toulouse et du docteur Boyer, la plainte fut retirée. Le 4 et ainsi que le , la pièce musicale fut donnée à la salle Gaveau à Paris, toujours sous la direction orchestrale de Louis Hasselmans[2]. Par la suite, Héliogabale fut joué plus ou moins partiellement à Orange, le , à Céret et la dernière fois à Barcelone en juillet 1972 sous la direction de Àngel Colomer i del Romero avec l'orchestre du grand théâtre de la ville de Barcelone[3]
Réception
La presse nationale et régionale est presque unanime. Dans la revue Le Théâtre (en ), Gabriel Boissy écrit : « M.D. de Séverac a composé sur un triple thème : l'occident romain, l'orient d'Elagabale le syriaque, la liturgie des catacombes, une musique qui est bien près d'être un chef-d’œuvre ». Félicien Grédy : « la musique de M.D. de Séverac, un des meilleurs musiciens de cette époque, a la double vertu de la force et de la simplicité »[4]. Raoul Davray dans L'éclair : « M. de Séverac est excellent musicien. Mais surtout, quel exquis musicien. Depuis le Prométhée de Gabriel Fauré, nous n'avions pas vu à Béziers pareille fête d'art lyrique. Mes préférences convergent sans hésitation sur l'acte religieux des catacombes. Ici tout est ordre et beauté »[5].
L'Action française dans son édition du est plus nuancée à propos du livret d'Émile Sicard notamment : « [...] ses fantaisies prosodiques, ses métaphores déroutantes n'ajoutent rien aux beautés réelles de certains passages, a moins que ce ne soit à titre de repoussoir, ce qui serait insuffisant ». De Séverac il est dit : «Toute la musique du deuxième acte est de la plus pure beauté [...] Quoi qu'il en soit, il faut saluer cette œuvre comme une des meilleures qu'on ait jamais écrite pour les théâtres en plein vent.»[6]
À Rome, Cynthia et Lucius évoquent la luxure romaine et l'ascension de la religion chrétienne (duo :"Les deux triomphes")
Acte I
Soemias, mère d'Héliogabale, et sa sœur Julia se retrouvent et tentent de se tromper mutuellement . Julia veut faire de son fils Antonius le nouvel empereur. Héliogabale, mis au courant, n'y prête pas attention ; il ne s'intéresse qu'aux fêtes et voluptés qui ont cours en son palais. Alors qu'il devrait veiller sur l'empire, il annonce un nouveau supplice. Il a fait enlever les deux filles de Rusca, un riche fermier ; celui-ci vient réclamer leur libération. Pour toute réponse Héliogabale lui dit qu'elles seront données en pâture a deux jeunes lionceaux. Pour finir la journée, il invite a un banquet certains de ces amis qu'il sait être conjurés contre lui. Au milieu du festin, des roses pleuvent du plafond, si nombreuses qu'elles finissent par étouffer les convives. Le jeune empereur exulte, des chants s'élèvent dans la frénésie.
Acte II
Devant l'entrée des catacombes, Rusca, en chef chrétien, assiste a la bénédiction par l'évêque de Rome du mariage de Claudien, un ancien favori d'Héliogabale, et d'une jeune vierge, Coelia. Julia toujours prête a comploter, cherche des complices parmi les chrétiens réunis. Rusca accepte d'aider Julia a renverser l'empereur.
Acte III
Devant le danger imminent, Soemias tente de galvaniser son fils. Héliogabale, de nature neurasthénique, dédaigne toute lutte et préfère se souvenir de ses jeunes années. Rusca, accompagné d'une horde de chrétiens déchaînés et de prétoriens révoltés, envahit le palais. L'empereur déclame un hymne au soleil avant d'être jeté dans le Tibre et de mourir.
Structure musicale
Prologue
Les deux triomphes
Acte I
no 1 4:15 3
no 2 - Scène VI - Cortège des Roses
no 3 - Scène VII - Cortège d'Héliogabale
no 4 - Scène X
no 5 - Scène X
Acte II
Prélude (Invocation)
no 1 - Scène I - Les Chrétiens
no 2 - Scène I - Sortie de Callixtus
no 3 - Scène IV - Entrée des Chrétiens (avant la scène du Baptême)
no 4 - Scène du Baptême / Le Baiser de Paix
no 5 - Scène IV / Chœur final
Acte III
no 1 - Introduction et Danse du Soleil
no 2 - Scène II - Procession / Ballet - La Résurrection d'Adonis / Les Funérailles d'Adonis
no 3 - Scène IV - Allegretto / Final / La mort / Schlußapplaus