La grève des mineurs britanniques de 1972 est un conflit salarial victorieux de près de deux mois opposant l'Union nationale des mineurs au gouvernement conservateur britannique d'Edward Heath.
La grève a débuté le pour terminer le , lorsque les mineurs sont retournés au travail. Depuis 1960, les salaires des mineurs n'avaient pas été relevés pour être proportionnels à ceux des ouvriers. La grève a été ordonnée par le comité exécutif de l'Union nationale des mineurs, après une consultation à bulletins secrets des mineurs et s'est terminée lorsque les mineurs ont accepté une hausse de salaire par le biais d'un autre scrutin.
Celle de 1972, très suivie, contribue à un doublement du nombre de journées de travail perdues pour fait de grève, qui grimpe sur l'année à 23,9 millions contre 11,6 millions en 1971 et débouche sur de fortes hausses de salaires. Elle donne lieu à un rapprochement avec la jeunesse car 40000 étudiants répondent à l’appel de leur syndicat pour participer à une manifestation de soutien aux mineurs en grève[1].
Contexte
Politiques sociales de Wilson et Heath
Le 18 juin 1970, prenant à contre-pied tous les sondages d'opinion annonçant une avance travailliste[2], le conservateur Edward Heath gagne les élections législatives à la faveur d'une participation en baisse, en particulier du côté travailliste, avec 71,3 % en Angleterre seule contre 75,9 % en Angleterre seule en 1966[2]. Le mouvement syndical avait été échaudé par une "politique des revenus autoritaire et assez sévère" menée par le gouvernement travailliste d'Harold Wilson[2] et sa "tentative assez maladroitement engagée" [2] de réglementer le droit de grève et la vie interne des syndicats[2], par une proposition de loi[2], finalement abandonnée après "un début de rébellion d'une partie du groupe parlementaire" travailliste[2].
Très investi dans la lutte contre l'inflation naissante, le gouvernement suivant a mis avant une résistance aux « contrats inflationnistes »[2], notamment chez les électriciens et d'autres professions[2], obtenant une défaite symbolique des syndicats de postiers après une grève de sept semaines en janvier-février 1971[2].
La grève des mineurs britanniques de janvier-février 1972
Le 9 janvier 1972, après qu'aient été consultés tous les mineurs en décembre[2], avait débuté la "première grève nationale et officielle" des mineurs anglais depuis la "grande grève de 1926"[2], mais sans trop inquiéter le gouvernement du conservateur Edward Heath , confiant dans des stocks de charbon pour environ huit semaines dans les centrales électriques[2] et car la grève n'avait été votée que par 59 % des adhérents alors le règlement du syndicat des mineurs exige 55 %[2].
Finalement la grève est plus suivie et plus longue que prévue, entraînant une rupture de stocks "presque générale dans les centrales électriques"[2], obligeant le 11 février à instaurer de sévères restrictions d'énergie pour les particuliers comme pour l'industrie[2]. Le gouvernement réagit en nommant un tribunal d'enquête sur le retard accumulé par les rémunérations des mineurs depuis plusieurs années[2], présidé par un magistrat prestigieux, Lord Wilberforce, qui rend publiques le 18 février, après seulement une semaine[3], la proposition de larges concessions, suivie d'une intervention personnelle du Premier ministre. Les augmentations de salaire accordées vont alors s'élever à plus de 20 %, permettant la reprise progressive du travail le 28 février.
La grève des mineurs britanniques de 1972, achevée en février a pour conséquence celle lancée le 19 avril 1972 par des cheminots ayant "commencé quelques jours auparavant une grève perlée après la rupture des négociations de salaires entre les syndicats et la direction"[2].
Le gouvernement tenta d'imposer une vote à bulletins secrets et par correspondance, sur la poursuite du conflit, et l'obtint, organisé du 21 au 30 mai[2]. Mais, fait imprévu, ce consultation donna "une énorme majorité en faveur de la grève[2], l'obligeant à "conclure rapidement avec les cheminots une paix de compromis" dès le 12 juin, aux prix d'augmentations de salaire de l'ordre de 13,5 % contre 10 % prévus par les chemins de fer[2].