Il est l'un des deux orgues de l'église, l'autre étant dans le chœur.
Historique
L'église possède un orgue depuis le XVIe siècle, mais on ne dispose que de très peu d'informations sur sa composition d'origine. L'église avait été pourvue d'un orgue avant 1582, date à laquelle Mathieu de la Croix, son premier titulaire, fut inhumé « à l'un des côtés où se célèbre la messe de onze heures ». Son facteur était Antoine Josseline. Mathieu de la Croix fut le parrain en 1572 de Pierre Chabanceau de la Barre, futur organiste du roi. Le père de l'enfant, également prénommé Pierre, prit la succession de Mathieu de la Croix pour peu de temps[source insuffisante].
L'orgue de facture classique de Saint-Germain-des-Prés lui est ensuite attribué (XVIIIe siècle ?).
Remanié en 1844 sous l'égide de Charles Spackmann Barker alors contremaître de la manufacture Daublaine & Callinet, il est accidentellement détruit par le feu, peu de temps après son inauguration, par Barker lui-même lors d'un accord le . Il est reconstruit de 1849 à 1854 par le même Barker aidé de Charles Verschneider, pour le compte de Pierre Alexandre Ducroquet qui venait de racheter la maison Daublaine & Callinet[1]. Dès l'année suivante, Hector Berlioz y dirige la première exécution de son Te Deum et en 1866, Franz Liszt y fait jouer sa Messe de Gran[2].
Le grand orgue de Saint-Eustache a été reconstruit presque intégralement par le facteur néerlandais van den Heuvel en 1989, à l'exception du buffet signé Victor Baltard (1854) qui est d'origine et de quelques jeux, dont les grands tuyaux de la montre qui datent de 1854.
L'orgue fait 10 mètres de large pour 18 mètres de haut.
Depuis 1989, l'orgue possède deux consoles : l'une, à traction mécanique avec machines Barker, se trouvant en tribune, l'une autre à traction électrique, se trouvant trouve dans la nef et mobile. Les consoles sont toutes deux composées de 5 claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes.
Parmi les caractéristiques rares de cet instrument, on remarque :
le grand plein-jeu basé sur le 32 pieds du grand orgue ;
les séries harmoniques allant jusqu'à la neuvième : en 32 pieds à la pédale (théorbe : 4 4/7, 3 5/9), en 16 pieds au grand-chœur, en 8 pieds au solo (harmoniques : 1 1/3, 1 1/7, 8/9), et jusqu'à la septième, en 8 pieds, au positif ;
le plein jeu harmonique 2-8 du grand-chœur ;
la batterie d'anches basée sur le 32 pieds au récit ;
l'ensemble de tubas 16, 8, 4, coudés vers la nef, au grand-chœur ;
les cinq rangs de chamades au solo, alimentés par de l'air à pressions croissantes (6 pressions différentes) ;
et aussi, parmi les couleurs exceptionnelles, la série de flûtes harmoniques (8, 4, 2 2/3, 2, 1 3/5, 1) au solo, qui est une innovation de Jean Guillou déjà introduite par lui-même avec grand succès dans les orgues du Chant d'Oiseau à Bruxelles et de la Tonhalle à Zurich.
C'est également Jean Guillou qui a eu l'idée d'ajouter la sesquialtera au grand-orgue : ce jeu apporte de nombreuses possibilités à la fois solistiques et en combinaison avec les mixtures.
La contre-bombarde 32 n'était pas prévue dans le devis, mais, considérant que le trombone 32 existant (avec ses résonateurs en bois de taille assez modeste) n'était pas suffisant pour un orgue de cette ampleur, les frères Van den Heuvel ont offert cette contre-bombarde 32 à la ville de Paris. L'orgue de Saint-Eustache se trouve ainsi être le seul orgue de France disposant de trois jeux d'anches de 32 pieds.
Tirasses positif, GO, récit en 8' et 4', GC en 8' et 4', solo ;
Division de pédale ajustable (2010) ;
Tremblants positif, récit, solo ;
Système MIDI et replay ;
Sostenutos positif, récit, solo (2010) ;
Combinateur Heuss sur chaque console (2010) : 20 combinaisons x 10 séries x 100 espaces : 20 000 combinaisons, séquentiel avant/arrière (aux manuels et aux pédaliers) ; sauvegarde des combinaisons sur clé USB ;
Pédale de crescendo avec 2 programmes programmables : tutti et crescendo orchestral ;
Transmission entre la console de nef et le buffet par fibre optique (2010).
↑Thierry Delouche, La caisse des écoles au temps des messes solennelles célébrées en l'église Saint-Eustache, Aubagne, Groupe CCEE, , 60 p. (ISBN978-2-35682-276-5), p. 37-38.