Le genre Syzygium est décrit par Joseph Gaertner en 1788 dans De Fructibus et Seminibus Plantarum, vol. 1 (lire en ligne), p. 166[3]. L'étymologie du nom Syzygium est inconnue[4].
C'est un arbre touffu, à feuillespersistantes et à couronne moyenne, d'une hauteur de 8 à 20 mètres. Plusieurs parties de l'arbre sont aromatiques, notamment les feuilles et l'écorce. Les feuilles sont simples, vert vif et brillant. La surface inférieure est recouverte de glandes d'huile aromatique. Les feuilles elliptiques à pétiole atteignent 13 cm de long en paires opposées le long de nombreuses branches courtes[2].
Appareil reproducteur
Les fleurs se développent en petites grappes. Les boutons floraux sont d'abord pâles, d'aspect brillant et charnu, puis deviennent verts et enfin rouge vif à mesure qu'ils mûrissent. Ils se composent d'un ovaire long et étroit, d'environ 1,5 à 2,0 cm de long, avec quatre petits sépales triangulaires faisant saillie vers l'extérieur à une extrémité. Les sépales entourent une petite boule de quatre pétales qui se chevauchent et protègent les parties de la fleur qui se développent à l'intérieur. C'est sous cette forme que le clou de girofle est récolté et séché pour être utilisé comme épice[2].
Si l'on laisse la fleur se développer, les pétales tombent sous la pression de nombreuses étamines blanc-jaune (parties mâles), qui se révèlent alors. Ces étamines voyantes entourent un seul stigmate étroit (partie femelle)[2].
Les périodes de floraison varient dans les différentes régions du monde, et la récolte commerciale des fleurs ne commence qu'une fois que la plante atteint quatre ans[2].
Le fruit arrive à maturité environ neuf mois après la floraison. Le long ovaire rouge de la fleur devient progressivement rouge-violet et gonfle jusqu'à prendre la taille d'une olive, mais sa forme est plus oblongue, les sépales recouvrant l'endroit où se trouvait la fleur. Le fruit contient une, ou rarement deux graines ; il est souvent appelé la « mère des clous de girofle ». Les clous de girofle cultivés atteignent rarement le stade de la fructification[2].
L'épopée indienne du Ramayana, peut-être écrite vers 200 av. J.-C., mentionne déjà le commerce de cette épice. Les Chinois utilisaient déjà les clous de girofle sous la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) en les mâchant pour avoir meilleure haleine, ainsi que pour ses vertus médicinales et culinaires. Ils étaient connus des Grecs et des Romains. Au Ier siècle, Pline l'Ancien les décrit dans ses écrits. Une récente découverte archéologique suggère que le commerce de la girofle avec l'Occident pourrait en fait avoir commencé bien plus tôt. En effet, on a trouvé un clou de girofle parmi des restes calcinés sur le sol d'une cuisine incendiée du site mésopotamien de Terqa dans l'actuelle Syrie, daté de 1700 av. J.-C.[6].
Une tradition chrétienne fait des clous de girofle un symbole végétal des clous qui ont servi à la Crucifixion[7].
Les propriétés antiseptiques et anesthésiques de ces boutons floraux sont reconnues depuis très longtemps et proposées dans les douleurs dentaires. Il entre dans la composition du khôl, primitivement onguent ophtalmique.
En cuisine, il est présent dans le pain d'épices, les biscuits en mélange avec la cannelle comme les speculoos, le pot-au-feu, les marinades, la choucroute et il est indispensable à la plupart des currys. Aux Pays Bas, le clou de girofle entier est utilisé pour parfumer un fromage de Frise à pâte dure à apprécier vieux, appelé Nagelkaas (fromage à clous) ou Kanterkaas (AOP)[10],[11]. En Afrique du Nord, le clou de girofle est utilisé en infusion avec le thé.
Le clou de girofle sert de parfum d'ambiance sous forme d'une version végétale de la pomme d'ambre que l'on fabrique en piquant toute la surface d'une orange de clous de girofle.
De nos jours, 95 % de la production mondiale de clous de girofle est utilisé pour la fabrication des kreteks, cigarettes indonésiennes. À Jakarta, les fabricants de cigarettes jouent sur les vertus antiseptiques du clou de girofle pour présenter leurs kreteks comme tout à fait anodines[réf. nécessaire].
Utilisation médicale
Le clou de girofle (ou plus exactement son huile) est utilisé par les dentistes. Selon une étude récente () conduite sur le rat de laboratoire (rats wistar), cette huile pourrait aussi atténuer certains effets délétères sur le cerveau d'une coexposition au plomb facteur de saturnisme et au manganèse (en période de gestation et de lactation)[12].
Parmi d'autres huiles essentielles, celle du Giroflier Syzygium aromaticum a été récemment (2020) testée comme acaricide contre le pou rouge de la volaille (Dermanyssus gallinae), un ectoparasite devenu invasif et résistant aux pesticides dans les volières.
Par rapport aux autres huiles essentielles testées, celle du Giroflier était le plus acaricide par contact (CL50 : 8,9 g/mL) et son effet perdurant jusqu'à 4 jours après application. Ce traitement semble donc prometteur contre le Pou rouge. Cette plante étant déjà très cultivée, son huile essentielle pourrait être une alternative bon marché aux pesticides actuellement disponibles[15].
Statistiques de production
Production en tonnes. Chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
↑Joseph Gaertner et J. G. Sturm, De fructibus et seminibus plantarum, vol. 1, Sumtibus Auctoris, Typis Academiae Carolinae, (lire en ligne), p. 166
↑Antoine A. Jacques, François Hérincq et Pierre Etienne Simon Duchartre, Manuel général des plantes arbres et arbustes : comprenant leur origine, description, culture, leur application aux jardins d'agrément, à l'agriculture, aux forêts, aux usages domestiques, aux arts et à l'industrie, et classés selon la méthode de Decandolle, Librairie agricole de Dusacq, (lire en ligne), p. 661
↑Oeuvres complettes [sic] de P. Poivre: intendant des isles de France et de Bourbon, correspondant de l'accademie des sciences, etc : précédées de sa vie et accompagnées de notes, Oeuvres complettes [sic] de P. Poivre, , 310 p.
↑Adli, D. E. H., Kahloula, K., Slimani, M., Brahmi, M., & Benreguieg, M., « Effets prophylactiques de l’huile essentielle de Syzygium aromaticum chez les rats wistar en développement coexposés au plomb et au manganèse », Phytothérapie, 1-7, (lire en ligne)
↑(en) JOSHI, T., JOSHI, T., SHARMA, P., MATHPAL, S., PUNDIR, H., BHATT, V., & CHANDRA, S., « In silico screening of natural compounds against COVID-19 by targeting Mpro and ACE2 using molecular docking », European Review for Medical and Pharmacological Sciences, (lire en ligne [PDF])
↑(en) Masahiko Kurokawa, Toyoharu Hozumi, Purusotam Basnet, Michio Nakano, Shigetoshi Kadota, Tuneo Namba, Takashi Kawana & Kimiyasu Shirak, Purification and Characterization of Eugeniin as an Anti-herpesvirus Compound from Geum japonicum and Syzygium aromaticum, vol. 284, JPET, , chap. 2, p. 728-735
↑(en) Mohaddeseh Abouhosseini Tabari, Arash Rostami, Aref Khodashenas et Filippo Maggi, « Acaricidal activity, mode of action, and persistent efficacy of selected essential oils on the poultry red mite (Dermanyssus gallinae) », Food and Chemical Toxicology, vol. 138, , p. 111207 (DOI10.1016/j.fct.2020.111207, lire en ligne, consulté le )
↑[1]Données de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAOSTAT)
Adli, D. E. H., Kahloula, K., Slimani, M., Brahmi, M., & Benreguieg, M., « Effets prophylactiques de l’huile essentielle de Syzygium aromaticum chez les rats wistar en développement coexposés au plomb et au manganèse », Phytothérapie, 1-7, (lire en ligne)