Ivan Vladimirovitch Chtcheglov (en russe : Иван Владимирович Щеглов), dit Gilles Ivain, né le à Paris et mort le à Bry-sur-Marne[1], est un théoricien politique et poète français.
Famille
Ivan est le fils de Vladimir Chtchegloff, révolutionnaire ukrainien condamné à deux ans de prison à la suite de la Révolution russe de 1905. Après sa libération Vladimir quitte l'Empire russe avec sa femme, Hélène Zavadsky, de nationalité polonaise qu'il a épousée à Bakhmout le 2 février 1907[2]. Ils habitent trois ans en Belgique où Vladimir exerce le métier de chauffeur de taxi à partir de juin 1910. Début 1911, le couple s'installe à Paris où il continue son nouveau métier. Il est membre actif de la CGT et s’implique dans la grève des chauffeurs de taxi du 28 novembre 1911 au 18 avril 1912. L'année suivante, Hélène Chtchegloff retourne vivre en Pologne, mais Vladimir attend le 18 février 1929 pour faire prononcer le divorce[2]. Naturalisé français le 22 mars 1926[3], il travaille à présent dans le négoce des fourrures. Le 17 octobre 1932, il épouse à Charenton-le-Pont Lucienne Leroy, enceinte de six mois de leur futur fils unique Ivan.
L'une des rares traces de l'importance du rôle qu'il a pu y jouer entre 1953 et 1954 demeure son Formulaire pour un urbanisme nouveau, texte écrit en août-septembre 1953 et adopté par l'IL en octobre[4] dont une version, établie par Guy Debord, a paru en 1958 dans le premier numéro de la revue Internationale situationniste avec cette présentation : « L'Internationale lettriste avait adopté en ce rapport de Gilles Ivain sur l'urbanisme, qui constitua un élément décisif de la nouvelle orientation prise alors par l’avant-garde expérimentale. Le présent texte a été établi à partir de deux états successifs du manuscrit, comportant de légères différences de formulation, conservés dans les archives de l'I.L., puis devenus les pièces numéro 103 et numéro 108 des Archives situationnistes. »
Ivan Chtcheglov a été exclu de l'Internationale lettriste en , peu après la démission de Gaëtan M. Langlais avec lequel il a ensuite poursuivi durant plusieurs années quelques-unes des recherches commencées au sein de l'Internationale lettriste. Contrairement à ce qu'affirmaient en 1972 Jean-Jacques Raspaud et Jean-Pierre Voyer[5], et à ce qu'avaient espéré Guy Debord et Michèle Bernstein vers 1964, Ivan Chtcheglov n'a jamais appartenu à l'Internationale situationniste mais il en fut considéré comme membre « de loin » car longtemps interné en clinique psychiatrique[6].
Activisme
Avec son ami Henry de Béarn, Ivan planifie de faire exploser, en 1950, la Tour Eiffel avec la dynamite qu'ils ont volé sur un chantier de construction voisin car « elle réfléchissait la lumière dans leur chambre commune et les empêchait de dormir la nuit »[7].
Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvés, Paris, Allia, , 104 p. (ISBN2-84485-213-0).
Andrew Hussey,Guy Debord. La Société du Spectacle et son héritage punk, Éditions Globe - L'École des loisirs, 2014, ((en) Hussey Andrew, The Game of War : The Life and Death of Guy Debord, London, Pimlico, 2001).
Yan Ciret, Gilles Ivain. Prince vaillant du noir labyrinthe in Figures de la négation. Avant-gardes du dépassement de l'Art, pages 22-26, (catalogue de l'exposition après la fin de l'Art 1945-2003), Musée d'Art moderne de Saint-Etienne, 2004.
↑ a et bJean-Marie Apostolidès & Boris Donné, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Paris, Allia, 2006, p. 13
↑[1] Décret de naturalisation du 22 mars 1926. Le lieu de naissance de Vladimir Chtchegloff, mal transcrit, est Lessovo, district de Pavlovsk (gouvernement de Saint-Pétersbourg).
↑Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvées, édition établie par Jean-Marie Apostolidès & Boris Donné, Éditions Allia, Paris, 2006, p. 44
↑J.-J. Raspaud et J.-P. Voyer, L'internationale situationniste : Protagonistes, chronologie, bibliographie (avec un index des noms insultés), Paris, 1972
↑Cf. « La condition qui est actuellement faite à Ivan Chtcheglov peut être ressentie comme une des formes toujours plus différenciées que revêt, avec la modernisation de la société, ce contrôle de la vie qui a mené, en d’autres temps, à la Bastille pour athéisme, par exemple, ou à l’exil politique. », in Internationale situationniste n⁰ 9, voir aussi « Lettres de loin », d'