Après avoir participé à un braquage en 1988, il est condamné par contumace à dix ans de prison ferme, vit dans la clandestinité au Portugal et en Espagne entre 1988 et 2016, puis revient en France pour se rendre à la justice qui le condamne à cinq ans de prison avec sursis.
Biographie
Les années punk
Né à Paris le , Gilles Bertin est encore adolescent lorsque ses parents fonctionnaires déménagent dans la région bordelaise. Après avoir décroché un CAP de tourneur fraiseur, il quitte le domicile familial le jour de sa majorité pour s’installer dans un squat à Bordeaux[2]. Il s'investit alors dans le mouvement punk ,au début des années 1980. Il fonde un groupe de punk rock, Camera Silens[3],Il est bassiste et chanteur du groupe, qui bénéficie d'un succès important dans la scène punk, oï et rock alternatif[4],[5],[6]. Sa personnalité marque les membres de Bérurier Noir, qui s'en inspirent dans les textes de Concerto pour détraqués[7]. Il devient parallèlement toxicomane puis séropositif[8],[9],[10]. Petit à petit, parallèlement à la carrière artistique du groupe, Gilles Bertin tombe dans la délinquance et les braquages[11]. Le groupe continue sans lui à partir de 1986. Son fils aîné, Loris naît en 1986.
Le braquage
Le , Gilles Bertin participe au cambriolage du dépôt toulousain de la Brink’s. Il est accompagné d’une dizaine de braqueurs, qui pour la plupart, ont déjà commis plusieurs attaques de banque, dont à Limoges le l'enlèvement d'un vigile de la société de transport de fonds SPS. Cette expérience leur permet de s'introduire dans les locaux de l'entreprise pour dévaliser les coffres. Ils abandonneront leur otage ficelé dans une grange puis alerteront par un appel ironique la presse locale sur sa position. Le mode opératoire sophistiqué dans sa préparation (enlèvement, interrogatoire contradictoire, faux uniformes, etc.) ne correspond en rien à l'action d'un banditisme traditionnel. Le braquage a tout de même nécessité deux ans de préparation[12]. 11 751 316 francs (soit 3,1 million d’euros 2020) ont été dérobés ce jour-là, sans que fût tiré le moindre coup de feu avec toutefois l'enlèvement et la séquestration dans un local loué et aménagé à cet effet des couples de deux des dispatcheurs de la société Brink's. Ceux-ci subissant un interrogatoire musclé tant physiquement que psychologiquement afin de dévoiler la procédure d'introduction dans l'entreprise. La majeure partie du butin n’a jamais été retrouvée.
La cavale
Dès l'arrivée de la police, un témoin évoquant les « yeux d'un bleu remarquable » de l'un des auteurs a conduit à son identification immédiate et par la suite celle de l'ensemble de l'équipe qui se révélait être un amalgame d'artistes, militants d'extrême gauche, anciens membres de l'ETA. La police lance l’« opération sangria » [13], et tous les participants sont rapidement appréhendés dans les deux ans suivant le braquage, sauf Gilles Bertin qui échappe aux policiers espagnols et français à l'aéroport de Barcelone en utilisant la technique de la « contre filature ». Pourtant, il est celui qui a été formellement identifié malgré les soins pris pour nettoyer le studio toulousain dans lequel il avait séjourné en oubliant que sur des documents papiers les empreintes papillaires peuvent être relevées. Visé par un mandat d’arrêt international, il part en Espagne, vers la Costa Brava puis au Portugal où il ouvre avec sa compagne un magasin de disques dédié au rock alternatif et indépendant. En 1992, il est déclaré mort par le tribunal[14].
En 1995, il tombe malade, atteint du sida. Il survit grâce à la trithérapie. Il revient à Barcelone au début des années 2000, où il reprend le bar de ses beaux-parents. Pendant 28 ans, il a ainsi plusieurs identités, la plus fréquemment utilisée étant Didier Ballet[15],[16].
Parallèlement, l’instruction de l’affaire s'enlise et dure seize ans. Elle est renvoyée devant la cour d'assises de la Haute-Garonne, en . Il est à cette occasion condamné par contumace à dix ans ferme.
Reddition, procès et fin de la clandestinité
Après la naissance en 2011 de son deuxième fils, Tiago, avec sa compagne Cécilia, Gilles Bertin décide de sortir de la clandestinité et se rendre à la justice. Il passe la frontière et se rend à Toulouse pour se livrer le [17],[18]. Le procès de Gilles Bertin s'ouvre le à la cour d'assises de la Haute-Garonne. Il risque une peine de 20 ans de réclusion[19]. Mais il est finalement condamné à cinq ans de prison avec sursis[20],[21],[22],[23],[24], l’avocat général reconnaissant « le bon comportement de l’accusé » et sa démarche de se rendre volontairement à la justice, huit ans avant la prescription de sa condamnation[25].
Après de longues procédures pour obtenir de nouveau sa carte d'identité française, il l'obtient le 2 août 2019[29]. Le , il meurt à Barcelone (Espagne) des suites du sida après avoir passé plusieurs semaines dans le coma[30],[31],[32].
Publication
Trente ans de cavale : Ma vie de punk, Paris, Robert Laffont, , 270 p. (ISBN978-2-221-20359-0)
Documentaire
En 2020, la documentariste Eugénie Grandval réalise le montage d'un portrait de Gilles Bertin filmé au cours des dernières années de sa vie, intitulé PUNK ! Il était une fois Gilles Bertin[33],[34].
↑Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog, Vivre libre ou mourir: punk et rock alternatif en France, 1981-1989, Glénat, coll. « 1000 feuilles », (ISBN978-2-344-05563-2)
↑Jean-Manuel Escarnot, « Fin de cavale d’un punk qui voulait «vivre à fond» », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog, Vivre libre ou mourir: punk et rock alternatif en France, 1981-1989, Glénat, coll. « 1000 feuilles », (ISBN978-2-344-05563-2)
↑« Gilles Bertin, l’ex-chanteur punk devenu braqueur, veut solder son passé », leparisien.fr, 2018-06-05cest16:54:34+02:00 (lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Manuel Escarnot, « Cinq ans avec sursis pour Gilles Bertin, l'ex-braqueur revenu de cavale », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑SL avec AFP, « Casse de la Brink's à Toulouse : Gilles Bertin condamné à 5 ans de prison avec sursis », France 3 Occitanie, (lire en ligne, consulté le )
↑« Gilles Bertin condamné à 5 ans de prison avec sursis », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« L’ex-punk braqueur n’ira pas en prison », leparisien.fr, 2018-06-06cest19:43:31+02:00 (lire en ligne, consulté le )
↑« Gilles Bertin, ex-punk bordelais et braqueur en cavale, échappe à la prison ferme - Rue89 Bordeaux », Rue89 Bordeaux, (lire en ligne, consulté le )