La Panthère des neiges est un félin emblématique du Népal et plusieurs études et observations sont disponibles. Ainsi, au Népal, la taille du territoire est estimée entre 12 et 39 km2[13]. L'éloignement moyen entre les individus est d'au moins deux kilomètres[14]. Le Grand bharal (Pseudois nayaur) est l'ongulé le plus chassé[15] ; l'espèce s'attaque à plus grand qu'elle : par exemple, un sub-adulte de 20 kg s'est attaqué à un bharal de 55 kg[15]. La Panthère des neiges chasse peut-être préférentiellement les ongulés mâles adultes : six individus adultes tués sur dix étaient des mâles, et parmi les ongulés six bharals sur sept étaient des mâles et les deux ibex également[16]. La Panthère des neiges est un félin dont la saison de reproduction est très marquée, en raison des conditions climatiques extrêmes de son habitat. Au Népal, le pic de la saison de reproduction est en février[17]. La Panthère des neiges préfère les zones où la pente est d'au moins 40°[18].
La population est estimée entre 300 et 500 individus en 2003[2].
Les Panthères nébuleuses du Népal pourraient appartenir à la sous-espèce Neofelis nebulosa macrosceloides (Hodgson, 1853)[19], dont l'aire de répartition s'étendrait du Népal au Myanmar[20]. Cette sous-espèce est décrite à partir d'un spécimen venant du Népal. En dehors du nom, aucune description n'a jamais été reportée[21]. Les analyses génétiques et morphométriques de 2006 ne donnent aucune preuve tangible de l'existence de cette sous-espèce[22].
Les indices de présence du Lynx boréal sont ténus et l'espèce est considérée comme rare. Le premier spécimen du Népal est collecté en 1976 dans le district de Mustang[25]. La seconde observation est réalisée en 1985 dans la réserve de chasse de Dhorpatan[25]. En 1993, un chaton de deux mois est capturé dans l'aire de conservation de l'Annapurna (district de Mustang) et placé dans le zoo de Katmandou en août 1993 où il restera jusqu'à sa mort en juin 2000[25]. Durant les années 2000, aucune information n'est notée[25]. Dans les années 2010, des recherches plus poussées ont permis d'identifier la présence du Lynx boréal dans les districts de Mustang, Dolpa et Humla[25]. Les données sur ce félin sont très rares : lors de campagnes de collectes de fèces ou de pièges photographiques, les échantillons révélant la présence du Lynx boréal sont très rares (de 0 à 4,12 % pour les fèces et 0,06 % pour les pièges photographiques)[26].
Le Lynx boréal dans l'Himalaya occupe probablement les versants nord des zones boisées de broussailles sèches et, au-dessus de la limite des arbres, des zones rocheuses arides[25]. Au contraire des populations européennes, il occupe moins les forêts, sauf peut-être en hiver, où il descendrait pour chasser les chevrotains porte-musc[25]. Dans le district de Dolpa, le contenu des fèces du Lynx boréal comprend en moyenne 56 % de poils de Lièvre laineux (Lepus oiostolus), 17,7 % de restes de pikas et de Campagnols des montagnes du genre Alticola, 9,7 % de poils de Marmotte de l'Himalaya (Marmota himalayana), 7 % de végétaux, 3,3 % de débris, 3,3 % de chèvre domestique et 3 % d'os d'espèces indéfinies[27]. Les interactions avec le loup ou la Panthère des neiges sont mal connues[26]. Les trois seuls spécimens observés montrent une robe non tachetée ou très faiblement tachetée[26].
Les os et d'autres parties du corps des félins, et notamment de la Panthère des neiges et de la Panthère nébuleuse sont très demandés dans la médecine traditionnelle chinoise en remplacement de ceux du tigre[28],[29]. Dans les années 1990, les peaux de Panthère nébuleuse se trouvaient sur les marchés urbains de Katmandou[30], de Thaïlande et du Viêt Nam[31].Dans les années 2000, les manteaux en Panthère des neiges se vendent encore à la vue de tous dans les magasins de souvenirs népalais[28].
La perte de l'habitat est une menace importante pour les félins du territoire népalais. La dégradation de l'habitat est due à l'utilisation du territoire pour l'élevage (création de pâturage ou pâture à l'intérieur des forêts[23]), le développement d'infrastructures[26],[23] et la pression de chasse sur les proies des félins[23]. La création d'infrastructures est un risque émergent au Népal, où de nombreux projets hydroélectriques et routiers menacent l'habitat des félins, notamment la Panthère nébuleuse[23] et du Lynx boréal[26]. Le morcellement de l'habitat s'associe au risque plus élevé de dépression de consanguinité[26].
La menace de piégeage en représailles de prédation sur le bétail est importante pour le Lynx boréal[32]. Par exemple, dans l'aire de conservation de l'Annapurna, les populations vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec bien moins que les 160 $ de revenu annuel moyen du Népal. Un foyer vit avec environ 26,6 animaux et une Panthère des neiges peut donc dévaster le troupeau familial en une seule nuit. Les recherches menées ont permis d'identifier les animaux les plus vulnérables (chèvres et moutons, notamment) et la présence de « points chauds » de prédation où les pertes s'élèvent de 14 à 20 % sur de courtes périodes[16].
Au Népal, le Lynx boréal est inscrit comme vulnérable sur la liste rouge nationale en raison d'indices des effectifs de l'espèce sur l'aire de répartition nationale[27],[32] et est protégée par la loi sur la conservation de la nature et les parcs nationaux de 1973 (GoN 1973)[32]. La menace principale est la persécution par l'espèce humaine et les braconnages en représailles de prédation sur le bétail[27]. Toutefois, l'espèce n'est pas incluse dans les mécanismes gouvernementaux de compensation financière en cas de prédation[26].
Références culturelles aux félins
Efforts de recherche
En 1986, la première vidéo du félin à l'état sauvage est réalisée au Népal par Rodney Jackson[33].
En 1989, quatre Panthères nébuleuses ont été observées au Népal : il s'agissait de la première observation depuis 1863[31]. En 2011, la présence du félin dans l'aire de conservation de l'Annapurna au Népal est confirmée par des pièges photographiques : les précédentes observations dans ce pays dataient de 1989[34],[35]. La recherche in situ est rendue difficile par la nature discrète de la Panthère nébuleuse, par sa population faible et dispersée et par les difficultés d'accès et d'études inhérentes à son habitat chaud et humide. Les méthodes employées dans la nature sont très diverses : capture d'individus pour prélèvements et utilisation de colliers émetteurs, étude des empreintes, analyses fécales ou piège photographique[36]. Les recherches sont rarement axées uniquement sur la Panthère nébuleuse, mais incluent d'autres félins ou carnivores présents sur l'aire d'étude. En 2011, une étude est réalisée au Népal dans l'aire de conservation de l'Annapurna afin d'en évaluer la biodiversité[34],[35].
Attitudes des populations locales
L'attitude des populations locales envers la Panthère des neiges est majoritairement négative (95 % des personnes sondées). Une étude réalisée au Népal montre que parmi les villageois sondés, 52 % souhaitent exterminer le prédateur[28]. La principale cause citée pour considérer la Panthère des neiges comme de la vermine est la prédation sur les troupeaux[16].
Croyances
Au Népal, la Panthère des neiges est vue comme un animal chargé de réaliser la tâche coupable de tuer les autres animaux. La tuer revient à récupérer tous ses péchés, et il est nécessaire de s'en excuser auprès des dieux[37].
↑(en) Andrew C. Kitchener, Mark A. Beaumont et Douglas Richardson, « Geographical Variation in the Clouded Leopard, Neofelis nebulosa, Reveals Two Species : Supplemental Discussion. Taxonomic History of the Clouded Leopard », Current Biology, vol. 16, no 23, , p. 2377–2383 (lire en ligne).
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↑ abcdefgh et i(en) Yadav Ghimirey, Kaushal Yadav, Jeevan Rai, Rishi Baral et Raju Acharya, « Clouded leopard in Sikles-Bhujung Landscape, Annapurna Conservation Area, Nepal », Cat News, no 68, , p. 13-15 (ISSN1027-2992)
↑(en) « Clouded Leopard Locator », sur cloudedleopard.org, Clouded Leopard project (consulté le ).
↑ ab et c(en) Géraldine Werhahn, Naresh Kusi, Dibesh Karmacharya, Adarsh Man Sherchan, Prajwol Manandhar, Sulochana Manandhar, Tarka Raj Bhatta, Jyoti Joshi, Susmita Bhattarai, Ajay Narayan Sharma, Jennifer Kaden, Muhammad Ghazali et Helen Senn, « Eurasian lynx and Pallas's cat in Dolpa district of Nepal: genetics, distribution and diet », Cat News, no 67, , p. 34-35 (ISSN1027-2992)
↑ a et b(en) A. Appel, Y. Ghimirey et Acharya, Status assessment of wild felids with a special focus on clouded leopard and Asian golden cat in the Hugu-Kori forest, Annapurna Conservation Area, Nepal, (lire en ligne [[PDF]])
↑(en) Shafqat Hussain, « Nature and human nature : conservation, values and snow leopard », Contributed Papers to the Snow Leopard Survival Strategy Summit, (lire en ligne).
Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p., relié (ISBN978-2603010198 et 2-603-01019-0)
(en) Naresh Kusi, Prajwol Manandhar, Samundra Ambuhang Subba, Kanchan Thapa, Kamal Thapa, Bikram Shrestha, Narendra Man Babu Pradhan, Maheswar Dhakal, Nurendra Aryal et Géraldine Werhahn, « Shadowed by the ghost: the Eurasian lynx in Nepal », Cat News, no 68, , p. 16-18 (ISSN1027-2992).