François Hébrard, né le à Lodève (Hérault) et mort le à La Fuye, commune de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), est un juriste et dirigeant sportif français. Il est professeur de droit civil puis doyen de l’Institut catholique de Paris. Cette brillante carrière universitaire ne l'empêche pas de s'engager très tôt dans le monde associatif et celui des débats de société.
Fondateur en 1898 d'un patronage paroissial, il s'engage aussitôt à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France aux côtés de Paul Michaux auquel il succède à la présidence pendant trente-trois ans, de 1923 à 1956. Celle-ci devient Fédération sportive de France en 1947 puis Fédération sportive et culturelle de France en 1968. François Hébrard préside également pendant vingt-quatre ans, de 1931 à 1955, la Fédération internationale catholique d'éducation physique et sportive.
Biographie
François Hébrard est le fils de Charles Hébrard, notaire et de Marie Julien de Lasalle[1]. Après des études secondaires chez les jésuites à Montpellier[G 1], François Hébrard intègre la faculté de droit de l’Institut catholique de Paris (ICP) en 1895[G 2]. À son arrivée dans la capitale, il s'engage dans le monde associatif, assurant à 18 ans la présidence de la conférence Olivaint où il côtoie Paul Michaux dès 1895. L'année suivante, il est aussi président départemental de l'association créée par Albert de Mun pour promouvoir le catholicisme social[J 1]. Il a 21 ans quand il fonde le patronaged’Auteuil et du point du jour en 1898, année de la création de l’Union des sociétés de gymnastique et d’instruction militaire des patronages et œuvres de jeunesse de France (USGIMPOJF). Il en demeure cinquante ans président.
Il obtient la licence de droit cette même année et le doctorat en 1902 avec une thèse intitulée : Le sort des biens des associations en cas de dissolution[H 1]. Nommé maître de conférences de l'ICP en 1903[H 2], puis professeur l'année suivante, il y enseigne d'abord le droit administratif. Il obtient ensuite la chaire de droit civil avant d’être nommé doyen de la faculté en 1947[H 3].
Marié le à Paris avec Marie Dumas (1886-1916), ils ont quatre enfants : Jeanne (Mme Cavroy), Madeleine (Mme de Penfeilhoux), Françoise (Mme de Boisséson) et Geneviève (Mme de Russé)[1].
Mobilisé comme sergent, il est promu capitaine au sortir de la Grande Guerre[J 2].
Pendant sa présidence, il soutient l’important développement des patronages de l’Algérie française[H 6] et de celui des territoires d’outre-mer. À l’invitation de Mgr Auguste-Fernand Leynaud[G 5], archevêque d’Alger[2], il accompagne avec Armand Thibaudeau, quatre-vingts associations venues des Bouches-du-Rhône, d’Alsace, de la Seine, du Rhône, des Landes et du Maine-et-Loire[3] qui passent la Méditerranée avec 3 000 gymnastes et 500 musiciens pour participer le , à un grand concours fédéral à Alger pour célébrer le centenaire de la conquête de l’Algérie[H 6]. Trois bateaux spéciaux partent de Marseille : le Lamoricière, le duc d’Aumale, l’Espagne.
Les compétitions sont suivies de gestes politiques forts :
réception par le gouverneur général Pierre-Louis Bordes et dépôt de deux gerbes au monument aux morts : une par la FGSPF, l’autre par l’Alsace catholique reconnaissante ;
déplacement à Sidi-Ferruch où Mgr Auguste-Fernand Leynaud pose la première pierre de l’église locale : deux trains spéciaux et dix-huit autocars sont nécessaires pour transporter les participants[LJ 2].
le soutien apporté, avec son secrétaire général Armand Thibaudeau à la création de la Fédération française de basket-ball (FFBB) en 1931[5] ; il tente lui-même de soutenir le développement d'autres sports, dont le ski [G 7] et, avec moins de réussite, le rugby[G 8] ;
Tout au long de son mandat, François Hébrard s’est efforcé d’établir et entretenir des liens étroits avec les organismes catholiques chargés des activités théâtrales et du cinéma : l'Association théâtrale des œuvres catholiques d’éducation populaire (ATOCEP) et la Fédération loisirs et culture cinématographiques (FLECC). Cet intérêt, associé à ses charges à la faculté catholique, l’amène, en 1928, à présider la centrale catholique du cinéma et de la radio[H 7]. Son action dans ce domaine prépare le changement de sigle significatif de la FSF en FSCF en 1968[6].
Ses relations[G 11] — associées à celles du général de Castelnau, président d'honneur de la FGSPF[G 12] — lui permettent d'activer et d'entretenir un important réseau de communication au profit de la fédération[7]. Tout au long de sa présidence, porté par un souci constant d'éducation intégrale[G 13], il assure également les contacts avec le scoutisme[G 14] et accompagne le développement de l'Action catholique[G 15], parfois dans un contexte quelque peu conflictuel[G 16]. En 1928, il est élu membre de l'académie d'éducation et d'entraide sociale[LJ 4].
Publications
Il concourt par ailleurs à de nombreuses revues et publications scientifiques spécialisées et publie deux ouvrages :
Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur au titre de ses services militaires par décret du puis promu officier de la Légion d’honneur par décret du , en qualité de président général de la FGSPF[G 20]. Il est promu commandeur de la Légion d’honneur[LJ 5] par décret du [N 1] en qualité de président d'honneur de la FSF et de la FICEP.
↑François Hébrard, « À ceux qui reviennent d’Alger », sur gallica.bnf.fr, Les Jeunes, n° 455, Paris, Fédération gymnastique et sportive des patronages de France, (consulté le ), p. 401 à 409
↑Fédération sportive et culturelle de France, « Des visages et des hommes », les Jeunes, no 2526, , p. 32.
↑« La fédé il y a : 40 ans (1928) », sur gallica.bnf.fr, Les Jeunes, n°2106, Fédération sportive et culturelle de France, (consulté le ), p. 12
↑Fédération sportive et culturelle de France, « François Hébrard sur les traces de Paul Michaux », Les Jeunes, no 2530, , p. 32
↑« Ce qu'en dit la presse », sur gallica.bnf.fr, les Jeunes,n° spécial, Paris, Fédération sportive de France, (consulté le ), p. 3
↑(en) C†H, « Archbishop Auguste-Fernand Leynaud (1865–1953) », The Hierarchy of the Catholic Church:Current and historical information about its bishops and dioceses, sur catholic-hierarchy.org (consulté le )
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Fabien Groeninger (préf. Gérard Cholvy), Sport, religion et nation, la fédération des patronages d'une guerre mondiale à l'autre, Paris, L'Harmattan, , 340 p. (ISBN978-2747569507, BNF39244145).
François Hébrard, les disciplines de l'action, Paris, Spes, , 188 p. (BNF32229765).
François Hébrard, Soigne ton corps, forme la volonté, Marseille, Publiroc, , 180 p. (BNF32229766).
Jean-Marie Jouaret (préf. Gérard Cholvy), Petite histoire partielle et partiale de la Fédération sportive et culturelle de France (1948-1998), t. 1, Paris, FSCF (à compte d’auteur, imp. Déja-Glmc), , 646 p. (ISBN2-952838-70-4, BNF41363915).
Jean-Marie Jouaret, Petite histoire partielle et partiale de la Fédération sportive et culturelle de France (1948-1998), t. 2, Paris, FSCF (à compte d’auteur, imp. Déja-Glmc), , 543 p. (ISBN978-2-952838-70-2, BNF41363915).
Lafitte-Hébrard, Qui est qui en France : dictionnaire biographique de personnalités françaises vivant en France, Lafitte, , 1799 p. (ISBN978-2857840312).
Laurence Munoz et Jan Tolleneer, L’Église, le sport et l’Europe : La Fédération internationale catholique d’éducation physique (FICEP) à l’épreuve du temps (1911-2011), Paris, L’Harmattan, coll. « Espaces et Temps du sport », , 354 p. (ISBN978-2-296-54931-9, BNF42427985).