François Fouquet ou Foucquet, né à Paris le 26 juillet 1611 et mort à Alençon le 19 octobre 1673, est un prélat français, frère du surintendant Nicolas Fouquet, disciple de saint Vincent de Paul.
Ayant acheté un office de conseiller au Grand Conseil (1632)[3], il le changea ensuite pour celui de conseiller au parlement de Paris. Sa famille le destina cependant très jeune à la carrière ecclésiastique.
Nommé évêque de Bayonne en 1637, il fut sacré le dans l'église du Grand-Jésus de la rue Saint-Antoine à Paris[Note 1], par Claude de Rueil, évêque d'Angers. Dans ce diocèse, il combattit la coutume basque de la cohabitation avant mariage[4],[5],[Note 2].
Le , il permuta le siège de Bayonne avec celui de Jean Dolce, évêque d'Agde, ce qui fut confirmé par une bulle d'Urbain VIII[Note 4]. Il prit possession par procureur le , fit son entrée solennelle dans Agde le suivant et prêta serment de fidélité au roi au mois de . Pendant son pontificat on bâtit une nouvelle église sous l'invocation de saint Joseph dans l'île de Sète, achevée en 1652. À Agde, il lança aussi la construction d'un séminaire près de l'église Saint-André et établit un hôpital[7].
Archevêché de Narbonne et exil
Le , il fut nommé coadjuteur de Claude de Rebé, archevêque de Narbonne avec promesse de succession. Il céda l'évêché d'Agde à son frère Louis qui, pour question d'âge ne fut sacré qu'en 1659. François Fouquet succéda à Claude de Rebé à la mort de celui-ci le , et prit ainsi la présidence des États de Languedoc. Il prêta serment au roi pour son nouveau siège le , et fit son entrée solennelle à Narbonne le [2],[7]. En , il présida l'assemblée du clergé[8]. Il prit sa charge au sérieux, visitant en 1659-1660 l'ensemble de ses paroisses. En 1660, il dirigea les travaux du synode du diocèse de Narbonne[9].
La famille Fouquet, à commencer par François IV, le père de l'archevêque de Narbonne et du surintendant, était proche de saint Vincent de Paul. On peut rappeler que trois des sœurs du prélat entrèrent chez les Visitandines, dont le couvent de Paris avait pour aumônier Monsieur Vincent, et François Fouquet appellera l'une d'entre elles pour fonder une maison de cet ordre dans son diocèse de Bayonne (1640)[4].
Il ouvrit le premier séminaire du diocèse de Narbonne, qu'il confia à la direction des pères lazaristes, congrégation créée par Vincent de Paul, comme les Filles de la Charité dont il obtint de celui-ci l'installation à Narbonne en 1659, les premières étant Françoise Carcireux, Anne Denoual et Marie Chesse, pour se consacrer aux malades et aux pauvres de l'hôpital Saint-Paul (Hôtel-Dieu)[Note 7].
François Fouquet mourut en exil le [Note 8]. Il fut inhumé dans l'église des Clarisses d'Alençon, au pied du maître-autel[15],[Note 9]. Les États de Languedoc célébrèrent un service en son honneur le 9 janvier 1674 ; le cardinal Pierre de Bonzi officia, et l'oraison funèbre fut prononcée par Hyacinthe Serroni, évêque de Mende[16]. Son tombeau fut détruit durant la Révolution, mais on aurait retrouvé sa dépouille lors de travaux en 1825[17].
Bibliographie
Rémy Cazals, Daniel Fabre (s.d.), Les Audois, Dictionnaire biographique, Carcassonne, Association des Amis des Archives de l'Aude, Fédération Audoise des Œuvres Laïques, Société d'Études Scientifiques de l'Aude, , 347 p. (ISBN2-906442-07-0)
Dom Claude Devic, dom Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, vol. XIII (1643-1789), Toulouse, Privat, 1877 (réimp. 2005) (ISBN978-2-84575-174-3 et 2-84575-174-5)
Louis Duval, Un frère de Nicolas Foucquet, François, archevêque de Narbonne, exilé à Alençon, Henri Delesque, Caen, 1894 (Extrait des Mémoires de l'Académie nationale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen) ; [1].
Jacques Michaud et André Cabanis, Histoire de Narbonne, Toulouse, Privat, coll. « Pays et villes de France », (ISBN2-7089-8339-3).
↑Jean-Louis Flandrin, Les amours paysannes ..., p. 6, cite P. Cuzacq, La Naissance, le mariage et le décès..., p. 98-99, Paris, 1902, qui reprend lui-même Henry Poidenot, Notes sur les évêques de Bayonne, 3e fascicule, p. 352 : « Nos anciens auteurs, Compaigne et Veillet, racontent que François Bouquet (sic) (évêque de Bayonne en 1640), appliqua tous ses soins à extirper de son diocèse une affreuse coutume qu'il avait trouvé établie dans presque tout le pays de Labourd : ceux qui s'étaient simplement promis le mariage en présence de leur curé croyaient pouvoir en conscience, et comme fiancés, habiter ensemble avant la bénédiction nuptiale. Il fit publier dans toutes les paroisses de son diocèse une ordonnance par laquelle il défendait ce scandaleux abus sous peine d'excommunication, et il obligeait ceux qui y étaient tombés à en faire une pénitence publique. »
↑L'Histoire générale de Languedoc et Louis Duval, Un frère de Nicolas Foucquet, François..., p. 6, précisent : au diocèse de Coutances ; ce n'est donc pas l'abbaye de Saint-Sever.
↑Nommé le , Jean Dolce n'avait pas encore pris possession de son évêché.
↑Il y a une erreur typographique dans Jacques Michaud et André Cabanis, Histoire de Narbonne... p. 212 qui indique la date de 1761 : est-ce initialement 1661, 1671 ?
↑Elles furent d'abord affectées à la Charité. Elles sont munies d'instructions de saint Vincent de Paul, qui les met en garde contre les dangers de la vie à Narbonne : « Ce peuple est d'esprit subtil et délicat. Il faut vous attendre d'en être moquées. Il est bon, mais toutes leurs inclinations sont portées au mal. » Jacques Michaud et André Cabanis, Histoire de Narbonne... p. 211.
↑Le registre des sépultures de Condé-sur-Sarthe contient l'acte suivant [AD de l'Orne, Condé-sur-Sarthe, AC117/3, 1673] :
« Le 19e octobre décéda sur la minuit François, archevesq[ue] de Narbonne, et son corps fut inhumé sur les trois heures après le midy le landemain, en l'église des filles de S[ain]te Claire d'Alençon, au bout du grand autel du costé de l'évangile, où assistèrent le s[ieu]r Colbert, intendant de justice, et m[essieu]rs du présidial »
↑L'épitaphe était la suivante : FRANCISCUS FOUCQUET / ARCHIEPISCOPUS ET PRIMAS NARBONENSIS, / FRATRIS CASU AB ECCLESIA RELEGATUS, / APOSTOLO PROPIOR QUAM EXULI, / ABSENS SUIS, / SEMINARIUM CLERI, NOSOCOMIUM, MISIONES QUE / FUNDAVIT LIBERALITER DE SUO, / EXTERIS PRÆSENS, / VIRTUTUM OMNIUM EXEMPLUM DE SE PRÆBUIT. / TANDEM LONGO GREGIS SUI DESIDERIO CONFECTUS / PASTOR OPTIMUS, / XII KAL. NOVEMB. AN. SAL. ⊂I⊃ I⊃ ⊂LXIII, / EXILII XII, / HIC SITUS EST. / VIXIT ANN. LXIII MENS. I DIES XXIII.
Références
↑Louis Duval, Un frère de Nicolas Foucquet, François..., pp. 3-4
↑ abc et dDom Devic, dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, IV, p. 259.
↑Louis Duval, Un frère de Nicolas Foucquet, François..., p. 5.
↑ ab et cLouis Duval, Un frère de Nicolas Foucquet, François..., p. 6.