La fonction cardinale la plus utilisée est celle qui à tout ensembleA associe sa cardinalité, notée |A|.
Les alephs et les beths peuvent être vues comme des fonctions cardinales définies sur les ordinaux.
Les opérations arithmétiques sur les cardinaux sont des exemples de fonctions des cardinaux (ou des couples de cardinaux) dans les cardinaux.
Les caractéristiques cardinales d'un idéal propreI de parties de X (c'est-à-dire un ensemble non vide de parties propres de X, stable par sous-ensembles et par réunions finies) sont, en supposant que I recouvreX :
son additivité add(I), qui est le plus petit nombre d'éléments de I dont la réunion n'est pas élément de I :
Ce cardinal est infini :
Il est même supérieur ou égal à ℵ1 si I est stable non seulement par réunions finies mais par réunions dénombrables ;
son nombre de recouvrementcov(I), qui est le plus petit nombre d'éléments de I dont la réunion est X tout entier :
Ce cardinal est supérieur ou égal au précédent :
son uniformité non(I) – parfois notée aussi unif(I) – qui est la plus petite taille d'une partie de X n'appartenant pas à I :
Ce cardinal est, lui aussi, supérieur ou égal à l'additivité[1] :
Son π-poids πw(X) est le plus petit cardinal d'une π-base, c'est-à-dire d'une famille d'ouverts non vides telle que tout ouvert non vide de X contient un ouvert de cette famille.
Sa densité d(X) est la plus petite cardinalité d'une partie dense. L'espace est dit séparable lorsque d(X) ≤ ℵ0.
Son nombre de Lindelöf L(X) est le plus petit cardinal κ tel que tout recouvrement ouvert de X possède un sous-recouvrement de cardinal inférieur ou égal à κ. L'espace est dit de Lindelöf lorsque L(X) ≤ ℵ0.
Sa cellularité (ou son nombre de Suslin(en)[5]) c(X) est le plus petit cardinal κ tel que toute famille d'ouverts non vides deux à deux disjoints est de cardinal inférieur ou égal à κ.
Sa cellularité héréditaire ou son étalement[7](en anglais : spread) s(X) est la borne supérieure des cellularités de ses sous-espaces :
Son étroitesse[7](en anglais : tightness) t(X) est le plus petit cardinal κ tel que tout point adhérent à une partieA de X est adhérent à un sous-ensemble de A de cardinal inférieur ou égal à κ. L'espace est dit dénombrablement engendré, ou dénombrablement étroit, lorsque t(X) ≤ ℵ0.
Son étroitesse augmentée t+(X) est le plus petit cardinal régulier κ tel que tout point adhérent à une partie A de X est adhérent à un sous-ensemble de A de cardinal inférieur à κ.
Diverses inégalités relient ces fonctions. Par exemple[5] :
c(X) ≤ d(X) ≤ w(X) ≤ o(X) ≤ 2|X|,
χ(X) ≤ w(X) et L(X) ≤ w(X).
Si X est séparé, |X| ≤ 2c(X)χ(X) et |X| ≤ 2L(X)χ(X).
Beaucoup de fonctions cardinales d'un espace topologique correspondent par dualité aux fonctions cardinales de son algèbre de fonctions continues[5] ou d'une algèbre de Boole[7].
On peut mentionner par exemple les fonctions suivantes d'une algèbre de Boole B :
sa cellularité c(B), qui est la borne supérieure des cardinaux d'antichaînes de B ;
sa longueur length(B), qui est la borne supérieure des cardinaux de ses chaînes ;
sa profondeur depth(B), qui est la borne supérieure des cardinaux de ses parties bien ordonnées ;
son incomparabilité inc(B), qui est la borne supérieure des cardinaux de familles d'éléments deux à deux incomparables ;
son pseudo-poids π(B), qui est le plus petit cardinal d'une famille d'éléments non nuls de l'algèbre de Boole B telle que tout élément non nul de B est minoré par un élément de cette famille.
Fonctions cardinales en algèbre
Des exemples de fonctions cardinales que l'on considère en algèbre sont :
↑(en) István Juhász, Cardinal Functions in Topology – Ten Years Later, Amsterdam, Math. Centre Tracts, , 160 p. (ISBN978-90-6196-196-3, lire en ligne).
↑Certains auteurs, comme (en) Ryszard Engelking, General Topology, Heldermann(de), , 529 p. (ISBN978-3-88538-006-1), pour qui « il n'y a pas de cardinaux finis en topologie », préfèrent définir ces fonctions cardinales de telle façon qu'elles ne prennent que des valeurs infinies, ce qui revient à modifier les définitions données ici, par exemple en ajoutant ℵ0 dans le membre de droite.
↑ ab et cRésumé en français de (en) J. Donald Monk, « Cardinal functions on boolean algebras », dans Maurice Pouzet et Denis Richard, Orders: Description and Roles, , p. 9-37.
↑(en) J. Donald Monk, Cardinal Functions on Boolean Algebras, Birkhäuser, coll. « Lectures in Mathematics ETH Zürich », , 153 p. (ISBN978-3-7643-2495-7).
↑(en) J. Donald Monk, Cardinal Invariants on Boolean Algebras, Birkhäuser, coll. « Progress in Mathematics » (no 142), , 298 p. (ISBN978-3-7643-5402-2, lire en ligne).
(en) Richard E. Hodel, « Combinatorial set theory and cardinal function inequalities », Proc. Amer. Math. Soc., vol. 111, , p. 567-575 (lire en ligne)