La première Guerre mondiale, qui conduit Fernand Labat, alors mobilisé comme téléphoniste, de l'Aisne à la Somme, puis en Alsace, le voit également lié à la pratique de la gravure : « il porte alors dans sa musette, restitue Maximilien Gauthier, la charge supplémentaire de bois gravés où il inscrit le témoignage d'invraisemblables horreurs »[1].
Fait prisonnier en 1918, Fernand Labat est en 1919 rapatrié par une péniche jusqu'à Rotterdam, puis par un bateau américain jusque Cherbourg. Il est situé en 1920 au 6, rue Asseline à Paris, dans « un local tout d'une pièce, vitré de part et d'autre »[1].
Au soir de sa vie, Fernand Labat se retire à la maison de retraite des artistes de Nogent-sur-Marne où il meurt en février 1959. Ses traits nous sont fixés par le portrait en buste qu'en fit le sculpteur bordelais Jean Paris dit Pryas (1891-1985), édité en bronze par la fonderie Valsuani[2].
Contributions bibliophiliques
Francis Jammes, Les Georgiques chrétiennes, illustrations de Fernand Labat reproduites au pochoir, cinq cents exemplaires numérotés, Éditions littéraires de France, 1945.
Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, illustrations de Fernand Labat, Éditions Livres d'art (imprimerie Coulouma), 1947.
Paul Verlaine, Sagesse, composé et manuscrit par Guido Colucci, illustré des aquarelles de Fernand Labat, à l'Enseigne de la Trirème, 1934.
Expositions
Expositions personnelles
Galerie Le Portique, Paris, avril-mai 1927[3], 1929[4].
Expositions non datées : Galerie Georges Bernheim, Galerie Druet, Paris[5].
6e Salon des artistes indépendants bordelais, Bordeaux, octobre-novembre 1933[11].
Citations
Dits de Fernand Labat
« Je ne sais pas ce que le mot primitif veut dire. S'il est naïf ou primitif de se laisser porter par une idée, un sentiment, je veux l'être. Mais on n'est peintre que si l'on pense, ou si l'on sent, naturellement, en plasticien ; autrement dit : si l'on est capable d'exprimer son idée, son sentiment, par le moyen d'équivalences plastiques bien fidèles. » - Fernand Labat[1]
« Quel que soit l'être ou l'objet que le peintre évoque ou représente, la bonne peinture est toujours religieuse. C'est l'art lui-même qui, selon moi, est essentiellement une ferveur. » - Fernand Labat[1]
Réception critique
« Curieux des effets, plus variés qu'on ne le penserait d'abord, d'un éclairage vertical, Labat use d'une palette rompue, où des gris blonds, à peine chauds, s'opposent à des luisants froids. Il y a, dans cet ennemi de tout excès, une distinction profonde que nulle fadeur ne vient gâter. » - François Fosca, 1927[3]
« Labat, sans cesser d'être lui-même, se développe et s'enrichit. Jusque-là grises, délicates, et parfois un peu trop, ses harmonies sont devenues plus colorées, abondantes en roux et en fauves, en pourpres. Labat mérite le succès et il l'aura. » - François Fosca, 1929[4]
« Tel un postimpressionniste, il ne s'interdit pas de décomposer la couleur en tons élémentaires ; et cependant, ses harmonies sont vaporeuses et ses volumes substantiels. Avec une palette chargée de rouges chantants (vermillon, cadmium), d'ocres, de vert émeraude, de bleu d'outremer, de cobalt et de blanc, il peint des tableaux calmes, aux discrètes blondeurs, aux profondeurs tantôt nuancées, tantôt opaques. Longtemps, il a préféré la technique du couteau à celle de la brosse, mais toujours il a pratiqué un système de menues touches analytiques ; pourtant, il n'a jamais perdu de vue la nécessité de construire, de ne pas sacrifier l'accent monumental de l'ensemble à la saveur du détail. Il parle avec subtilité, originalité, voire fantaisie, le langage pictural de sont temps ; mais ses vrais maîtres sont Giotto et Giovanni da Fiesole... On connaît surtout ses peintures. Ses pastels aux accents savoureux fondus mériteraient de l'être davantage. » - Maximilien Gauthier[1]
François Mauriac, Préséances, manuscrit en exemplaire unique du roman de François Mauriac dont Fernand Labat a intégralement recopié le texte à la plume, qu'il a enrichi de 41 aquarelles originales et qu'il a offert à l'auteur (1948-1955)[13].
Notes et références
↑ abcde et f Maximilien Gauthier, « Fernand Labat », Art & Décoration, juin 1933, pages 181-188.
↑ François Fosca, « Le Salon des indépendants », L'Amour de l'art, n°2, février 1927, p. 36 : l'envoi de Fernand Labat y consiste en « deux figures agréables, délicates » y retient-on.
↑ François Fosca, « Chroniques - Les expositions », L'Amour de l'art, 1927, p. 223.