Plaine de Grenelle dans les années 1730, avec le château de Grenelle au centre.
Par un arrêté en date du 10 pluviôsean II (), le comité de salut public autorise la transformation du château de Grenelle ainsi que la ferme et les bâtiments avoisinants en « deux établissements provisoires de fabrication révolutionnaire de poudre ».
Par mesure de sécurité, les bâtiments situés aux alentours furent détruits après que les propriétaires et locataires furent expropriés.
Trois fortes détonations sont entendues, avec une immense colonne de fumée visible de tout Paris, qui provoquent près d'un millier de morts parmi les ouvriers, les employés et la population voisine, les alentours subissant des dommages considérables[2], comme la destruction du couvent des Visitandines de Chaillot, abandonné depuis le début de la Révolution.
Ce nombre de mille morts a été avancé par Chaptal lui-même, alors directeur de l'Agence révolutionnaire des poudres. On a même parlé de 1 500 morts à l'étranger pour nuire à la France. Cependant, en s'appuyant sur l'étude des dossiers d’indemnisation, qui ne relèvent officiellement que 536 morts, on peut estimer le nombre de victimes à 1 360 (dont moins de la moitié de morts)[3].
Le souffle de l'explosion provoque la destruction de nombreuses vitres, et anéantit un grand nombre de vitraux d'églises dans la capitale : presque toutes les églises de Paris sont affectées, y compris sur la rive droite.
À la suite de cette catastrophe, la prise de conscience des risques induits par les activités de nature industrielle a contribué au fondement de la réglementation française sur les établissements dangereux par le décret impérial de 1810[2].
Selon l'universitaire Thomas Le Roux, il s'agit « de l’accident industriel le plus meurtrier de l’histoire de France (Courrières mis à part) et sans aucun doute son premier véritable accident technologique »[3],[4].
Notes et références
↑Claude-Antoine Prieur, « Notice sur l'exploitation extraordinaire de Salpêtre, qui a eu lieu en France, pendant les années 2 et 3 de la République ; ainsi que sur le nouveau procédé du raffinage de ce sel », Annales de chimie, vol. 20, , p. 304-5 (lire en ligne).