Eugène Ritt est né à Paris dans la petite bourgeoisie, et élevé à Strasbourg. Revenu à Paris, vers , il s'improvise comédien, organisant des représentations sur les scènes de banlieue. En 1840, il joue à l'Ambigu. Le Figaro indique que, comme comédien, il était « d'art modeste ». Homme d'affaires, commerçant habile et ingénieux, il vend des sangsues mécaniques et de la viande, à la criée, au carreau des halles, un des organisateurs de ce système de boucherie[1].
En 1856, il devient administrateur, associé avec Charles de Chilly, à la direction, jusqu'en 1862 de l'Ambigu[2] où sont successivement représentés Les Fugitifs, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, Fanfan-la-Tulipe, La Bouquetière des Innocents. Toujours selon Le Figaro, Chilly disait « Ce Ritt, il a deux grandes qualités il est économe et chanceux! »[1].
En , il décide la reconstruction du Théâtre de la Porte-Saint-Martin incendié en 1871, durant la Commune de Paris[2] et en . Ritt prend en société, avec Henri Larochelle, le théâtre rebâti de la Porte-Saint-Martin, pendant six ans, pendant laquelle ils montent Le Tour du monde en quatre-vingts jours de d'Ennery et Jules Verne. La pièce sera jouée sans interruption du 7 novembre 1874 au 20 décembre 1875 (415 représentations). Pour comprendre l'engouement du public, il suffit de citer une lettre de Victor Hugo à Ritt et Larochelle : « Mes excellents et chers directeurs, toute ma maisonnée veut revoir et refaire le Tour du monde, cet étonnant succès. Voulez-vous être assez bons pour leur donner quatre places pour ce soir mardi. Remerciement cordial[3]. » La pièce rapporte aux deux directeurs quinze cent mille francs environ par tête[1]. Il dirige en même temps le théâtre du Châtelet qu'il sauve de faillite[2].
En 1884, il est nommé directeur de l'Opéra et prend Pedro Gailhard comme directeur de la scène. La première année est désastreuse ; la subvention et la commandite absorbées puis l'Opéra redevient prospère. Ils montent un grand nombre d'œuvres nouvelles, et notamment Taharin, Le Cid de Jules Massenet, Rigoletto, Sigurd (1885) ; Patrie !, Les Deux Pigeons (1886) ; Roméo et Juliette (1888) ; La Tempête, Lucie de Lamermoor (1889) ; Ascanio, Zaïre, Le Rêve (1890) ; Le Mage (1891), Henry VIII de Saint Saëns, le répertoire de Richard Wagner fait à l'Opéra sa première apparition. En 1890, on lui retire le privilège. Il devient alors philanthrope[1] ; il est nommé à l'unanimité président de l'Association des artistes dramatiques et président de l'œuvre « La Bouchée de Pain[4],[5] ».
En , il est élu conseiller municipal d’Épinay-sous-Sénart, où il réside de très nombreuses années. En 1869, il acheta une magnifique propriété à Épinay-sous-Sénart et y fit construire une maison en 1891, actuellement la mairie de cette ville[6].
Il épouse en premières noces, le 6 janvier 1844, Henriette Sarah Weller (1817-1876) et, en secondes noces, le 7 janvier 1878, Rose Rachel Veller (1836-1908). Après sa mort en 1898, sa veuve, Rose Veller, adopte leur jeune protégée, Charlotte Lesbros (1878-1965) qui hérite de la propriété d’Épinay-sous-Sénart, et épouse Jacques Froment-Meurice (1864-1947), neveu de Paul Meurice[8].
↑Œuvre de la Bouchée de pain, fondée en 1884, reconnue d'utilité publique par décret en date du 30 juillet 1900 : siège social, 13, rue des Filles-du-Calvaire (IIIe).