Fondée en , quelques mois après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie et le passage dans la clandestinité du Parti communiste, cette police politique, constituée au sein de la Commission des cadres du PCF, est dirigée par Jacques Duclos. Son principal animateur était Marius Bourbon.
De la quinzaine d'actions menées contre l'occupant par le Détachement Valmy, les plus marquantes sont :
le , l'attentat au restaurant de l'hôtel Bedford, occupé par des militaires allemands ;
Certaines des armes employées pour ces opérations (grenade Mills) avaient été prises parmi celles envoyées par Londres au PCF[2].
En septembre 1942, le Détachement Valmy fait circuler des tracts appelant à manifester à Paris et en banlieue le 20 du mois à l'occasion de l'anniversaire de la bataille de Valmy qui vit l'armée de la Révolution vaincre les Prussiens. Informées par des agents du général SS Karl Oberg, les autorités allemandes, par précaution, ordonnent la fermeture des théâtres, cinémas et autres lieux de loisir entre 3 heures de l'après-midi et minuit le 19 septembre en Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne ; elles interdisent également la tenue de toutes les réunions publiques, y compris les rencontres sportives. Le lendemain, on interdit aux civils, à l'exception de ceux ayant une autorisation officielle, de sortir dans la rue entre 3 heures de l'après-midi et minuit[3].
Les exécutions d'anciens communistes passés à la collaboration ou de personnalités considérées comme « traîtres au parti » ont aussi été nombreuses. On peut notamment citer :
Marcel Gitton, ancien numéro 3 dans la hiérarchie du parti avant la guerre, critique véhément de celui-ci, de l'Union soviétique et du Komintern après la défaite de juin 1940 et devenu secrétaire général du POPF, tué le 5 septembre 1941[4],[5] ;
Après la Libération, le Parti communiste français désavoue officiellement l'action du groupe Valmy : la commission politique de contrôle mise en place préconise des exclusions ou suspensions.
En 1949, Marcel Servin revient sur l'exécution de Mathilde Dardant, et rend un rapport interne sévère vis-à-vis de Jacques Duclos ; ce rapport n'aura cependant pas de suites.
Les historiens Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, avec la découverte et le dépouillement d'archives totalement inédites de la police française, dénoncent en 2007 "l'existence de cette « Guépéou » du Parti"[8].
Mouvement Valmy
Le détachement Valmy et le groupe Valmy ne doivent pas être confondus avec le mouvement du même nom créé par Raymond Burgard, résistant de la première heure qui fonde, avec Jules Bellaz, Paulin Bertrand, Alcide Morel, Henri Féréol, Maurice Lacroix et André Vellay, un mouvement de résistance du même nom, le 21 septembre 1940[9]. Ils sont tous issus du parti catholique de gauche Jeune République. En janvier 1941 paraît le premier numéro de leur journal clandestin baptisé également Valmy. Ils se fixaient comme objectif de sauver la démocratie et contester l’occupation du pays[10].
Notes et références
↑(en) David Drake, Paris at War: 1939-1944, Harvard University Press, 2015, 585 p., n. p. (livre électronique Google) : « From the summer of 1942, the Valmy Detachment, working along with the newly formed Francs-tireurs et partisans français (French Sharpshooters and Partisans), commonly known as the FTP, carried out attacks on German soldiers and property. [...] Between the end of July and the end of September, the Valmy Detachment carried out at least fifteen anti-German actions in the Paris area. On September 8 they exploded a bomb in the cinema Garenne-Palace, killing a German soldier and wounding four others; two days later a grenade was thrown at a detachment of the Wehrmacht in the rue d'Hautpoul in the 19th arrondissement, injuring nine soldiers; and on September 16 a bomb exploded in the huge Rex Cinema in the centre of the city, injuring five soldiers. »
↑(en) Matthew Cobb, The Resistance: The French Fight Against the Nazis, Simon and Schuster, 2009, 416 p., n. p. (livre numérique Google) : « Some of these weapons were employed in operations by an elite PCF hit squad made up of ultra-loyal party members, called the détachement Valmy [...] In the morning of 10 September 1942 the détachement carried out two Mills grenade attack on German soldiers in Paris. Forensic examination of the shrapnel from these and other explosions left no doubt in the Nazis' minds: the Communists were being supplied with British weapons. »
↑David Drake, Paris at War: 1939-1944], op. cit. (livre électronique Google) : « "Valmy" raised its head in a different context when Oberg's security agents intercepted Communist leaflets calling for demonstrations in Paris and the suburbs on September 20: the anniversary of the Battle of Valmy in 1792 when revolutionary French forces defeated the Prussians. The Germans were nervous enough about what might happen to impose draconian restrictions on all Parisians. The authorities again ordered the closure of all theatres, cinemas, cabarets, and other places of leisure used by residents between 3 P.M. and midnight on September 19 in the Seine, Seine-et-Oise, and Seine-et-Marne departments; they also imposed a ban on all public meetings, including sports events. The following day, in the same three departments, French civilians who were not on official business were forbidden to be on the street between 3 P.M. and midnight. »
↑David Drake, Paris at War: 1939-1944], op. cit. : « The Valmy Detachment was responsible, for example, for the assassination in September 1941 of Marcel Gitton, who had been number three in the party's hierarchy before the war. After the defeat of June 1940, Gitton became an outspoken critic of the PCF, the Soviet Union, and the Comintern. »
↑Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre : Histoire sociale, culturelle et politique, 1930-1983, Mont-Saint-Aignan, Publications des universités de Rouen et du Havre, , 785 p. (ISBN978-2-87775-475-0, lire en ligne), p. 138, citant Berlière et Liaigre 2007.