Ces produits sont apparus sur le marché dès 1930 pour le zirame, dès 1937 pour le thirame et un peu plus tardivement pour le zinèbe (1943), le manèbe (1950) et le mancozèbe (1961).
Familles ( source : ACTA 1975[3], et ENGST et al.[4] pour les DL 50.)
Dérivés de l'acide dithiocarbamique :
di-méthyl-dithiocarbamate de fer (ferbame - DL50 pour le rat : 7 500mg·kg-1)
di-méthyl-dithiocarbamate de zinc (zirame - DL50 pour le rat : 500mg·kg-1)
di-méthyl-dithiocarbamate de mercure (composés mercuriels inorganiques (POP) très toxiques[5])
éthylène-bis-dithiocarbamate de sodium (nabame - DL50 pour le rat : 395mg·kg-1)
éthylène-bis-dithiocarbamate de zinc (zinèbe - DL50 pour le rat : 5 200mg·kg-1)
éthylène-bis-dithiocarbamate de manganèse et de zinc (manèbe - DL50 pour le rat : 5000 à 7 500mg·kg-1 selon les produits testés)
éthylène-bis-dithiocarbamate de manganèse et de zinc (mancopper)
éthylène-bis-dithiocarbamate de zinc (mancozèbe - DL50 pour le rat : 8 000mg·kg-1)
propylène-bis-dithiocarbamate de zinc (propinèbe - DL50 pour le rat : 14 000mg·kg-1)
Ces produits sont utilisés (soumis à réglementation) :
comme chélateur (par exemple pour capter le cadmium en cas d'intoxication aiguë par du cadmium) mais avec l'inconvénient de transporter ce métal toxique vers le cerveau)[6]
comme pesticide ; fongicides, notamment pour les cultures maraîchères, céréales, arbres fruitiers, vignes, etc. y compris en zones humides, par exemple pour les cressicultures non-bio...)
comme molécule de base pour la synthèse organique d'herbicides
Ils se décomposent lentement lorsqu'exposés à la chaleur et à la lumière, mais en produisant éventuellement des métabolites toxiques[7].
(À des taux élevés, le sulfure de carbone peut être mortel via son action sur le système nerveux)
Législation
Les dithiocarbamates, en raison de leur toxicité pourraient être retirés du marché européen (mancozèbe, manèbe, metirame..)[8].
La teneur maximale autorisée en résidus de dithiocarbamate, exprimés en CS2, dans les céréales est de 2mg·kg-1 pour l'orge et l'avoine, 1mg·kg-1 pour le blé. Ils sont interdits pour les autres céréales[9].
Toxicologie
La toxicité de cette famille de produits varie selon le composé (plus son poids moléculaire est élevé et plus il contient de noyaux benzéniques, plus il est toxique[10])et d'éventuelles synergies avec par exemple des métaux lourds. Elle est connue depuis les années 1960 au moins et on savait également doser ces molécules assez précisément à cette époque[11]
Ce sont des produits dont la solubilité dans l'eau varie ; Le mancozèbe et le manèbe le sont très peu, le zinèbe et le thirame le sont plus (10mg·l-1 à une température de 20 °C et plus au-delà) (Martin Hubert, 1971.), Ils s'adsorbent facilement sur la matière organique et peuvent persister plusieurs semaines ainsi[12].
Produits de dégradation (toxiques et apparaissant plus vite quand la température et l'humidité augmentent selon ENGST et SCHNAAK (1974) :
EBIS (Éthylène—Bs—IsothiocyanateSulfide)
ETU (Éthylène—Thio—Urea)
Ces produits peuvent apparaitre dans le bidon avant utilisation (jusqu'à 14 % d'ETU trouvé par BONTOYAN W.R. et LOOKER J.B. (1973) dans des formules commercialisées.
Écotoxicologie
Cette famille de produit est toxique pour de nombreux animaux, dont les invertébrés aquatiques[13], de même que ses métabolites (selon des tests fait par exemple sur le CiliéTetrahymena pyriformis[14]. Ces ciliés transforment le produit (bioconversion) en métabolites autant ou plus toxiques que la molécule mère (Fongicide Thirame en l'occurrence).
Le produit utilisé sur le cresson a des effets toxiques sur les poissons qui les concentrent au moins dans le foie et les reins (engourdissements puis mortalités importantes dans des piscicultures situées en aval de cressicultures)[15].
Selon BARBIER B. et CHAMP P.(1975), d'après des tests de court terme sur le vairon (Phoxinus phoxinus L.) exposé à du THIRAME, ZINEBE, MANEBE, MANCOZEBE., ces 4 produits se sont avérés très toxiques ; surtout le THIRAME avec une CL50 96 h de 0,0159.
Un effet perturbateur endocrinien semble possible : des cailles intoxiquées par du thirame (elles y sont exposées via le traitement de semences) ont présenté des troubles de la reproduction (avec atteinte testiculaire chez le mâle et un inhibition de la ponte chez la femelle. Ces troubles étaient réversibles[17].
Notes et références
↑Hans-Wilhelm Engels et al., Rubber, 4. Chemicals and Additives in Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry, 2007, Wiley-VCH, Weinheim. DOI10.1002/14356007.a23_365.pub2
↑ N. Segovia & al. ; In vitro toxicity of several dithiocarbamates and structure-activity relationships ; Journal of Applied Toxicology Volume 22, Issue 6, Pages353 - 357 Ed : John Wiley & Sons Voir
↑Répression des fraudes 1968. Méthodes officielles de recherche des résidus de
pesticides. J.O. Brochure n° 68 — 191
↑études de MESHEIM et LINN (1968) sur le Thirame (cité par GORING Clève A . l . et HAMAKER J.W., 1972)
↑ Jacqueline Seugé & Roger Bluzat ; toxicité aiguë d'un fongicide dithiocarbamate, le thirame, chez des larves de l'éphémère Cloeon dipterum : effets de divers paramètres ; Hydrobiologia ; Éd : Springer Netherlands ; (ISSN0018-8158) (Print) (ISSN1573-5117) ; juillet 2006 (Online)Voir
↑R. BELAMIE, D. LINTIGNAT, D. RIDET and O. GARAT , Propriétés générales et toxicité à l'égard des poissons de certains fongicides utilisés dans les cressonnières ; Bull. Fr. Piscic. (1977) 266 : 1-10 ; DOI:10.1051/kmae:1977003, 1977 Voir
↑Danielsson, B. R., Oskarsson, A., & Dencker, L. (1984). Placental transfer and fetal distribution of lead in mice after treatment with dithiocarbamates. Archives of toxicology, 55(1), 27-33.
↑ LORGUE G., DELATOUR P., COURTOT D., GASTELLU J., MACKOWIAK M., 1975. Étude sur la caille des effets toxiques du Thirame, fongicide du groupe des dithiocarbamates. Revue Méd. Vét. 126 (3) : 365 — 381.