Le cercle poétique fut lancé officiellement le en présence des poètes Paul Heyse et Julius Grosse. C'est Felix Dahn qui aurait trouvé le nom des « Crocodiles », peut-être en raison de la parution de poésies sur le thème animalier des crocodiles par les auteurs Emanuel Geibel et Hermann Lingg, notamment celui de Lingg appelé « Das Krokodil von Singapur ».
Das Krokodil von Singapur
Im heil'gen Teich zu Singapur
Da liegt ein altes Krokodil
Von äußerst grämlicher Natur
Und kaut an einem Lotusstil.
Es ist ganz alt und völlig blind,
Und wenn es einmal friert des Nachts,
So weint es wie ein kleines Kind,
Doch wenn ein schöner Tag ist, lacht's.
Le Crocodile de Singapour
Dans l'étang sacré de Singapour
Vit un vieux crocodile
De caractère extrêmement morose
Et mâche une tige de lotus.
Il est très vieux et complètement aveugle,
Et quand la nuit est glaciale,
Il pleure comme un petit enfant,
Mais quand la journée est belle, il rit.
« Le caractère sublime de cet amphibien nous a semblé un exemple admirable de poètes idéalistes, et nous espérons que dans notre « cercle sacré » nous devrions être en mesure de nous armer contre ce monde prosaïque, comme nous l'avons toujours fait, ne rien garder, sauf peut-être les changements de température. » (Paul Heyse, Bekenntnisse und Jugenderinnerungen)
Les poètes se trouvèrent tous un pseudonyme. Geibel, par exemple, était surnommé « Urkrokodil ».
Le cercle Die Krokodile se distingue de la Jeune-Allemagne par son attitude résolument apolitique. « Les Crocodiles » préfèrent voir la poésie comme un art sacré et presque pur, dans l'esprit de leurs prédécesseurs antiques, médiévaux, et certains orientaux.
Après la mort de Maximilien II de Bavière en 1864, Die Krokodile avait perdu son principal soutien et subit une certaine désaffection publique. Une tentative de produire une anthologie en 1866 a été un échec. Le cercle a continué d'exister surtout comme un club social.