La démographie du Pakistan est vigoureuse depuis la création du pays en 1947. La population connait une forte croissance, malgré une baisse progressive de sa fécondité. Avec plus de 241 millions d’habitants en 2023, le Pakistan est le sixième pays le plus peuplé du monde[13].
D'après l'Institut national d'études démographiques (INED), avec 31 ‰, le taux de natalité reste soutenu et supérieur à celui de son voisin indien (24 ‰), tandis que le taux d'accroissement naturel atteint 2,3 % annuellement, soit près de trois millions de personnes supplémentaires par an. Engagé dans une transition démographique progressive, le taux de natalité du pays baisse régulièrement mais le pays pourrait compter 340 millions d'habitants d'ici 2050.
Le pays présente une importante diversité ethnique et linguistique, deux éléments souvent liés. Le pays est toutefois relativement dominé par les Pendjabis qui comptent pour près de la moitié de la population depuis la sécession du Bangladesh en 1971. Les Sindis forment historiquement le deuxième groupe ethnique mais les Pachtounes les ont depuis dépassés. Les Saraikis, Muhadjirs et Baloutches forment les autres groupes importants.
Historique
Démographie et démocratie
Le Pakistan a conduit sept recensements depuis sa création en 1947. Le premier a été mené en 1951 et établissait la population du pays à 75 millions d'habitants, dont 42 millions au Pakistan oriental qui a depuis fait sécession. Les suivants ont eu lieu en 1961, 1972, 1981, respectant le caractère décanal de l'étude à l'exception de la troisième vague, en raison de la troisième guerre indo-pakistanaise, puis en 1998, 2017[14] et 2023.
Selon le recensement de 2023, quelque 241,49 millions de personnes vivent au Pakistan. Depuis le dernier recensement en 2017, la population a augmenté de près de 35 millions de personnes, selon les statistiques gouvernementales. Le Premier ministre constate que la croissance démographique est bien supérieure à la croissance économique du pays[13].
Enjeux ethniques
En 1998, le cinquième recensement est mené avec sept années de retard, en raison de l'instabilité politique et de la détérioration des relations entre les différentes communautés ethnolinguistiques. En effet, le recensement est un sujet sensible à divers titres. D'abord, c'est sur cette base qu'est établit le nombre de députés représentant chaque district, et les partis politiques qui ont souvent une implantation très locale sont tentés de faire augmenter la population recensée au maximum afin d'améliorer leur représentation à l'Assemblée nationale. Deuxièmement, ces recensements font apparaitre les nouveaux rapports de force entre les différentes communautés ethnolinguistiques, et peuvent montrer des émergences et des déclins d'influence. Ces conflits communautaires renvoient d'ailleurs souvent à des conflits politiques, chaque groupe étant souvent représenté par des partis différents.
Le dernier recensement a été mené en 2017, avec six années de retard, pour les mêmes raisons. Une première étude avaient été menée en 2012, mais ses résultats très contestés ont été annulés. Le gouvernement de l'époque du Parti du peuple pakistanais avait été accusé de surestimer son principal fief électoral, le Sind. À l'inverse, les représentants de la province accusent le recensement de 2017 de sous-estimer le Sind et notamment sa capitale Karachi[16],[17].
Données démographiques
Recensements nationaux
Croissance annuelle moyenne de la population entre 1998 et 2017 par district.
Les autorités pakistanaises ont conduit six études successives depuis l'indépendance. Les données concernant le Pakistan oriental ont été rétroactivement retirées pour les recensements de 1951 et 1961. De plus, l'Azad Cachemire et le Gilgit-Baltistan ne sont pas pris en compte[18].
Campagne de vaccination contre la tuberculose à Muzaffarabad.
La croissance démographique du Pakistan s'explique autant par l'important nombre de naissances que par la chute rapide de la mortalité, qui passe de 27 pour mille au début des années 1950 à 7 pour mille vers la fin des années 2010[19]. L'amélioration de l'accès à la santé permet notamment une chute notable de la mortalité infantile et de certaines maladies comme la polio, la tuberculose ou le paludisme grâce à des campagnes de vaccinations. L’espérance de vie est passée de 37 ans peu après l'indépendance du pays en 1947 à 66 ans en 2015.
Projection
En 2007, l'Institut national d'études démographiques avait prévu que la population du pays atteindra 228,8 millions d'habitants en 2025[22], soit une soixantaine de millions de plus qu'en 2007, ce qui implique une poursuite de la baisse de la fécondité du pays.
Selon l'ONU, la population du pays devrait atteindre 263 millions d'habitants en 2030 et 338 millions en 2050 puis culminer à 405 millions en 2095 avant de baisser[23].
Distribution de la population
Carte de la densité de population au Pakistan.
La population pakistanaise est particulièrement inégalement repartie sur le territoire. La vaste majorité de la population se concentre dans la vallée de l'Indus. Avec ses terres irriguées et fertiles, la province du Pendjab est la plus peuplée, concentrant près de la moitié de la population du pays, surtout dans sa partie nord qui compte quatre des cinq plus grandes villes du pays.
La province du Sind a pour capitale la ville la plus peuplée du pays, Karachi, mégapole portuaire à la croissance démographique fulgurante et qui abrite la population la plus cosmopolite. À l'inverse, la province du Baloutchistan et le Gilgit-Baltistan sont très peu peuplés.
En 2023, le Pendjab demeure la province la plus peuplée avec 127,68 millions d'habitants. Le Baloutchistan, la province la plus instable du pays, montre le taux de croissance le plus élevé, soit 3,2 % (contre une moyenne nationale de 2,55%).
Le Pakistan compte une importante diversité ethnique et linguistique, la langue maternelle étant par ailleurs souvent liée au groupe ethnique. Le pays est toutefois relativement dominé par les Pendjabis qui comptent pour près de la moitié de la population (48 %) depuis la sécession du Bangladesh en 1971. Les Sindis ont longtemps formé le deuxième groupe ethnique jusqu'à être dépassé par les Pachtounes, les deux groupes formant près de 15 % de la population chacun en 2017. Les Saraikis (8 %), les Muhadjirs (7 %) et les Baloutches (4 %) forment les autres groupes importants[24].
Le pays compte toutefois de nombreux groupes ethniques et linguistiques très minoritaires, avec par exemple des langues comme l'hindko, le brahoui ou le bourouchaski. Le pays compte aussi près de cinq millions d'immigrants sans papiers, surtout des Afghans et Bangladais[25].
↑Le taux de variation de la population 2018 correspond à la somme du solde naturel 2018 et du solde migratoire 2018 divisée par la population au 1er janvier 2018.
↑L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) pour 2020 est la somme des taux de fécondité par âge observés en 2020. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d'enfants qu'aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés en 2020. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de 2020.
↑Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre d'enfants décédés à moins d'un an et l'ensemble des enfants nés vivants.
↑L'espérance de vie à la naissance en 2018 est égale à la durée de vie moyenne d'une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de 2018. C'est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de 2018.
↑L'âge médian est l'âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune et l'autre moitié est plus âgée.