Il s'agit d'un des crus les plus prestigieux du vignoble de la vallée du Rhône, à l'extrémité septentrionale de la vallée, bénéficiant d'une orientation sud/sud-est. Les vignobles sont caractérisés par des sols en pente et des murs en pierre. Le nom « Côte-Rôtie » renvoie à l'exposition dont bénéficient ces sols en pente.
Le côte-rôtie est composée de syrah, et possiblement jusqu'à 20 % de viognier, qui sont fermentés tous deux simultanément.
Mais c'est du VIe siècle que datent les premières chartes concernant Ampuis son vignoble[3].
Moyen Âge
La réputation des vins d'Ampuis, tout au cours du Moyen Âge, est cantonnée à Lyon qui absorbe sa production. La Renaissance permit d'accroître la renommée de ces vins vers d'autres provinces ainsi que vers les tables princières d'Angleterre, de Russie, de Prusse[3].
Période moderne
C'est à l'époque du seigneur de Maugiron que le château d'Ampuis a été le lieu d'une première gastronomique. En effet, c'est en 1553 que furent servis à des convives de curieux et énormes volatiles : les premiers dindons jamais servis en France. Les vins dégustés provenaient de deux terroirs, la côte blonde et la côte brune. Selon la légende le seigneur Maugiron qui possédait la Côte Rôtie, avait partagé son domaine pour doter ses deux filles lors de leur mariage. L'une était blonde comme les blés et l'autre était brune comme le jais.
Période contemporaine
Au début du XIXe siècle, les vignes s'étendaient sur 300 hectares et produisaient un vin de grande réputation. Le vignoble atteignit son apogée en 1890. Toutes les terrasses orientées vers le midi étaient cultivées. Ce qui contraignait les vignerons à emprunter des sentiers fort étroits et pénibles[3].
La crise du phylloxera, puis les deux guerres mondiales aboutirent presque à la disparition du vignoble, puisque dans les années 1950, seulement 40 hectares étaient exploités. Les hommes d'alors préféraient aller travailler dans l'industrie renaissante ou travailler la culture maraîchère ou fruitière, alors beaucoup plus rentable[3]. Selon le producteur Jean-Michel Gerin : « Dans les années 1960, un kilogramme d'abricot se vendait plus cher qu'un litre de vin ».
Dans les années 1970, une nouvelle génération de vignerons mise à nouveau sur le travail de la vigne et sur la qualité. Durant les années 1980 et 1990, les parcelles sont restructurées et de nouvelles parcelles sont replantées en ceps. Cette renaissance a pu se faire aussi en partie grâce à un coût de la terre qui était alors très bas : au début des années 1980, le prix de la vigne se situait dans le secteur à l'équivalent d'un euro le m². Le plus difficile finalement était de retrouver les propriétaires de terres extrêmement morcelées. Ces nouveaux vignerons ont dû aussi investir dans des bâtiments, dans des équipements et dans les réseaux de distributions et un syndicat de Côte-Rôtie a été créé pour fédérer leurs efforts. Le marché aux vins d'Ampuis qui chaque année reçoit plus de 12 000 visiteurs en janvier a été fondé en 1928.
Depuis 2012, ce vignoble fait partie du label Vignobles & découvertes, visant à promouvoir les destinations œnotouristiques en France.
Étymologie
Plus que Côte-Rôtie, qui ne pose aucun problème étymologique, c'est Ampuis, le centre de ce vignoble, qui apporte des indications sur ses origines. Comme pour Ampus, la forme la plus ancienne est Impuris, attestée en 990/997. Ce toponyme suggère le nom latin emporium, dérivé du grec emporion, qui nommait des comptoirs de négoce installés en terre ennemie[4].
Situation géographique
Situé à 30 km au sud de Lyon, le vignoble s'étend sur trois communes du Rhône et sur 3 kilomètres de long.
Orographie
Les vignes sont orientées sud-est et installées à flanc de coteaux sur des terrasses caillouteuses, les « chayets », « chaillés » ou « chaillets », soutenues par des « cheys », murets de pierres à la patine brune. Le terroir est divisé en plusieurs secteurs, dont deux célèbres séparés par un ruisseau : la Côte Brune au nord d’Ampuis, et la Côte Blonde, au sud, dont la légende veut que les noms proviennent des deux filles héritières du noble Maugiron dont l’une était brune et l’autre blonde.
Géologie
Le terroir est composé d’un socle de micaschiste recouvert ponctuellement par des éboulis. Le sol qui le recouvre est dur, acide, composé essentiellement de pierres avec un léger couvert sableux et granuleux.
Climatologie
Ce terroir viticole est exposé plein sud avec des étés chauds et ensoleillés, des automnes doux et une pluviométrie bien étalée mais avec des hivers rigoureux, où la sensation de froid est renforcée par la bise. Son climat est de type semi-continental avec des influences méditerranéennes, la température moyenne annuelle a été, entre 1920 et 2008, de 11,7 °C avec un minimum de 2,8 °C en janvier et un maximum de 21 °C en juillet[5]. La température minimale y a été de -24,6 °C le et la plus élevée de 40,4 °C le [6].
L'ensoleillement y est de 1 976 heures par an en moyenne, soit environ 164 jours par an[7]. Les hivers sont relativement secs, et dépourvus de neige en plaine (toutefois de fortes précipitations ne sont pas exclues). Les frimas sont courants et les températures varient généralement d'une dizaine de degrés au plus pendant la journée. Les étés sont généralement chauds et secs : l'amplitude des températures en journée atteint parfois une vingtaine de degrés, et les températures maximales dépassent parfois les 35°. Le mois d'août est parfois frais et pluvieux (2006 et 2007) avec quelques orages et une légère brise qui disperse les polluants de l'air. Les mois d'août 2003 et 2009 étant au contraire très chauds et secs avec respectivement 33° et 30° de température maximale en moyenne. Le mistral souffle souvent, dû à la compression de l'air dans le sillon rhodanien.
Source : Le climat dans la région lyonnaise (en °C et mm, moyennes mensuelles 1920/2008 et records depuis 1920)[1]
Vignoble
Présentation
L'AOC Côte-Rôtie s'étend sur trois communes qui compte 73 lieux-dits classés[8] : Saint-Cyr-sur-le-Rhône avec ses 12 lieux-dits classés, Ampuis avec ses 48 lieux-dits et Tupin-et-Semons.
Vue sur la partie septentrionale du vignoble
Terrasses en hiver
Parcelles du vignoble à Ampuis
Parcelles du vignoble de la Côte-Blonde
Lieux-dits
Plus que dans d'autres terroirs des côtes-du-rhône, les lieux-dits ont ici une importance plus que séculaire. En voici une liste non exhaustive, certains sont cadastrés, d'autres non[9].
Les Grandes Places.
Lancement
Côte Rozier.
Côte Blonde.
Côte Brune.
Chavaroche.
La Landonne.
Fongeant.
Le Plomb.
La Viallière.
Encépagement
Le vignoble est complanté de syrah N (minimum 80 %) et de viognier B.
Comparaison de l'encépagement de l'AOC Côte-Rôtie avec les autres appellations locales des côtes-du-rhône septentrionales
Dans les décrets d'appellation, une division est faite entre le cépages principaux (indiqué par "M"), les variétés supplémentaires (indiqué par "S") et celles autorisées (indiqué par "(A)").
Ses 230 hectares produisent 8 000 hectolitres de vin rouge pour un rendement de 40 hl/ha. Les côtes sont si escarpées que certaines terrasses n’ont pas plus de six pieds de vigne.
Vinification et élevage
Pour l'élaboration de ce vin, la syrah est majoritaire mais on peut lui adjoindre entre 0 et 20 % de viognier, on parle alors de co-fermentation si les deux cépages sont fermentés ensemble.
Les producteurs le font généralement vieillir d'un an à trois ans avant de le commercialiser, le cahier des charges ne stipulant rien à ce propos.
Terroir et vins
Son vignoble s’étend sur un terroir d’exception qui est composé, au nord, des terrasses de micaschistes de la Côte Brune et, à l’extrême sud, de gneiss ou granite pour la Côte Blonde. La « brune » a la réputation de produire un vin plus tendre et la « blonde », un vin plus vivace.
Le côte rôtie se présente dans sa jeunesse dans une robe d’un grenat profond, frangé de reflets violacés.
L’agitation révèle un nez qui dégage des arômes de fruits rouges et noirs avec des dominantes de cassis, de groseille, de framboise jointes à des pointes d’épices et de violette. Il évolue ensuite vers des parfums de vanille, le cuir, les fruits à noyau, le musc et la truffe. Doté d’une bouche ronde, soyeuse et tendre à l’attaque, ce vin très harmonieux est d’une grande élégance. Il se caractérise par une considérable amplitude aromatique avec des tanins d’une structure très fine et remarquablement fondus. Plusieurs producteurs vinifient en vendange entière, qui demandent plus de temps avant d'être dégustés.
Le côte rôtie est un vin de longue garde qui s’épanouit vers 15 ans et peut atteindre son apogée bien après.
Structure des exploitations
Bien que certains domaines existent depuis plusieurs générations, les exploitations aujourd'hui uniquement viticoles étaient dans les années 1970 portées sur le maraîchage, la vigne étant une activité secondaire.
Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle , grande année , bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.
Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.
Œnotourisme
L'oenotourisme est encore peu développé dans la région, elle bénéficie cependant des visiteurs du tourisme lyonnais.
Le « Marché aux vins d'Ampuis » est un salon annuel promouvant principalement les vins de côte-rôtie, 40 exposants présentent leurs vins au public et aux professionnels durant 4 jours. Il se déroule sur la commune d'Ampuis et a attiré 15 000 visiteurs en 2018[19].
↑Pierre Bessemoulin, Nicole Bourdette, Philippe Courtier et Jacques Manach, « La canicule d'août 2003 en France et en Europe », La Météorologie, no 46, , p. 25-33 (lire en ligne [PDF])
↑Marcel Guigal, fondateur des Établissements Guigal, propriétaires des crus La Turque, La Mouline et La Landonne, considérés comme faisant partie des plus grands vins du monde.
↑« Euphorie à Ampuis à l’occasion du marché aux vins », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le )