Le Commandement SS du camp de concentration d'Auschwitz est l'ensemble des unités, services et administrations SS qui gérèrent et administrèrent le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau-Monowitz durant la Seconde Guerre mondiale. Il ne comprend pas l'ensemble des personnes ayant travaillé à Auschwitz à cette période mais uniquement celles qui y ont exercé des responsabilités hiérarchiques. En raison de l'étendue de la chaîne de commandement et de son rôle clef dans le programme génocidaire nazi, le personnel dirigeant du camp de concentration d'Auschwitz englobe des personnes issues de différents services de la SS, certaines d'entre elles détenant des parcelles de responsabilité partagée.
De la construction du camp en 1940 jusqu'à sa libération par l'Armée rouge en , il y eut plus de 7 000 SS impliqués dans le fonctionnement du camp. Moins de 800 furent jugés pour crime de guerre, les plus notables de ces jugements étant ceux du commandant du camp, Rudolf Höss et celui de 40 d'entre eux, lors du procès d'Auschwitz, à Cracovie, en 1947.
Haut commandement du camp
Le commandant suprême de la SS, le Reichsführer-SSHeinrich Himmler, incarne le sommet de la chaîne de commandement. Il connaissait de manière précise le fonctionnement d'Auschwitz. Il adressait directement ses ordres au commandant du camp, court-circuitant toutes les autres chaînes de commandement. Himmler recevait également des instructions générales de la part d'Adolf Hitler ou d'Hermann Göring qu'il interprétait en fonction de son jugement et transmettait au commandant du camp d'Auschwitz.
En plus de cette chaîne directe de commandement, la situation géographique d'Auschwitz plaçait certains approvisionnements et fonctions en temps de guerre sous l'autorité de responsables SS régionaux et de leader du Parti nazi. Dès sa construction, Auschwitz était situé dans la juridiction du tout récent Gouvernement général de Pologne sous le contrôle du ReichsleiterHans Frank. Avant qu'Auschwitz ne devienne un camp de la mort, Frank en délaissa pour ainsi dire la gestion à la SS bien qu'il fût au courant de son existence puisqu'il était placé sous son autorité régionale.
Simultanément, l'ensemble des activités SS à Auschwitz étaient placées sous l'autorité du Höherer der SS und Polizeiführer, (le chef supérieur de la SS et de sa police) pour l'Est, qui, durant la presque totalité de la durée d'existence d'Auschwitz, fut Friedrich-Wilhelm Krüger. Wilhelm Koppe endossera cette fonction de la toute fin 1943 jusqu'à . Le subalterne de Krüger, le responsable de la police SS de Cracovie était également techniquement l'un des responsables de la ligne hiérarchique susceptible d'adresser des ordres à Auschwitz imposés par des nécessités en temps de guerre.
À partir de 1942, le territoire d'Auschwitz est absorbé par l'État allemand de la Haute-Silésie et par voie de conséquence, placé sous l'autorité du Gauleiter. Durant plus de la moitié de l'existence du camp, cette fonction était tenue par Karl Hanke qui visita le camp et disposait de connaissances pointues sur son fonctionnement. Durant toute cette période, le commandement SS de la région resta inchangé si ce n'est le fait que désormais Auschwitz dépendra également de la division de l'Allgemeine-SS: la SS-Oberabschnitt Südost(en). La 23rd SS-Standarte(en), homologue de la Waffen-SS dans la région, comportait également des effectifs casernés à Auschwitz.
De même que le camp impliquait des ressorts locaux, le transport des Juifs à travers l'Europe impliquait la participation du Reichssicherheitshauptamt ou RSHA. Et Reinhard Heydrich et, plus tard, Ernst Kaltenbrunner furent régulièrement informés des activités liées à Auschwitz par Adolf Eichmann affecté à la tête du RSHA Referat IV B4 (RSHA sous-Département IV-B4) qui s'occupait de la déportation des Juifs vers Auschwitz et qui, à ce titre, visita plusieurs fois le camp[1].
Un dernier groupe avait partie liée avec le fonctionnement d'Auschwitz, il s'agissait des différents ministères allemands concernés par la production de guerre, le travail obligatoire et la main d'œuvre. Durant le Procès de Nuremberg, une grande importance fut accordée au fait de savoir dans quelle mesure, le gouvernement civil de l'Allemagne nazie était au courant de la solution finale. Cette main d'œuvre était en effet d'une importance capitale pour des entreprises comme IG Farben. Fritz Sauckel et Albert Speer furent ainsi directement accusés de détenir des informations précises sur le fonctionnement d'Auschwitz même si les deux dénièrent formellement avoir connaissance du programme génocidaire[2].
Le commandant du camp d'Auschwitz, tout comme les officiers du camp étaient tous membres de la SS-Totenkopfverbande ou SS-TV. En vertu d'une directive émanant du SS Personalhauptamt(en), les membres du SS-TV étaient également réputés être membres de la Waffen-SS. À ce titre, ils furent par la suite autorisés à arborer la tête de mort au revers de leur col signalant leur pleine appartenance et aux SS-TV et aux Waffen-SS.[réf. nécessaire].
Au commandant du camp était adjoint un personnel administratif complet d'officiers qui dépendaient d'un adjudant principal et de plusieurs autres officiers SS chargés des fournitures, des finances et d'autres impératifs administratifs.
La plupart des membres du personnel administratif et du personnel SS suppléant d'Auschwitz était affectée au quartier général d'Auschwitz I. Nombre d'entre eux étaient membres de la Waffen-SS mais pas de la SS-TV et à ce titre, étaient maintenus à l'écart des activités génocidaires du camp. Oskar Gröning est ainsi l'un des employés de bureau les plus connus pour avoir témoigné à propos de la vie des SS à l'intérieur du camp et souligné combien la vie était une expérience agréable pour ceux-ci[3].
La direction interne du camp était placée sous l'autorité directe des membres de la SS-TV dépendant du commandant de camp par l'intermédiaire des officiers ayant le titre de Lagerführers. À chacun des trois principaux camps d'Auschwitz étaient en effet assignés trois Lagerführers auxquels répondaient plusieurs sous-officiers SS : les rapportführers, chacun des Rapportführers commandant plusieurs Blockführer qui réglaient l'ordre au sein de chacun des baraquements. Dans cette tâche, les SS étaient assistés par un large effectif de kapos choisis parmi les prisonniers.
La sécurité extérieure du camp était sous l'autorité d'une unité SS connue sous le nom de Wachbattalion (bataillon de la garde). Cette garde occupait les miradors et effectuait des rondes dans le périmètre de défense du camp. En cas d'alerte, comme lors de l’insurrection de prisonniers, le bataillon pouvait être déployé à l'intérieur du camp. Le bataillon était organisé de manière militaire avec un commandant de bataillon, des chefs de compagnie, et des chefs de peloton. Il comportait également des sous-officiers SS. La garde du camp était composée soit de Waffen-SS, soit de SS-TV vétérans en rotation interne due à des blessures ou pour des motifs administratifs.
Contrairement aux stéréotypes véhiculés, les membres de la garde du camp n'avaient pour ainsi dire pas de contact avec les prisonniers du camp. Les rares exceptions furent dictées par des soulèvements ou des évasions, parmi lesquels, la révolte des crématoires en 1944 dépeinte dans le film The Grey Zone et durant laquelle la garde pénétra dans le camp et fit feu sur les insurgés.
Auschwitz hébergeait son propre corps médical sous la direction d'Eduard Wirths dont les médecins et les membres du personnel étaient d'horizons divers au sein de la SS. Le tristement célèbre, Josef Mengele, était ainsi un médecin militaire au sein de la Waffen-SS avant d'être transféré à Auschwitz à la suite d'une blessure au combat.
Ce sont les membres de cette section qui étaient chargés de déverser le Zyklon B dans les chambres à gaz. Ils circulaient en ambulance de la croix rouge[5].
Autres catégories de personnels impliqués dans le génocide
Le personnel SS affecté aux chambres à gaz était, techniquement, sous la même chaîne de commandement que le personnel SS interne au camp, Dans la pratique, toutefois, ils vivaient séparément sur le site des crématoires. Ils étaient en général 4 par chambre à gaz sous la conduite d'un sous-officier qui supervisait environ une centaine de prisonniers juifs (connus sous le nom de Sonderkommandos) forcés de les assister dans le processus d'extermination.
↑Lumsden, Robin (2001), A Collector's Guide To: The Allgemeine – SS, p. 84
↑"Nuremberg Trial Transcripts", One Hundred and Sixtieth Day (Friday, June 21, 1946), Part 1 of 12 (Testimony and Examination of Albert Speer).
↑"Auschwitz: Inside the Nazi State", PBS (2004-2005).
↑Höss est nommé le 8 mai 1944 commandant de toute la garnison SS d'Auschwitz jusqu'au 29 juillet 1944 in Lawrence Rees Auschwitz - les nazis et la solution finale p. 287 Albin Michel 2005.
↑"Auschwitz: A Doctor's Eyewitness Account" (DrMiklos Nyiszli).