Une coalition noire-verte (en allemand : schwarz-grüne Koalition) ou verte-noire (grün-schwarze Koalition), parfois surnommée coalition kiwi (Kiwi-Koalition) est un type de coalition gouvernementale unissant en Allemagne ou en Autriche les chrétiens-démocrates (dont la couleur traditionnelle est le noir) et les écologistes (dont la couleur est le vert). Depuis le changement d'identité visuelle du Parti populaire autrichien (ÖVP) en 2017, est évoquée la coalition turquoise-verte (türkis-grüne Koalition).
Histoire
Dès l'apparition des écologistes sur la scène politique allemande, certains éco-conservateurs ont évoqué la centralité du nouveau parti, et sa possible alliance avec les conservateurs. Le ministre-président du Bade-Würtemberg, Lothar Späth évoquait même en 1988 une certaine sympathie vis-à-vis du mouvement[1].
Ce type de coalition est d'abord apparue dans un contexte local, dans la ville de Mülheim en 1994. L'expérience n'est pas reconduite en 1999 et demeure originale. Dans les années 2000, les conseils municipaux élus à la proportionnelle se fragmentent de plus en plus devant les succès de partis locaux qui concurrencent souvent la droite et leurs alliés libéraux, mais aussi la scission entre SPD et Die Linke depuis 2005, qui désunit le traditionnel bloc de gauche, auquel appartiennent les écologistes[2].
La nécessité de dégager des majorités stables pour gouverner les villes impose la coalition noire-verte comme une solution viable. Cette configuration qui traduit aussi la progression des écologistes au niveau politique local s'est peu à peu étendue au niveau des Länder, d'abord à Hambourg en 2008, puis en Hesse en 2014.
Les raisons pour ce type d'alliance sont uniquement allemandes :
Les élections à la proportionnelle mettent à mal la logique des blocs opposés gauche-droite. On a ainsi vu le SPD s'allier aux quatre autres grands partis (CDU, FDP, Verts, Die Linke) selon les configurations et les régions.
Les partis élus se doivent de former un gouvernement stable. L'option de provoquer une élection anticipée pour rebattre les cartes n'est utilisée qu'en dernier recours, ce fut le cas à Hambourg en 2011.
Les partis verts allemands et autrichiens sont pluralistes, mais unifiés. Leurs membres et leurs élus sont plus ou moins libéraux, plus ou moins radicaux. Les différends stratégiques donnent lieu en France à des scissions, ou en Suisse à des concurrences entre partis écologistes aux orientations économiques contraires.
↑Franz Walter: Gelb oder Grün? Bielefeld 2010, S. 95.
↑(en) Senem Aydin-Düzgit, Constructions of European Identity : Debates and Discourses on Turkey and the EU, Palgrave Macmillan, , 223 p. (ISBN978-0-230-34838-7, lire en ligne), p. 18