Le Kreutterbuch (ou Herbier), imprimé par Egenolff en 1533, est une réactualisation de l'ancien Gart der Gesundheit de Johannes de Cuba, imprimé pour la première fois en 1485 ; Eucharius Rösslin le Jeune, médecin de la ville de Francfort et fils de l'auteur du célèbre Rosegarten, s'était chargé de la mise à jour du texte[7]. Pour illustrer le livre, Egenolff avait plagié les images de plantes de l’Herbarum vivae eicones, illustré par Hans Weiditz(en) et compilé et annoté par Otto Brunfels. C'est la raison pour laquelle il fut cité, le , devant la Chambre impériale de justice (Reichskammergericht) à Spire par Johann Schott, l'éditeur strasbourgeois renommé de l'ouvrage de Brunfels, pour violation du droit d'auteur. Dans sa défense, Egenolff fit valoir, entre autres arguments, que la nature ne peut être protégée par le droit d'auteur et que les plantes étaient des modèles communs pour quelque artiste que ce soit[8].
Dans les années suivantes, Egenolff publia des ouvrages d'auteurs éminents comme Hans Sachs, Johann Eichmann (aussi connu comme Johann Dryander(de)), Sebastian Münster, Philipp Melanchthon et Sébastien Franck. Ses ouvrages étaient illustrés, entre autres, par Conrad Faber(en) et par Hans Sebald Beham et Virgil Solis, des artistes de Nuremberg. En reprenant une partie de la collection de gravures sur bois de l'imprimerie de Heinrich Steiner d'Augsbourg, Egenolff acquit, en outre, de nombreuses gravures remarquables du Maître(en) de Pétrarque, de Hans Leonhard Schäuffelin et de Hans Burgkmair. Le nombre de ses éditions de toutes sortes est très élevé : jusqu'à présent, on en a retrouvé 45 publiés à Strasbourg, 90 publiés à Marbourg et environ 430 publiés à Francfort, et il ne s'agit pas là des chiffres définitifs[1]. Ses ouvrages appartiennent à presque tous les domaines de la connaissance de l'époque.
Il mourut à Francfort-sur-le-Main et fut enterré au Peterskirchhof(de), le cimetière de l'église Saint-Pierre. À sa mort soudaine, Egenolff avait laissé une belle fortune à sa veuve : quatre maisons avec des champs et des vignobles, et une entreprise florissante dans sa grande maison, que sa veuve, Margarethe, continua probablement à gérer, conjointement avec son beau-frère Lorenz Egenolff[1], jusqu'en 1572. À partir de cette date, ses enfants reprirent les activités de l'entreprise jusqu'en 1602. Le fils de Christian Egenolff le Vieux, Christian Egenolff le Jeune (1528-1566), fut ministre de l'église Saint-Pierre à Francfort(de) de 1553 jusqu'à sa mort en 1566 mais gérait, cependant, en même temps l'imprimerie et les autres entreprises de son père, y compris la librairie[9], alors que sa fille Magdalena (Madeleine) épousa, en 1554, un de ses employés : le naturaliste, médecin et botanisteAdam Lonitzer, qui devint directeur de la firme après la mort de Christian Egenolff le Vieux et qui publia non moins de quatre éditions de l'herbier entre 1557 et 1577. La fonderie typographique revint à sa petite-fille[1] et à l'époux en premières noces de celle-ci, Jacques Sabon[9], et continua à exister en tant que société indépendante, mais sous un autre nom, jusqu'au XVIIIe siècle. L'existence de l'imprimerie des héritiers d'Egenolff, qui ne le cédait presque en rien en qualité et en quantité à la production du fondateur de l'entreprise, est encore attestée en 1605[1].
(de) Christian Egenolff : 1502 - 1555 ; ein Frankfurter Meister des frühen Buchdrucks aus Hadamar (Éd. Kulturvereinigung Hadamar), Limburg, Glaukos, 2002 (ISBN3-930428-15-6).